DISCOURS MONSIEUR ALBERT BEAGÜE PRONONCÉ PAR MONSIEUR AUGUSTIN GÉRARD AU NOM DES DÉLÉGUÉS DE LA SECTION DES EVACUÉS, AUX FUNÉRAILLES DE LE 1 M Al 19-18 Depuis que la guerre est venue nous surprendre en 1914, nous étions habitués aux évènements'lugubres et a toutes les surprises de la mort. Aujourd'hui cependant le coup est plus fatal, et le deuil qui nous amène ici au cimetière, devant cette tombe ouverte, devant ce cercueil oü reposent les restes de notre ami, de notre généreux bienfaiteur, du grand chrétien que fut Monsieur Beague, nous sentons nos eoeurs douloureusement émus et nos ames lugubrement torturées. Qui done auraut prévu la saudaineté de cette mort II n'y a que quolques jours, nous Ie voyons actif, aimable, prévenant, bon et charitable, s'en aller par la ville, en quète de quelque bonne oeuvre a soutenir, dequelque conseil a donner, do quelque soufïranco a soulager, et soudain nous apprenions que notre ami dévoué était gravement malade. Malgré les soins les plus prompts, malgré les prières et les larmes, subiteinent il s'éteignait aujourd'hui il ne nous reste plus que son grand souvenir. Son souvenir! La-bas a Gomines, nous l'avons connu actif, infatigable pour lo bien. Membre du Conseil Communal, il se dépensait pour le bien général ses sages avis, sa prudence, sa loyauté et cette parfaite justice qui animait toutes ses actions, le faisaient estimer de tous, amis ou adversaires. Son souvenir II était de toutes les oeuvres charitables en temps de paix. On l'avait clioisi comme Président de la Conférence de Saint Vincent de Paul, et üieu sait, comme aussi le pauvre, avec quelle discretion et quel tact admirable il savait organiser le bien et donner l'aumóne. Chrétien accompli, croyant sincère, il était membre de la fabrique d'église, et ses exemples de piété et de sainte emulation pour le culte, prêchaient a nous tous la pratique des devoirs et l'amour du bien. La guerre a renversé toutes les grandes institutions de notre commune la guerre a détruit nos églises et nos foyers la guerre a disperse nos families, et depuis lors, nous errons tristement d'un pélerinage a un autre pélerinage, nous tous, pauvres évacués Mais ici également, notre cher ami Beague avait trouvé lo moyen de se rendre utile. Ici ógalement il se dévouait corps et ame. Membre du Comité de Socours, lui qui avait tant perdu la-bas do sa fortune et do ses biens, lui qui se trouvait devant une si nombreuse familie, il trouvait cependant des loisirs pour s'occuper des évacués il trouvait du temps pour nous visiter, il trouvait des moyer.s pour nous secourir, il était toujours, malgré les infortunes du temps, le móme grand chrétien, généreux, large pour tous, eminemment droit et juste. Aussi, Messieurs, devant ce eercueil, devant le ciel et la terre, nous osons évoquer le souvenir do notre Seigneur Jésus-Christ qui a passé en faisant le bien lui aussi, comme le divin maitre, a passé sur la terre en semant lo bien dans tous Ies sillons lui aussi n'a jamais voulu faire tort a autrui lui aussi a aimé les pauvres, les simples, les malheureux, les abandonnés. Aussi, toute noire reconnaissance monte de cette vallée de larmes vors lo ciel oü déja sans doute l'ame de noire vaillant chrétien, triomphe pour l'éternité. Au revoir, cher ami Beageu, au revoir, et puisque nous sommes ici rassemblés au champ des morts le 1" jour de Mai, nous vous demandons de supplier au ciel, la Reine do la Paix d'envoyer verscemonde l'ange de la Paix, que nos épreuves prennent fin, que nous puissions bientót reprendre le chemin de la patrie, que nous puissions voir réssusciter de la mort, nos foyers, nos families, nos églises, nos ceuvres, nos industrieSj et vous, 6 noble ame, qui nous avez tant aimé sur terre, ne nous oubliez pas dans les cieux.

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De Volksstem | 1918 | | pagina 3