Les pensions de vieillesse
Elections legislatives du 2 juin 1912
Aux Electeurs
de rarrondissement de Nivelles
Le gouvernement clérical, s'inclinant devant
les ordres qui lui ont été donnés par le Congrès
catholique tenu Malines au mois de septem-
bre 1909, sous la présidenee de l'Archevêque
de Malines, assisté des évêques, a déposé sur le
bureau de la Chambre des représentants un
projet de loi scolaire, sous le prétexte fallacieux
de'sauvegarder la liberté des pères de familie,
allouant annuellement^20 MILLIONS AUX
COUVENTS.
Le dépot de ce projet de loi a provoqué dans
tout le pays une formidable émotfon. Les partis
d'opposition (libéraux et socialistes), unis dans
un même sentiment d'indignation et de révolte
improvisèrent dans les grandes villes et autres
des manifestations aussi imposantes par le
nombre colossal des adhérents que par l'ordre
remarquable dans lequel elles se produisirent.
Ces manifestations resteront inoubliables pour
ceux qui y ont assisté.
Le Roi, ému a son tour, congédia ses mi-
nistres Schollaert, Helleputte, Liebaert et De
Lantsheere qui refusaient de retirer leur projet
paree que le clergé, DONTILS SONT LES ELUS
ET SANS LEQUEL LE PARTI CATHOLIQUE
NE SERAIT RIEN, voulait maintenir et faire
voter ce projet envers et contre tout et malgré
l'opposition de la majorité des électeurs de
Belgique.
M. Schollaert, l'auteur responsable de ce
projet qui, selon toute pTobabilité, fut rédigé
a l'archevêcbé de Malines, a été remplacé,
comme chef de cabinet, par M. de Broqueville
qui vient de déclarer, dans un discours-pro-
gramme prononcé a Turnhout, qu'il reprenait
pour son compte le projet Schollaert afin de le
faire voter par les Chambres le plus prochai-
nement possible.
M. DE BROQUEVILLE A FAIT CELA A
LA VEILLE DES ÉLECTIONS, A SEULE
FIN DE RASSURER LE CLERGE SUR LES
BONNES INTENTIONS DU GOUVERNEMENT
A L'EGARD DES COUVENTS ET DANS LE
BUT DE CONSERVER AINSI L'APPUI MO
RAL DES CURÉSET DES VICAIRES DONT
IL A SI GRAND BESOIN, AUSSI BIEN QUE
L'APPUI MATERIEL DES CAISSES DIO-
CÉSAINES.
Devant cette attitude d'un gouvernement
3ui ne représente pas la majorité des électeurs
u Pays, tous les partis d'opposition ont décidé
de s'opposer par tous les moyens en leur pou-
voir a la realisation des désirs manifestés par
le clergé et les couvents, qui est de prendre an-
nuellement leur profit 20 millions dans la
doche des contribuables.
C'est en présence de ces faits que le Roi a
pris la décision de consulter le pays, et pour
cela il a décidé de dissoudre les Chambres et de
provoquer le 2 Juin prochain des élections lé-
gislatives DANS TOUS LES ARRONDISSE-
MENTS DE NOS NEUF PROVINCES.
Dès lors, si les électeurs votent pour les
cléricaux, ils voteront en même temps une
allocation annuelle de 20 millions aux couvents
allocation QU'ILS PAYERONT EUX-MEMES
ET DE LEUR POCHE, puisqu'ils sont tous
des contribuables. Si, au contraire, ils votent
pour les candidats du cartel libéral-socialiste,
'ils voteront contre cette allocation et du même
coup ils voteront contre le gouvernement nui-
sible et malfaisant qui, pour le plus grand mal
heur de la Belgique preside a nos destinées.
Le siège conquis en 1910 paries anticléricaux
dans l'arrondissement de Nivelles doit a tout
jdix rester acquis aux anticléricaux. II est, dès
maintenant certain que dans plusieurs arron-
dissements des sièges anticléricaux nouveaux
seront conquis sur les cléricaux et que le 2 juin
prochain, le gouvernement clérical étant abattu
nouspourrons entamerle chant de ladélivrance.
Pour voter contre l'allocation de 20 millions
aux couvents, il faut voter en regard du nom de
M. JOUREZ.
En votant ainsi, l'électeur vote aussi pour
M. MAY.
Programme des catholiques
20 MILLIONS pour les couvents.
RIEN pour les pensions de vieillesse aux
vieux travailleurs.
La question des pensions est une question
vraiment nationale elle n'intéresse pas seu-
lement les vieillards qui en profiteront mais
aussi les jeunes ménages qui, devant nour-
rir leurs propres enfants, sont obligés, par
dessus le marché, d'entretenir leurs vieux
parents.
Cette question nationaleles politiciens ca
tholiques Tont ravalée au rang d'une question
electorale. Peu leur importe de savoir ce que
leur propre parti a fait ou fera pour donner
des pensions aux vieux leur unique souci
est d'essayer de tromper les électeursd'essayer
de leur démontrer que MM. Jourez et May
n'ont pas tenu leurs engagements et d'essayer
de leur faire croire querl'illustre M. de Lalieux
est seul capable de résoudre le problème.
MM. Jourez et May ont loyalement tenu
leurs engagements ils ont déposé un projet de
loi accordant 1 franc par jour aux vieillards
agés de plus de 65 ans, dans le besoin. M.
May, par ses discours a la Chambre et par ses
conférences a réussi a rallier les libéraux et les
socialistes a sa proposition. Voici ce quedécla-
rait M. Vandervelde, le chef des députés so
cialistes, il y a quelques jours a la Chambre
(annales du 17 avril 1912, page 1689) Nous
sommes d'accord avec M. May sur le principe
et M. Masson, un des chefs libéraux, décla-
rait a la même séance (p. 1691) Je le répète
et je n'éprouve aucun embarras a le dire, mes
préférences vont au projet de l'honorable
M. May.
Qu'est-ce que MM. Jourez et May pouvaient
faire de plus? Convaincre les catholiques Mais
ils ne pouvaient pas l'espérer. Et aujourd'hui
ce sont les catholiques eux-mêmes qui leur re-
prochent de ne pas les avoir convaincus C'est
le comble Les libéraux et les socialistes sont
prêts a voter le projet de M. May, tandis que
les catholiques, aujourd'hui en majorité a la
Chambre, s'y refusent,et ceux-ci osentrepro-
cher a MM. Jourez et May de ne pas avoir tenu
leurs engagements 1
Voilé bien la mauvaise foi habituelle des
catholiques
Mais comme cette ficelle était vraiment trop
grosse ils en ont trouvé une autre et ils ont dit
aux électeurs M. May avait tellement peu de
confiance dans son projet qu'il n'a même pas
osé le faire discuter a la Chambre.
Mais ce n'est pas dans son projet que M May,
n'avait pas de confiance, c'est dans ia loyauté ei
la sincérité des députés catholiques et du gouver
nement. II était sur que les catholiques rejet-
teraient son projet paree qu'au fond ils ne
veulent pas donner de pension. La nouvelle
majorité anticléricale seule votera cette loi.
M.May lesavaitd'avanceetles évènements lui
ont donné raison.Quandson projet fut examiné
en sections, tous les catholiques ont voté NON;
tandis que tous les libéraux et socialistes ont
votéO UI.
Maintenant retournons-nous sur les catho
liques et demandons-leur Et vous qu'avez-
vous fait votre gourvernement qu'a-t-il fait
Et ils devront répondre piteusement II a
donné en 1900 la pension de 18 centimes par
jour, et depuis 12 ans il n'a plus rien fait que
des promesses
Et M. De Lalieuxsachantcela, avoulu ajouter
une nouvelle promesse acelles du gouvernement
catholique et il a eu recours k cette piteuse
parade électorale qui consistait a déposer un
pro jet k la veille de l'élection, a le faire pren
dre en considération et k le faire voter en sec
tions par ses amis. Mais il s'est arrêté la.
Pourquoi n'a-t-il pas été jusqu'au bout puis-
qu'il prétend avoir la majorité avec lui
Pourquoi ne le fait-il pas voter a la Chambre
tout DE SUITE, avant les élections Rien ne
s'y oppose, sauf le Gouvernement lui-même et
la majorité cléricale.
Et alors l'on est en droit de lui dire Le
projet Delalieux n'est que de la Comédie
Mais il est bien heureux pour les classes la-
borieuses que ce projet ne soit que de la co
médie, car si ce projet était adopté, elles se-
raient bien a plaindre. Les ouvriers, étant en
effet, obligés de verser 1 p.c. de leur salaireles
artisans et les petits cultivateurs devant verser
régulièrement au moins 6 fr. par an, afin d'es-
pérer un jour recevoir quelque chose et une fois
arrivés l'êge de 65 ans, le projet du généreux
Delalieux allouerait seulement 120 francs de
pension aux hommes et 80 francs aux femmes.
Mais oü le Gouvernement catholique prendra-
t-il eet argent? M. Delalieux nlen dit rien. Tout
le monde sait que les caisses du Gouvernement
sont vides depuis longtemps. A présent il ne
peut pas faire les réformes les plus urgentes
Mais M. Delalieux y puisera de quoi donner
des pensions combien maigres aux
vieux travailleurs.
Halte la dit le Gouvernement catholique,
je veux bien dire que votre projet m'est
sympathique, mais quant a donner de l'argent
pour le réaliser, c'est autre chose 1
Et le lendemain de l'élection, M. Delalieux
sera prié poliment de retirer son projet, qu'on
lui a permis de déposer avant les élections et il
devra avouer piteusement a ses électeurs que
ce n'est pas encore pour cette fois-ci Braves
électeurs, ajoutera-t-il, puisqu'il y a déjè 28
ans que vous attendez, vous attendrez bien
encore jusqu'aux prochaines élections de 1916».
Vieillards, jeunes gens, travailleurs que vous
soyez catholiques, libéraux ou socialistes vous
ne recevrez de pensions sérieuses qu'après l'a-
vènement d'un gouvernement anticlérical.
Voter tous pour la liste anticléricale, a cóté
du nom de M. JOUREZ, et vous voterez en
même temps pour M. MAY, les vrais défen-
seurs des pensions de vieillesse.