Les Impöts nouveaux
Politique et Religion
ÉTABLIS PAR LES CATHOLIQUES
Non seulement les cléricaux depuis 1884
ont fait passer les impöts de 150 millions a
prés de 400 millions et la üette publique de
1 milliard et demi a plus de 4 milliards, mais
ils créent une foule d'impöts nouveaux Lors-
qu'ils disent le contraire, ils mentent effron-
tément.
Ce sont naturellement encore des impöts
des pauvres, paree qu'ils frappent des objets
de première nécessité.
Pour la bière, par exemple, il y eut la loi
du 31 décembre 1901, qui rendit obligatoire,
a partir de janvier 1904, l'imposition des biè-
res basées sur la quantité de farine déclarée
au lieu de la capacité de cuve-matière. Cela
valut, en une année, une augmentation d'un
demi-million des droits d'accises. Et d'un.
Pour l'eau de-vie, la loi de juin 1896 porta
le droit d'accise par hectolitre d'eau-de-vie de
64 francs a 100 francs elle augmenta égale-
ment de 50 p. c. les droits d'entrée sur les li
quides alcooliques distillés a l'étranger, et sul
les conserves alimentaires a l'eau-de-vie.
L'effet de cette loi a été une augmentation
de 1896 a 1897, du produit de l'accise de 18
millions 493,000 francs, plus 22 p. c. (pour
fonds communal), soit en tout 22 millions
et demi.
La loi de février 1903 porta le droit d'ac
cise par hectolitre de 10 a 150 francs et aug
menta les droits d'entrée sur les alcools d'un
sixième.
L'effet de cette loi, a été, pour 1904, une
augmentation d'environ 5 millions.
Pour le sucre, e'est une autre affaire. La loi
d'aoüt 1903 substitua a l'accise basée sur le
volume et la densité des jus produits, l'im-
pöt d'après le rendement réel (20 fr. par 100
kilogrammes).
Pour les sucres étrangers le droit d'accise
fut remplacé par un droit d'entrée uniforme
de 20 francs par 100 kilogrammes. II en ré-
sulta, de 1903 a 1904, une augmentation de
6,700,000 francs.
Que font les cléricaux a propos du tabac
Ils font la loi d'avril 1896, qui remplace l'ac
cise sur la culture par un droit d'accise de
15 francs par 100 kilogrammes sur les tabacs
indigènes séchés et sur les tabacs étrangers
non fabriqués.
Cette loi frappe également les cigares et les
cigarettes importées d'un droit d'entrée de
600 francs par 100 kilogrammes et les tabacs
non fabriqués d'un droit de 75 francs par 100
kilogrammes.
Elle frappe enfin les débitants d'un droit de
licence variant entre 5 et 500 francs d'après la
classe, et les fabricants et négociants d'un
droit de licence variant de 5 a 1,000 francs.
II en est résulté, de 1896 a 1897, une aug
mentation des droits d'entrée de 2,142,000 fr.
La margarine est un produit de consomma-
tion populaire. La loi de juillet 1895, frappe la
fabrication de la margarine et des autres
beurres artificiels d'un droit d'accise de 5 fr.
par 100 kilogrammes. Ce droit a produit, la
première année, 299,000 francs, et en 1910,
459,000 francs.
Lc vin devrait être mis a la portée de tous.
Que font les cléricaux lis le rendent inac
cessible aux petites bourses. La loi de décem
bre 1896 porte le droit d'entrée par hectolitre
de 23 francs a 60 francs pour les vins en bou-
teilles et a 20 francs pour les autres.
Outre l'augmentation des droits d'accise, le
gouvernement a créé de nouveaux droits de
patente
La loi de juillet 1891 frappe les boutiquiers
et les sociétés coopératives.
La loi de décembre 1899 frappe les bateliers.
La loi de décembre 1904 frappe les sociétés
anonymes et en commandite.
La loi de mars 1906 frappe les sociétés ano
nymes étrangères.
Chacune des deux dernières a rapporté plus
d'un million.
Et le droit de licence la loi de 1889 frappe
les cabaretiers d'un droit de licence variant
de 60 a 200 francs, suivant la population des
communes, qui sont divisées en cinq classes.
Ce droit produit environ cinq millions et
demi par an. II est vrai qu'il est destiné au
fonds spécial des communes (un franc par
habitant), mais il n'en est pas moins un ïrupöt
établi par l'Etat.
N'oublions pas non plus l'augmentation des
droits de douane. La loi de 1895 stipule II
peut être per§u un droit d'entrée spécial sur
les produits alimentaires dont les similaires
indigènes sont soumis aux lois et règlements
spéciaux relatifs aux falsifications
En 1896, les droits de douane ont augim nté
de plus de huit millions.
La Cour des Comptes fait remarquer, dans
le règlement du compte définitif, que cette
augmentation est due d la loi de 1895.
La loi de juin 1887 établissait déja un droit
d'entrée sur les bestiaux et les viandes elle
fut modifiée par la loi de 30 janvier 1892.
Le produit de ce droit est attribué au fonds
spécial des communes. II est d'environ un mil
lion 750,000 francs.
Dans sa note de minorité du budget, des
Voies et Moyens de 1909, M. Denis évalue
l'augmentation annuelle moyenne des impöts
des consommations, depuis 1896, a 20 ou 21
millions.
On a supprimé par contre, les droits sur le
café qui étaient de deux millions et demi et
les droits sur le thé qui étaient de 50,000 fr.
II reste done une augmentation d'environ
18 millions.
L'augmentation des impöts indirects ou im
pöts de consommation dits des pauvres
a été de 116 millions depuis 1885, soit 80
de l'augmentation totale des impöts dir mts
et indirects. Ils étaient en 1885 de 136 mil
lions, soit 23 francs par tête, ils sont en 1912
de 252 millions, soit 34 francs par tête.
Ah les cléricaux sont allés aux urnes en 1384,
aux cris de a bas les gros impöts, paree que
M. Graux avait frappé les grosses successions.
Au 2 juin 1912 le pays tout entier cri, ra
A bas les impöts des pauvres, a bas les affa-
meurs cléricaux
Electeurs, si vous voulez de bonnes finances
nationales, votez pour les libéraux, votez en
regard du nom de M. JOUR EZ.
En votant ainsi, vous votez aussi pour
M. MAY.
Les cléricaux sentent si bien que leurs jours
sont comptés qu'ils ne savent plus s'en cacher.
Pour stimuler le zèle de leurs troupes élec-
torales, ils sont acculés a l'obligation de décla-
rer et de proclamer la guerre sainte
C'est ainsi que les populations k demi sau-
vages du nord de l'Afrique, telles celles du Ma-
roc, de Tripoli, agissent lorsqu'elles se sentent
fléchir sous les assauts réitérés de l'ennemi.
Les cléricaux agitent aux yeux des popu
lations timorées, craintives et le plus souvent
ignorantes, le spectre de la Religion menacée,
de l'Eglise en péril et des curés et vicaires sur
le point de partir en exil, si jamais les électeurs,
négligeant de voter pour les candidats catho-
liques, s'en allaient plutöt donner leurs suf
frages aux libéraux.
Quelle bonne farce
Mais le corps électoral, qui est beaucoup plus
intelligent que ne le croient les cléricaux, sait
trés bien que le parti libéral aurait tot fait de
cesser d'exister s'il ne respectait pas la liberté
de conscience et les croyances de chacun. C'est
le respect des croyances d'autrui et son large
esprit de tolérance qui fait l'honneur et la
grandeur du parti libéral.
Depuis 1830, les libéraux ont été longtemps
au pouvoir et jamais, au grand jamais, il (n'y
eut sous ce régime une église fermée, jamais
il n'y eut un prêtre exilé et jamaisil n'y eut la
moindre entrave apportée k l'exercice et k la
pratique du culte religieux.
Ni dans les communes, ni dans les provinces,
libérales ou libérales-socialistes, les catholiques
ne pourraient préciser un seul grief a eet égard.
Lorsque les anticléricaux seront au pouvoir
ce qui ne peut tarder ils auront bien autre
chose a faire que de s'occuper de questions re
ligie uses.
Mais, ce que les libéraux veulent, c'est que
le Pouvoir civil soit indépendant de toute in-
gérence du clergé, indépendant de ce que les
catholiques appellent le Pouvoir religieux. Ils
ne veulent pas que les évêques, curés et vi
caires soient par la personne intei^osée des
ministres, des députés et des conseillers, les
administrateurs de l'Etat, des Provinces et des
Communes.
Si le curé doit être le maitre dans son église,
le parti libéral veut aussi que le Bourgmestre
soit le maitre a l'hötel de ville et que le curé ne
puisse pas y prendre sa place.
Ce n'est done pas, paree que des hommes sé.
rieux s'öpposent a ce que le curé se mêle de
politique qu'on puisse accuser ces hommes d'at
taquer la Religion. II ne faut pas que le curé-
politicien confonde a chaque instant la Religion
avec sa personne, si intéressante qu'il la croie,
car il est bien certain que si le prêtre reste dans
sa mission, qui est celle de s'occuper du salut
des ames, on le laissera bien tranquille ;mais
il est également certain que s'il monte en chaire
-dite de vérité pour proférer une harangue
politique dans laquelle il vitupérera contre la
politique libérale et contre les libéraux, il trou-
vera a qui parler. En résumé, se défendre contre
un adversaire qui vous attaque, fut-il revêtu
de la soutane,ce n'est point attaquer la Religion.
Les libéraux ne veulent pas de guerre reli-
gieuse ils veulent l'ordre, la paix et le respect
des croyances de chacun.