LE CARTEL
Aux Cultivateurs
Comédie
Si les libéraux et les socialistes luttaient avec
des listes distinctes, c'est-a-dire que si les deux
partis luttaient séparément, il arriverait que,
dans les circonstances présentes, aucun dos
deux partis ne pourrait espérer conquérir le
pouvoir.
Assurément, le programme des deux partis
diffère sur des points essentiels mais, a cöté de
ces divergences, il est de nombreuses réforme-.
réclamées par l'opinion publique sur lesquelles
les deux partis sont absolument d'accord et
dont la réalisation peut et doit se faire immé-
diatement.
Le cartel libéral-socialiste se fera dans tous
les arrondissements du pays oü il sera possible
de le réaliser.
II a produit a Nivelles, en 1910, les meilleurs
résultats, puisqu'il a assuré sur les cléricaux
le gain d'un siège occupé aujourd'hui par M.
May, député libéral.
Le cartel a Nivelles en 1912 doit assurer le
maintien de ce siège aux mains des anticléri-
caux et le cartel réalisé dans le pays entier doit
assurer définitivement la chute du gouverne
ment clérical.
Une fois au gouvernement, les libéraux et les
socialistes s'attèleront sérieusement aux ré-
formes dont les cléricaux ne veulent pas en
tendre parler.
tolls réviseront la loi électorale dans le sens
vraiment démocratique du suffrage universel
pur et simple. lis instaureront l'instruction
primaire obligatoire et ils organiseront de
bonnes écoles professionnelles. Us feront plus
juste et plus équitable la loi militaire en rédui-
sant le temps de service a une année au plus,
avec la perspective de la réduire encore. Ils ré-
formeront l'abominable et inique régime de nos
impöts, qui fait peser toutes les charges sur la
terre et sur les objets et denrées de première
nécessité, tandis que la colossale fortune mo-
bilière des gens bien rentés et cossus en est
exemptée.
Ils sauront faire pour l'agriculture, le com
merce et la classe ouvrière des réformes dont
les catholiques ne veulent pas entendre parler.
Le cartel est le seul moyen, actuellement pos
sible d'abattre le régime clérical et de le rem-
placer par le régime de démocratie et de justice.
L'IMPOT .FONCIER.
MM. Delalieux, Pastur et compagnie ra-
content dans leurs meetings, qui se tiennent
bien entendu a bureau fermé et oü la contra
diction n'est pas admise, que les catholiques
ne songent pas du tout a diminuer la contri
bution foncière.
En règle générale, le cultivateur paie, dans
l'arrondissement de Nivelles, pour un hectare
de terre qu'il loue au prix de cent a centvingt-
cinq francs par an, une contribution de 15 a 20
francs, ce qui fait 15 a 20 pour cent du revenu
de la terre.
Or, il existe actuellement dans notre pays,
une quantité considérable de sociétés ano-
nymes industrielles et commerciales, dont les
actions ne paient qu'un impöt de 2 a 3 francs
Sour cent francs de bénéfice réalisé, c'est-a-
ire qu'une action rapportant 100 francs de
dividende ne paie que 2 a 3 francs d'impöt. Si
l'année industrielle est mauvaise et si Paction
ne rapporte rien, il n'y a pas d'impöt pertju
tandis que le cultivateur paie toujours l'impöt
de sa terre, que l'année soit bonne, médiocre ou
tout a fait mauvaise, qu'il soit en gain ou qu'il
soit en perte. C'est la une injustice choquante
que les catholiques ne prétendent pas réparer,
paree que la plupart des terres sont entre les
mains de propriétaires catholiques. Pour ceux
ci, il est indifférent que l'on réduise ou que l'on
ne réduise pas l'impöt foncier, puisque ce ne
sont pas les propriétaires qui paient eet impöt,
mais bien les locataires de ceux-ci. Gomme
beaucoup d'actions de sociétés anonymes in
dustrielies sont aussi entre leurs mains et dans
les coffres des couvents, ni eux, niles couvents
ne désirent rien changer a l'état de chose ac-
tuel, paree que si l'on augmentait un peu l'im
pöt sur les actions, dites valeurs irnmobilières,
pour réduire d'autant l'impöt foncier,ce seraient
ceux-ci qui payeraient cette augmentation.
Tout cela, c'est de l'égoïsme clérical.
Pas de reduction de ce formidable impöt
foncier, paree que les propriétaires catholiques
font payer eet impöt par leurs locataires.
Pas de révision de l'impöt sur les actions ou
valeurs mobilières, paree que ces mêmes pro
priétaires possèdent aussi ces actions et que,
dans le cas oü l'on relèverait eet impöt, comme
ce serait d'ailleurs justice, ce serait a eux a
subir ce relèvement.
Conclusion il n'y a pas a attendre des catho
liques une révision juste et équitable de nos
impöts.
Votez en regard du nom de M. JOUREZ. En
votant ainsi, vous votez pour MM. MAY, SOL-
VAY et GOBLET D'ALVILLA et en faveur
de la révision des impöts.
PROGRAMME AGRICOLE
Nous exposerons dans notre prochain nu
méro le programme agricole libéral et les ré
formes réclamées ardemment par le parti libé
ral.
Nous examinerons aussi la question des
syndicats agricoles catholiques fondés par des
politiciens et des curés de l'arrondissement de
Nivelles.
Quand au programme agricole catholique
il est court et... pas bon
Le parti catholique veut que le propriétaire
appartenant a ce parti ne tolère pas que le fer-
mier puisse penser comme il lui plait, ni avoir
une conscience. Le fermier doit voter catho
lique II ne doit pas avoir de relation avec des
gens qui ne sont pas des catholiques.
Comme programme agricole, le parti clérical
exige que le cultivateur soit catholique et vote
pour les candidats cléricaux. Un point, c'est
tout.
Voici ce que nous lisons dans 1 'Union libérale
du 31 mars dernier
Dimanche dernier, 24 mars, MM. Jourez,
a Goblet d'Alviella, candidats-députés et M.
Boucher, devaient donner a Malèves-lez-Per-
wez, chez le cultivateur M. Jules Gilsoul, une
conférence qui était annoncée depuis une hui-
taine de jours, par voie d'affiches et de circu-
laires. Cette conférence fut d'ailleurs donnée
devant un nombreux public qui ovationna
chaleureusement les orateurs libéraux.
Or, Ie 23 mars, c'est-a-dire, la veille du jour
«fixé pour la conférence, M.Gilsoul recevait sous
pli recommandé la lettre que voici
Monsieur Jules Gilsoul
Monsieur le Comte Charles Cornet me charge
de vous donner le renom de votre bail pour après
la récolte de mil-neuf-cent-treize de la terre que
vous cultivez et dont il est propriétaire.
Recevez mes salutations.
(signé) A. Banquet.
Thorembais-Saint- Trond, le 23 mars 1912.
Nous laisserons a M. Max Pastur, le candi-
dat catholique, qui se déclare le plus grand ami
des cultivateurs, le soin de commenter cette
lettre et les circonstances dans lesquelles elle
est parvenue a son destinataire
Quant a nous, nous ne saurions avoir assez
de mépris pour de semblables procédés oü l'é
goïsme clérical est tout et oü les sentiments
chrétiens n'ont rien a voir.
Ce régime répugnant sévit avec intensité
dans les cantons de Jodoigne et de Perwez.
Dans le premier de ces cantons, un catholique
propriétaire a fait circuler un agent de maison
en maison, chez tous ses locataires pour leur
faire signer un renom de leurs terres,leur disant
que, s'ils signaient ce renom, un bail leur serait
fait a des conditions avantagèuses au mois...
de septembre prochqin La plupart des loca
taires qui occupent ces terres de père en fils
depuis plus d'un siècle, craignant sans doute la
rancune fielleuse du propriétaire clérical et crai
gnant surtout de perdre la terre, ont accepté de
signer ce renom. Quelques-uns ont refusé. Ceux-
ci, bien connus comme étant des libéraux,
savaient trés bien que s'ils avaient accepté de
signer le renom, le propriétaire n'eut quand
même pas renouvelé bail avec eux au mois
de septembre.
Le but inavoué et assurement inavouable
de ce clérical propriétaire, n'est-il pas, une fois
le renom signé, de dire a son locataire
Mon ami, vous tenez sans doute a conserver
votre terre eh bien pour qu'il en soit ainsi,
il faut que vous votiez, le 2 juin prochain,
pour les candidats catholiques Nous verrons
done s'il y a lieu de refaire un bail après le
mois de juin
L'homme qui tient ce langage est un homme
méprisable et il est regrettable que les lois im-
parfaites et incomplètes de notre pays ne per-
mettent pas au Pouvoir judiciaire de l'envoyer
réfléchir en prison sur le respect dü a la liberté
d'opinion et a la conscience individuelle.
Des candidats élus, grace a 1'intervention de
pareils procédés devraient rougir de siéger a
cöté d'honnêtes gens.
De nombreux faits de ce genre nous sont
déja signalés, car il n'y a pas que les propriétai
res eux-mêmes qui s'en mêlent,il y a aussi les
régisseurs de biens et les notairesreceveurs de
fermages qui cherchent a terroriser l'électeur
par les mêmes procédés malhonnêtes et écceu-
rants. Un jeune notaire trés remuant, tres clé
rical et trés en vue en ce moment, se distingue
particulièrement a eet égard a telles enseignes
que nous possédons déja tout un dossier sur
ses procédés de pression electorale, dossier que
nous tenons en réserve et dont nous ferons, en
son temps, l'usage qui conviendra.
Quoi qu'il en soit, l'électeur doit savoir que
son VOTE EST SECRET, ABSOLUMENT SE
CRET. Les bulletins de vote do sa commune
sont, pour le dépouillement, mélangés avec les
bulletins de plusieurs autres communes et il
est impossible au misérable propriétaire, ré
gisseur ou notaire clérical de savoir comment
l'électeur a voté.
Electeur, votez conformément au voeu de
votre conscience, si vous voulez garder votre
dignité d'homme.
M. Delalieux est a la Chambre des Repré
sentant depuis 1896.
Or, depuis 1896jusqu'en 1912 il n'a jamais
songé a déposer un projet de loi sur les pensions
de vieillesse.
II a déposé son projet uniquement paree que
M. May en a déposé un en lull.
M. Delalieux a attendu pour faire le dépot
de son projet, la veille des éleclions de 1912,
afin que la Chambre n'ait plus le temps de le
discuter et paree qu'il savait trés bien que le
Gouvernement et la majorité catholique ne le
voteraient pas.
Le dépot de ce pro jet Delalieux n'est qu'une
comédie ayant pour but de berner et duper
les électeurs en essayant de faire luire a lours
yeux des espérances qui ne se réaliserout pas.
Les Catholiques ont de l'argent pour les cou
vents.
lis n'en ont pas pour les vieux travailleurs.
Imp. Ferain, 23 rue déla Commune, Bruxelles