Jeudi lcr novembre 1894 J> cciiliines partout en Belgique 24° annés. N° 305 L'ETRANGER A nos Lé teurs. DERNIERES NOUVELLES PAR TELEPHONE L'ABBÉ DAENS LA VILLE B,E ROIÊatO AltOX.YKïlEXTS BUI XKI.I.KS: I n an. 1*2 fr. Six mois, C Cr.50. Trois mois. 3 fr. :UJ.HOBS BBLXKLLKS I'n an. 15 fr. six mois. 8 fiVTrois mois, 4 fr. 50.A L'KTBANGKB I.es prix do liriiicoito)>. In pori on sus. BIRE41A 35, rue Montagns-aux-Herbes-Potagères, 35 BRUXELLES AnOlCES ANNONCES ORDIN AIRES: 30 c' la petite ligne UECLAMES(apröslesspectacles):lfr.laligna FAITS DIVERSfcorps du jounial):3fr.laligne (fin)2 francs. d'un officier frangais pour crime do haute traluson Los ateliers de la GAZETTE etant Lj s*agirait d'un capitaino attaché au ministère do fermés aujourd'hui, jour de la TOUS SAINT, le journal ue paraltra pas demain. La Santé du Czar. Londres, 31 octobre. On telegraphic do Saint- Pétersbourg nu Daily Telegraph de cc matin - On avait dit dans la journóo que le Czar était mort; 1c bulletin de co soir dément co bruit et culmc les apprehensions. L'Empcreur conserve toutc sa luciditó d'esprit; il supporte hóroïquement ses souffrances. La Czorine ne quitte pas le chevet de son époux. Lc Czar essaya hier d'examiner quelques papiers d'Etat et de lire quelques lettresmais il dut y re- toonccr par suite d'un violent ct douloureux accós de toux qui duraplusieurs heures. La douleur se calma vers minuit. Lc docteur Zakharine pense qu'il est ontré du sang dans lc poumon gauche, mais il espère que la resorption se fera. Lc Czar n'a rlen mangé aujourd'hui. II a refuse de recevoir ses médecins avant nouf heures du soir. Saint-Pétersbowg, 31 octobre. Lo Messager du Gouvernement d'aujourd'hui donne un apergu du développement de la moladle du Czar jusqu'au 2(> octobre. Les symptömes inquiétants se manifes tant A Spala.sc montraient d'abord A un degré plus faiblc A Livadia, de fagou que l'Empereur put assis- ter debout au service divin et put faire des sorties en voiture. Plus tard, l'Empereur jouissant de l'appétitet du sommeil nécessaires, sa santé se for- titlait d'une facon trés appréciable. Lc 21 octobre, l'Empereur a communié des mains do l'archiprótre Jean. Lc 22 est arrlvée la princcsse Alice, ce qui a for- tcinent émotionnó lo Czar. La nuit s'est cependant passée heureusement. Depuis lors, le cours do la maladie est accompagné de symptémes qui permet- tent do conserver l'espoir, mais qui n'écartent pas de graves inquiétudes. Le Czar, malgré sa maladie, ne négligé pas les affaires d'Etat. Le Czarewitch s'oceupe de l'expédition des att'aires courantes et regoit les rap- ports. Le Czar tranche lui-méme les affaires les plus importantcs et signe les actcs. ■Saint-Pétersbourg, 31 octobre. Les derniors bulletins de Livadia ont produit la plus grande emotion A Saint-Pótcrsbourg. Les agents do police qui distribuent gratuitement des bulletins sur ï'état du Czar dans les principales rues, sont littéralement assiégés par unc foule compacte, ainsi que la ré- daction du Pratvitelstvenny Viastnik oü se fait 1 édition du bulletin. Les théAtres sont presque vides. Les militaires v font complétement défaut. Mariage démenti.' Londres, 31 oetobreL'Office Reuter apprond de source autorisée quo tous les bruits relatifs 4 un innriiv-'r du- Czax-ov.it;li sont absolumcnt. J4aii.ia.do fondement. II n'a jamais été question d'un mariage dans les circonstances actüolles. Franco. Les Inondations dans le Nord. Lille, 31 octobre. Les Inondations prennent dans toute la région la tournure d'un véritable dé- sastrelc pays est absolument inondé; les fermes sont entourécs d'eau qui sur eertains points s'ólève d'êjA A plus d'un métrodans de nombreuses fabri- ques, notamment A Roubaix et a Tourcoing, le tra vail a dft ètre arrété; plus de 100,000 ouvrlers ont chömó hier; plusieurs trains ont dü transborder leurs voyageurs, l'eau ayant attoint le foyer des machinesA Marcq, le train A vapeur a dü inter- rompre son service. Plusieurs voitures et chariots sont abandonnés au milieu de l'immense nappe d'eau; un jeune hommc a été emporté par la Deule, A Belmontprés de Tourcoing, on dit avoir vu surnager plusieurs cadavres, mais ce bruit n'est pas encore confirmé - la pluio ne cesse de tomberles dégats sont incalcuï lablos. Italië. Un Nouveau Sérum. Rome, 31 octobre. Le docteur Kisso, de Gênes, vient do découvrir un nouveau sérum antidiphté- rique d'une efflcacité bien plus grande que celui du docteur Behring et dont les résultats ont été consta tes par les sommités médicales d'Italie. Le docteur Risso est d'ailleurs un élève do Beliring. Cliine. La Mort de l'Impératrice. Shanghai, 31 octobre. La jeune impératrice de Chine n'est pas morte de mort naturelle. L'Empcreur, dans une querelle domestique, lui ayant donné un sou (Het, la jeune souveraine, prise dedésespoir, s'est empoisonnée. La Guerre cliino-japonaiso. La Famine dans l'empire chinois. Générauz dégradés. Les Japonais A Formose. Shanghai, 30 octobre. L'empereur de Chine ouvrc tous les ports do son empire A l'importation du riz, mais cetto décision, trop tardive, n'empé- cliera point la famine de sóvir aans plusieurs pro vinces. Les généraux Jeh ct Weh sont rendus respon- sablesde ladéfaitedc Ping-Yang et condamnés A la perto de leur grade. On pense que les Japonais prendront Formose pendant la campagne d'hiver. L'Armée chinoise. Shanghai, 31 octobre.— Lo capitaine von Hanne- ken, A qui l'Emperenr a demandé un rapport sur l'armée et sur la marine, est partipour PéKin. Le capitaine demandera des réformes radicales. Défaite conflrmée. Washington, 30 octobre. Le ministré améri- cainenChinea informé aujourd'hui le gouverne ment que les troupes chinoiscs ont été défaites A Chiu-Lien-Tcheng et ont battu en retraite sur Moukden. II ajoüte que les Japonais ont pris un des forts chinois de Port-Arthur. la Guerre qui livrait par vénxlité A un pays étran- ger des ronscignoments concernant la frontièrc des Alpes. Cost A la suite d'une mission d'un commissaire do police qui fut envoyó en Autriche et qui revint il y a quinzo jours,'que eet officier frangais fut arrété pour crime de haute trahison. Anarchistes condamnés La Cour d'assises a jugé les cinq contumaces du procés du 30 aoftt dernier. Paul Rcclus, A. Cohen, C. Martin, Duprat, Pou- get sont condamnés A vingt ans do travaux foreós pour affiliation A une société de malfaiteurs. La Reprise des mines. La Commission du travail do la Chambre a cn- tendu aujourd'hui M. Goblot sur sa proposition de loi relative aux mines qui permet A l'Etat do rc- prendro possession des minos, dans eertains cas, notamment dans lo cas do gróve lorsque la cessa tion du travail so sera prolongée pendant plus de deux mois. La Commission a renvoyó cetto propo sition A l'examen d M. Rocheiort condamné. Rochcfort a été condamné aujourd'hui a trois mois do prison ot 500 francs d'amendo, pour un article injuriant la magistrature. PERPIGNAN, 31 octobre. Menaces. Un instituteur avait envoyó u plusieurs fonction- naires dos lettres anonymes les menagant de la dy namite. II a été condamné A deux mois de prison. ROME, 31 octobre. Emile Zola A Rome Eraile Zola est arrivé; il assistera demain, i Saint-Pierre, A la cérémonie religieuse de la Tous- saint. JOENKOEPING, 31 octobre. Le Feu chez les fous. Un incendie a éclaté dans un asile d'aliénésil y a quinze morts. LONDRES, 31 octobre. Un Naufrage. Lo vapeur Tormes, de Malaga, se rendant A Liverpool, a sombré cette nuit prés de Milford- havenil y a vingt et un noyés, y compris le capi taine et les officiers. Les Frères Degraeve. Sur la demande du chargé d'affaires da Belgique, le président de la République a regu aujourd'hui une l'èuiretctmmi cw otnr fréres Rorique. Le Président a promis d'examiner le dossier avec attention. Minuit. i Gismonda. n Ce soir, A la Renaissance, première de Gismonda, la nouvelle piêcc de M. Sardou. M. Sardou, qui avait, dans Madame Sans-Qine, reconstitué le premier Empire, s'est attaché, dans Gismonda, A évoquer la Grèce antique. Mais cette rcconstitution-lA risque d'intéresser moins le public. Voici, en quelques lignes, le sujet du drame Gismonda, duchesse d'Athènes, est restéo veuve avec un flls de dix ans. Les courtisans lui font une cour assidue et, parmi oux, son cousin, un traitrc, pour arriver A ses fins, Jetto le flls de Gismonda dans un puits oü sc trouve un tigre. Gismonda promet d'épouser celui qui sauvera l'enfant. Mais ce sauveur est un homme du peuple et Gismonda voudrait bien être relevóe de son ser- ment. L'homme du pouple aimo Gismonda et refuse de renoncer A elle. Enfin, pressé par la duchesse d'Athènes qui lui a promis de lui apppartenir une nuit, il consent A la relever de son serment; mais le traitre qui veille ot qui asurpris ses relations avec Gismonda veut l'assassiner. Oismonda tue alors son cousin A coups de hache et jette son corps dans un ravin. L'homme du peuple, pour la sauver, se déclare coupable; mais au moment oü, condamné A mort, il va mourir, Gismonda avoue son crime. Cela flnit par un mariage. L'interprétation est vraiment hors ligne. Sarah Bernhardt a fait des merveille3 de mise en scóno. Et c'est probablement cette mise en scène qui assu- rera un succès A la pidce. conversation qui ne pcrAetis do doutor sur le genre do traflc auquel il se liait. C'cst alors qu'on l'arréta. Pingier] Le Conseil general do la line n'a voté qu'une souscription de cinquantq fr. s pour la statue do Frangois Millet. Les Promenades M. Casirair-Pericr a flut promonade A pied au Bo gué seulement par son sec iét Nos aboonemei Président. itte après-midi une Boulogne, accompa- s électoraux ETKAlVGElt (Service spécial de la G.vzettk.) I'ARIS, 31 octobre. Haute Traliison. Les journaux du soir conllrment rarrestation (Correspondance parisienne de la Gazbtth.) PARIS, 31 octobre, 9 li. soir. L'OfQcier espion. L'officier accusé s'appelle Dreyfus. II a trente- cinq ans ct est capitaine d'artillerio, attaché au ministère de la Guerre. Lo général Moreler seralt dócidó A lo faire fu silier. Voici comment on aurait découvertl'espionnago II y a environ un an, une dame Installée ruo de Bretagne oü elle tonalt un commerce d'objets reli- gieux, fut condamnée pour espionnago A trois ans 5 prison. Ello refusa toujours de dire [A rqui olie voulait livrer les documents trouvés sur elle. Mais, en prison, ello se mit A parler et A raconter dos his- toires fort édiflantes. C'est ainsl que l'on npprit qu'un cspion italien, dont la présence étalt connue A Paris, avait do fréquentes entrevues dans un café du boulevard Saint-Germain avec un officier frangais. Co dernior, soupgonnó dóJA pour plusieurs actes équivoques, fut filé. On aurait alors surpria une expirent le 31 ocibre. Nous offrons nos lecteurs une nouvelle péri de d abonne- ment a partir dul" novembre jusquau 31 déoe ibre, au prix réduit d'ÜN FR,jNC 50 CEN TIMES pour ces leux mois. Cet abonnemen leur permet- tra de suivre, au jour le jour, les débats pari ei ientaires qui promettent, cet i année, un intérêt tout spéoi 1. Les demandes jur cet abon nement doivent re adressées, non pas la Pos! i, qui ue peut pas se ehargejrc ce service, mais DIRECTE)* ENT au bu reau de la Gdae: te Afin deviter if i frais de re- couvrement, prifj-e de joindre la demande d abonnement le montant en timhies-poste. LesErreurs d'Alost. Les Fantasmagories électorales. Histoire d'une dépêche. Les Douze Bulletins du boi'xgmestre. Le Truc de l'annulation. TJne, 5ntrevue avec l'abbé. C'est un toqué, disent les uns. C'est un hommc trés remarquable, affiment les autres. Tout le monde en parle, de cet humble abbé qui a eu l'audace de s'attaquer A la toute-puissanco de M. Woeste, et dont l'énergie a réussi A mettre en échec le papc laïc, dans cet arrondissement d'Alost, qui semblait être son fief inaliénablc. 11 est évidemment, cet abbé Daens, l'homme qui, en co moment, attire lo plus l'attention cn Belgique. Mais si tout lc monde parle de lui, personnc ne le connalt, ceux qui le disent toqué, pas plus que coux qui en font un grand homme. Alors, pour essayer d'être flxé, d'en avoir le cceur net, nous sommes allés voir. La campagne do ces hommes qui se qualifient démocrates-chrétiens mérite, du reste, l'attention de tous ceux et ils devionnent légion qui, sans parti pris de doctrine et sans passion, interrogent enir avec anxiété, consentent A voir que quel- que chose va se passer Quoit On n'en sait rien encore. Et c'est dans cet inconnu de ce qui se prépare, de ce qui vient, qu'est l'inquiétude, l'inquiétude qui se dresse, troublante, dans l'osprit des hommes de trente ans, de ceux qui, probablement, verront. Elle flnit par devonir passionnante, cette inquié- ude, cette constante interrogation dans l'avenir. Et si elle est troublante, ello est attirante aussi. II ne faut pas être un révolutionnaire, n'est-ce pas, pour se rendro compte de la nécessitó d'une réformo un peu large et un peu générale ou, cn tous cas, de son évidente imminence. Tousles partis en sont A cette constatation Et tout lo monde, de prés ou de loin, cherche ou s'informe. Tous ceux qui cherchent slncèrement, sans fana tisme et sans intolérance, font ceuvre d'apaisoment et de concorde. II faut les saluer de cette parole du Christ réformateurPaix aux hommes de bonne volonté. Et Je crois bien quo l'abbé Daens est un de ces hommes-lA. Pastor Donche. Une obsession me prend dès la sortie da la garo, A Alostles gamins, les ouvriers, tous les potits, tous les humbles, sifflent ou chantent un même air, vous z, cet air suv.lequol on chantait, A Bruxelles, il y a dix ans V«V van onzen Buis.' Eh bien, A Alost, on n'entend plus que cot air-lA, sur ces pa- ï-olos accommodéos au patois du pays Yivan paslor Donch, En hij magt er wezen. Ylvan pastor Donch, En hij magt or zijn. Pastor Donche, faut-il le dire, c'cst l'abbé Daens, l'abbé Daens dovenu, depuis un an, l'idole de la population ouvrière de l'arrondissemcnt et qui no pent plus faire un pas dans la rue, sans être suivi de groupes compacts qui l'acclament et chan tent cet alr-lA. C'est même ce qui a amend la fameuse mcsurc de l'évêquo de Gand. M. Daens avait scrupuleusoment obéi aux instructions do l'évêque qui lui avait inter- dit de donner des meetings dans les cnbarets. Pen dant le dernier mois do la période électoralc, l'abbé cs co-candidats n'avaicnt plus organisó leurs réunions électorales oü accouraient cn foule les paysans, que dans des fermes, dans des granges, dans des vergors, au grand dam des bourgmestrca et des gardes champêtres, fldèles, presque tous, A Woeste. Mais l'évêque a regu des monceaux de lettres, lui sigoalant, en en dénaturant la portee, les manifes tations dont l'abbé est l'objet. On a dit A l'évêque que les mêmcs manifestants qui acclamaient M. Daens huaient les autres prêtres.'Et c'est ce qui a dóterminé la décision de l'évêque interdisant A l'abbé de 'dire la messe en public en public seu lement, puisque l'abbó la célèbre toujours A la cha- pelle de l'hospice, oü, du reste, les sceurs, me ra- conte-t-on, lui font la guerre, comme les dévotes, quand il va au salut, lo regardent avec colère, et comme la plupart des membres du clergó intri- ;uent contre lui. On parle même.'A Alost, do voios de fait dont l'abbé aurait été victime, dans une sacristie. L'Élection du 14. Avant de faire visite A l'abbé, j'ai vu A Alost quelques personncs notables. Ce qu'elles m'ont raconté sur cetto élection du 14 tient vraiment de la fantasmagorie. Les partisans de M. Woeste annongaient, d'ailleurs, avant l'élcction Daens peut avoir la majorité qu'il voudra. II ne passera pas nous avons la recette. Et lorsqu'on leur parle aujourd'hui des fraudes commises, des erreurs découvertes dans vingt et bureaux, ils sourient et pr ononcent, pour toute protestation C'est do bonne guerre, les témoins de Daens n'avaient qu'A surveiller. Co qu'ils ne disent pas, c'est que, dans la plupart des bureaux ruraux, on a usé de pression et de me naces pour empócher les témoins de la liste Daens de se rendrc A leur poste. Qu'on a menacé oncore, ou qu'on a saoülé les témoins qui y étaient. C'est qu'ils eussent été vraiment trop gênants, ces témoins. Dans les bureaux oü ils ont pu rem- plir leur mission, ils ont constató des faits invrai- semblables. C'est ainsi que dans un bureau du can ton d'Herzele, le bourgmestre, en votant le pre mier, avait pris, sereincment, douze bulletins, six pour le Sénat et six pour la Chambre. Le témoin lui en a fait remettre la moitió. Mais c'cst dans les bureaux de dópouillement oü ne se trouvaient pas do témoins démocrates qu'il a dü sc passer des choscs inouTes. Dans un bureau rural, par excmplc, on a trouvé deux cents bulle tins favorables A M. Daens, annulés tous pour la mème cause ils portaient A cöté du point au-dessus de la liste Daens, un point au-dessus de la liste so- cialiste. Etrango, n'est-ce pas? On ne connait guère de socialistes dans cet endroit. II y en eüt-il eu deux cents qu'on u'expliqucrait pas qu'ils se fussent certés pour annuler leurs bulletins de la même fa- gon. Du reste, on assure que le point noirci au- dessus de la liste socialiste n'est pas fait A l'aide du crayon électoral. Au surplus, un écliange de dépêches dont connaissance A Alost explique bien des choses. A urmneures n tnroir-ur-jvur- ars mevi-oxrag-cn» électoral do la liste Woeste télégrapliiait dans les autros cantons Liste Daens, trois mille voix de majorité. Avisez. Cet avisez fut sans doute compris, puisque, A onze heures, l'agcnt électoral reccvait d'un bureau une dépêche en réponsc. La dépêche disait"Listo Woeste mille voix de majorité. - A onze heures, et le dépouillement de ce bureau n'a été terminé que fort avant dans la nuit. II est vrai que, pendant les opérations du dépouillement, la lumiêro qui éclai- rait le bureau s'est brusquement éteinte. M. Daens a, parait-il, demandé au procureur du Roi la saisie de ccs dépêches. Du reste, on a, durant toute la campagne, montré envers l'abbé une déloyauté révoltante. Vous savez que l'abbé a dü, pour faire insérer ses réponses aux calomnies et aux injures des jour naux conservateurs, s'adresser A la justice. Or, le Doiderbode, huit jours aprós l'ólection, a publié enfin une rêponse do M. Daens, avec ce titre d'une ironie cynique Figues après Pdques. C'est joli, hein L'Ile de Chipca. Mais il faut voir l'abbé Daens. Oü habite-t-il Quelqu'un m'offre do mo conduiro. Cliemin fai- sant, il me donno sur l'abbé quelques détails bio- graphiquea. Sait-on que l'abbé, jésuite d'abord, puis profes- seur de rhétorique au Collége épiscopal do Ter- monde, a été pendant longtomps précepteur des enfanta du ministro Do Bruynï C'est il y a quatre ou cinq ans, lorsque l'éducation de ces enfants fut terminée, quo l'abbé revint A Aloshj ne voulant pas acceptor de place ailleurs. II vit plus que simplement cliez son beau-frère et s'oceupe do travaux littéraires il a traduit en flamand le livro de Job et du journal de son frère, Het Land van Aalst, auquel il collabore.de- puis prés de trente ans et qui a toujours eu cette note démocratique d'A présent. A droite de la gare, nous avons passé le pont du canal et nous sommes sur uuu petite place déserte, au pavé lavó par la pluie et duveté d'herbe maigro. Lo canal enserre la placette ot, A l'cxtrómitö do la petite prcsqu'ile qu'elle forme, nous apercevons une maison toute nue, sans un ornement, avec seu lement cetto onseigne Daens-Moyarts. -» La rue s'nppollo ruo Ecartée; la fyace, dans un coin de laquello est une petite chapcllc pauvre, a nom - do Werf Cost un coin perdu, d'une paix pro- fonde et triste. La maison Daons-Moyarts n'est pas la demeure de l'abbé. C'est celle de son frêrcmais c'cst lc bureau du Land van Aalst et le quartier général du parti.On appollo ce coin l'ile dc Chipca -,ct lo journal porto la mention des presses de l'ilo de Chipca C'cst IA que l'abbé, il y a quinze jours, a harangue Ia foule, du haut d'une fcnêtrc, et c'est sur la placette quo la foule vioat quand elle veut acclamer son tribun, son apötro dit-on A Alost. L'abbé liabite d'ailleurs A proximitó, une rue qui aboutit A la place, rue du Moulin; uno petite librai- rie catholiqueun seul étagosur la fagado on lit - F. do Gallan-Dacns ct un livro ouvcrt qui sert ,d'cnseigno porto School en buroau gerief. Le magosin est tenu par lo beau-frère de M. Daens que nous apercevons dans son magasin, vêtu d'une grande blouse blanchecar le libraix® est aussi peintre en bAtiments. Une Entrevue avec l'abbé Daens. Au moment oü j'arrive,l'abbé sort et, dans la rue,' des gamins chantent i Yivan paslor Donch I Grand, massif, le3 épaules lourdes, le cou puis sant portant uno tète forte, l'abbé est un gaillard solide, que l'on sent taiUó pour la latte exubérante, un de ces Flamands bien trempés ayant conservé la vigueur des races point abatardies. La soutane aux largcs plis donno plus d'ampleur encore A 1» silhouette solide. j'abordo l'abbé et je puis, en me présentant, 1'examiner un peu. Un long examen n'est, du reste, pas nécessaire et 1'on recueille une impression im- médiato c'est uno têto intelligente, ce qui est bien, et c'est unc tête de brave hommo, ce qui est ax. La face large, comme les épaules, avee les fortes taches bleues d'une barbe raséo et qui doit être vigoureuse, les cheveux gris, couronnant de mèches souples un front vaste et de courbe impé- rieuse, et des yeux ardents, do vivo intelligence, mais dont l'extrêmo mobilitó biille plus souvent de bonté souriante que de volonté Apre. II est un peu étonné, l'abbé, quand je me pré sente, mais, tout do même, il me fait bon accueil. Pourtar.t, tout d'abord, il insiste Vous savoz, Monsieur, je suis tenu A une trés grande réserve. Je veux,pour le moment, demeurer trós tranquillc. Je veux bien causer avec vous, je suis toujours trés heureux de dire ce que je pense, mais pas d'interview en ce moment. J'insiste Je ne suis venu que pour cela, monsieur l'abbé. Ce n'est pas possible. J'espèro quo la mesure prise contre moi sera rapportéeune enquête est ouverte, et je veux montrer A mon évêque que jo suis animé de bonnes intentions. Non, je vous dis, je suis tenu A uno trés grande réserve. Enfin, monsieur l'abbé, vous pouvez mo diro, pourtant, si vous compfez, l'élection annulée par Ia Chambre, continuer la lutte, vous représenter. Ohpour cela, évidemment. Je continucrai la lutte, A moins que mon évêque no m'ordonne do Tabandonner, auquel cas j'obéirais. Mais je no crois pas qu'il me donne cet ordre-iA. Vous avez lu l'article du Journal de Bruxelles qui vous conjure de vous rctircri Oui, mais jc voudrais bien que cos messieurs me fournissent le moyen d'expliquer au peuple cetto retraite. C'est impossible. Vous me permettcz, monsieur l'abbé, de pu blier cette declaration comme vcnant do vous Cela, oui. Et vous pouvez diro aussi que jo suis, plus '-"is. dêpidê A défondro la repró- mondo rè^ne"uVuV'arronili-.is.'-mcni. Vous pou vez dire cola, mais rien que colaA cetto condition seulement, jo con se us A causer avec vous. J'ai promis. Nous avons eausé, nous avons cause longtemps, mais je nc vous dirai ricn. Uien, sinon que, A toutc evidence, ceux qui disent que l'abbé est un hommo remarquable ont raison. Et c'est aussi un dc ces hommes de bonne volonté qui olicrchent sincèrement, dont jc pariais tantöt. II m'a parlé surtout de son programme ócono- mique. Oh! sans phrases, comme il me parle sans haine des souffrances vues, de ces misères des ou vriers agricoles auxquelles il rève ce n'est pas un rêve, car les rêves sont irréalisables de por ter rcmède. II parlait doucement de cela, des enfants qui s'étiolent au travail, des vieux paysans que l'on afferme, en public, pour un franc par senfcine. J ai entendu clicz lui des accents do pitié proronde, ja mais d'indignation ou do rancune. Et quand il m'a parlé de lui et des mille tours pcndables qu'on lui a joué, il m'a conté tout cela cn riant, avec des mots goguenards, de belle nioqucric, d3ns un rire sonore et franc. II m'a exposé des revendications avec un bel enthousiasme et sans haine, les remèdes qu'il préconise, avec raison et saus êgarements de chi móre. De l'csprit de justice, du bon'scns, une pointe de peu méchautc raillerie. C'est le commencement d'un portrait qui s'évoque.Il va se compléter.Ie portrait, quaud l'abbé m'aura parlé avec attendrisseraent do laFlandre qu'il aimect quand ilm'aura dit, en riant, incidemment Oui, je n'aime pas beaucoup qu'on me donno raison... VoilA! Je le reconnai9. Vous past Mais c'est l'abbé Ulcnspiegöl, vous savez, le bon et crAne Ulon- spiegel, lc Flamand défenseur dos petits, dédai- gneux des grands, un peu bataillcur, moquour et trés sensible, riant aux aubépincs de son beau paj9 de Flandre, enrêvant de justice humaine. Le ballottage de Liége. Notre corres- pondant nous télégraphie que lo Comité do l'Union catholique, dans sa séance d'hier, mor- credi, a dócidé A 1'unanimitó l'abstentiou au bal lottage do dimanche prochain et a engagé les catholiques A déposer des bulletins blancs. L'annulation de l'élection de Jodoigne de dimanche dernior sera demandée au Conseil provincial, les cléricaux s'étant livrós A une coi^* ruption scandaleuss. Le 8 novembre. A dix heures du mat In, la Députation permanente du Brabant arrêtera la listo des camiidats sónateura A présenter du Con seil provincial. L'ólection aura lleu le 12. La Députation permanente du Brabant a examine hier la question des jetons do pré sence aux membres aes bureaux électoraux pour l'élection provinciale. On a decide do proposer, dès la rentree au Consoil provincial, une augmentation d« cea

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La Gazette | 1894 | | pagina 1