CARNOT
aaasaa^ffHS» 2* edition du soir
ASSASSINE
e"J
INTERIEUR
Loiiai
PUI* DE L'iVO.VSEHEIT l
T POLR BRUXELLES
j'Unan: 19 fr.; 6 mois; fr. 6.50; 3 mois-. fr. 3.50
POUR LA PROVINCE«wf
L Un an16 fr.; 6 mois fr. S.50; 3 möïs5 fr.
["Sn province il sufllt de remettre le montant au facteur
Toute demande d'abonnement pour l'é traag er, adressée a
I'éditeur, doit être accompagnée d'ua mandat-;'*»
5 centimes le numero pour tonle la Belgiqne
Bureaux rue des Sables, 13. ouverte de 9 k 4 henres]
-?ï»' année. 1V° 174i
L' MME BELSE
25 juin 1894
2e EDITION DU SOIR
ANNONCES Les dimancties. 50 c®** la ligne; les autres
Jours. 45 c®»»; da 1 a 3 liznes. tr. 1-60. Les annonces remises
avant midi a 1 Omce de Publicitó Dara ssent le soir méme.
OltSFR V1TOIRE ROYAL
54 juin, S heures du matin
Température maxima de la veiile, o-,.j
moyenne id.,
Baromecre a 0» au niveau de la mer. 7fm* i
Quantite d'eau do S i 3 heures pour les 24 hcurea. V=
Ooservaiwns de midi
Temperature, i-r(l
Barometre. 7fioi'a".
Humidité 100 bumldité absolue), 77
vent dominant. c«-
Decanaison matmét nue. 14°4ö'3 '\V'
Ephcmerïdes pour te lendemain
9°:^ J* beures 31 - Coucaer. 19 heures 59
*- Lune, iever. 23 beures 31 Coucber, i0 beur es 41
jn horrible attentat qui provoquera l'indignation
'fmonde entier a été commis hier soir dimanche
von sur la personne du président de la Répu-
,ue.
Carnot, frappé d'an ooup de poignard, est
t' a minuit trente-cinq minutes,
'bus enregistrons beu re par heure les dépêches
nous recevons d«s agences et de notre corres-
'Jant qui se trouvait, au moment de l'attentat,
J cótés du président de la République.
I.» IVOL VEILE
Lyon, 24 juin, 9 h. 30 du soir.
•;1:Au moment, oü M. Carnot quittait le palais du corn-
fierce pour aller au théatre assister a la representa
tion de ^ala. un individu le frappa au cceur d'un coup
fJe poignard. Son état est désespéré. L'assassin est
r—f E» ALUIT AL THÉATRE
Le banquet a flni a 9 h. 10; le cortège s'était rqformé
/pour se diriger vers le théatre oü avait lieu la repre
sentation de'gala.
M. Carnot avait pris place dans la première voiture.
II était arrivé au milieu de la facade du palais du com
merce, donnant sur la rue de Ia République, a égale
I distance de la» place des Cordeliers et de la place de la
v Bourse. II étart, de la part, de la foule, 1'objet d'ovations
enthousiastes et répondait, comme toujours, de la
faconla plusgracieuse en remerciant de la main droite
eten saluant de la main gauche avec son chapeau,
lorsque l'individu s'est précipitó sur son landau et en
grant brusquement le marenepied.
Je marchais, dit le corresponaant de l'Agence Havas,
sur le trottoir de la rue de la République, a droite, a
la hauteur de la voiture présidentiellej'en étais sé-
paré seulement par la haie que formait la foule et ié
me trouvais en compagnio de M. Ad. Dupuy, frère du
président du conseil, et de mon collègue Perreau. ré
dacteur du Tömps et correspondant de l'Etoile beitje
lorsque nous vimes le landau occupé par le président
de la République s'arróter, et j'apergus M. Carnot,
dont le visage était livide, s'affaissor sur les dossiers
du landau.
Les spectateurs se ruèrent aussitót sur l'individu
qui s'était jeté sur le landau présidentiel etquele
prófet, M. Rivaud.'assis a cóté de M. Carnot, avait
d'un coup de poing envoyé rouler sur la chaussée; 011
,~.riaü que. lq, président dé Ja Republique venait d'etre
1 rappé d un coup do poignard; nous n'avons entendu,
en effet, ni moi ni mes compagnons.' aucune deto
nation.
LA FOLLE ET L'ASSASSIN
L'auteur de l'attentat était entre les mains de la
foule dont l'indignation était au comble et qui mena-
qaitde l'écharper sur place; les sergents devilieont
Jeu les plus grandes peines a empéchcr qu'il ne füt
écharpó; il 11'a pas fallu moins dq dix gardiens de la
I paix pour proteger le coupable contre T'exaspération
idola population; encoreallait-illeui-échapperlorsque
Mesgardes a chcvaldo la municipality lyonnaise, qui
remplisscnt ici les mémes fonctions que la garde répu-
blicaine a Paris, eurent la bonne idéé d'entourerle
peloton de sergents de ville; il ne failait rien moins
que eet te manoeuvre habile pour conduire sans encom-
bre le meurtrier au poste.
pka1^ t?' Ro,sta*ng. secrétaire de Ia préfecture du
rmone; Pernel, commissaire spécial; Meyer, chef de
aipsion de la préfecture. Ils interrogent immédiate
ment ie ppsonnier. qui répond sans émotion. mais
tït sana 'or*ajlterie. en trés mauvais francais, qu'il
est q origine itaJienne et qu'il se nomme Cesari Gio
vanni t>anto, habitant Cctte depnis six mois, arrivé
flans la matinée a Lyon;il est agé de 22 ans. Une partio
de ces declarations est reconnue exacte.
Fouillé, on a trouvé sur lui un livret d'ouvrier visé
a/?"s le 20.juin 1894. et dans lequel il est dit qu'il est
ne a Monte-Visconti, province de Milan.
II a été impossible d'en tirer quelque chose; il dit
qulil nepariera plus que devant la cour d'assises.
Quand rassassin est arrivé au bureau de police, on
ladéshabillé; on a constate qu'il était atteintde deux
eranures a la poitrine. II était armé de'deux poignards
et d un coup de poing américain.
Le poignard Catalan dont il a frappé le président est
une arme large a double tranchant. II dit étre né a
Milan11 a subi l'interrogatoire en italien. II est abso-
lument impossible de le questionner d'une facon sui-
Iie'i 1 Te V0VS l ai dit Plus haut'51 s'obstine a
tion 161 ne P due devant le juge d'instruc-
AL POSTE ET A LA PREFECTLRE
L'auteur de l'attentat, que je vis assez difficilement
entre les sergents de ville et les gardes a cheval qui
I amenent au poste est un jeune homme de 20 a 25 ans
a peu pres imberbè, vètu d'un complet couleur café
au lait ciair et coiffó d'une casquette de mème nuance;
II marche la téte baissée jetant des regards a droite
ot a gauche comme s'il cherchais un passage pour
échapper d'un bond a ses gardiens; j'arrive" avec lui
jusqu a 1 extrémité de la place des Cordeliers oü nous
sommes croisés par l'escorte présidentielle arrivant
au galop; vient d abord le landau occupé par M. Carnot
et le general Borius, puis celui des officiers de la mai
son militaire; je trouve une place dans la 3» voiture
et j arrive ainsi a la préfecture en mème temps que la
voiture presidentielle.
Quand j'en descend le général Borius, le préfet et le
maire ont deia quitté le landau présidentiel ou reste
seui ie president de la République affaissé, inerte, les
yeux eteints et, le corps alfongés sur les coussins; son
gilet et la cemture de son pantalon sont déboutonnós
ia chemise sur laquelle se aétache le grand cordon de la
Legion d honneur est couvert du coté gauche au des
sous du cceur d'une large tache de sang qui s'ét*"'»
iusqu au flanc, Carnot est-il mort ou évanoui Nul nè
ie sait encore.
Le général Borius. le préfet et le maire, aidés par
es huissiers, le sortent a grand peine de la voiture et
le transportent le plus doucement possible au premier
étage et 1 étendent sur un lit.
M CARNOT APRÈS L'ATTENTAT
Lyon, 1 h. 1/2,
M. Carnot. quand il a été atteint, a fait un geste
montrant qu il avait été atteint en pleine poitrine.
M. Carnot a été aussitót après transporté a la pré
fecture. On 1 a couché sur le lit du préfet. Biontót sont
acc.ourus le= dpcMurs. Pom-el, OlJicr ef-Gailhston. ce
derniérmaire de Lyon. Les docteurs ont constató quo
mitres Perforé Par une blessure de quatre centi-
Les médecins ont jugé une opération immédiate né
cessaire et ont pratiqué une incision de quinze centi-
mètres environ.
Le Congrès pourrait et devrait done, k la rigueur,
se réunir aujourd'hui, mais vouj pensez bien qu'en
raison des circonstances ct pour des motifs de haute
convenance. l'ordre ctant d'ailleurs assuré. le Congrès
ne sera pas convoqué tout de suite. Les uns parient de
demain, les autres estiment qu'il convient a'attendre
que les obsèques de M. Carnot amnt eu lieu.
LES POLYOIRS PRÉSIDENTIELS
En attendant, M. Dupuy se tro-"- re, comme président
du conseil. chargé de remplir avec ses collegues les
fonctions de chef du pouvoir exécutif en vertu de
1 article 7 des lois constitutionneUes.
SLS ALLY ITALlE.YS
La foule s'est ruée contre un restaurant italien bien
connu a Lyon Ie restaurant Casati et la a tout
brisó. tout saccagé.
La fureur dc la foule va sans cesse croïssanteles
Italiens et ceux qui sont soupijorncs comme tels sont
pourchassés dans les rues; les agents se multiplient et
font aux individus ainsi pourauivis un rempart de
leurs corps; on les entrainc dans les postes de olice
transformés en refugedes patrouilles a cheval parcou-
rentles rues afin de porter sécours sur les points
menaces. J
Les soldats de l'infanterie ga', dent les deuxextré-
mités de la rue habitée par le consul d'I'alie.
La foule est difficilement conienue. la police est dó-
bordée do tous les cótés on n'entend que des siftiets
et des cris - A bas les Italiens!
Des cafés autres que lo café Casati ont subi les as-
sauts des manifestants. Ainsi far exemple les cafés
Matossi et Maderni.
l.~~ Paris, 5 h. du matin.
Tousles journaux, quelque nuance qu'ils appar-
tiennent, aussi bien modérés.radicaux.socialistes que
réactionnaires, tous se montre: t profondément indi-
gnés de l'attentat qui acoüté Ui vie a M. Carnot et
tous rendent hommage aux fJualltés de droiture et
a la probité privée et politique (ie l'ex-président de la
République.
II nese laisse pas entrainer a Timprovisation,
dit un de ses bïographes. et, pourvu qu'il ait soumis a *ement qui, ne fut-il pasfactieux dans son origine,
la Chambre des renseignements sürs. une démonstra- prendra nettement ce caractère par 1'intcrvention
tion claire. méthodique et décisive. il fait bon marché des anarchistes toujours prompts a exploiter la
des raovens d'action auxquels recourent la plupart moindre émotionpublique au gré de leurs%infstr,4
des orateurs. La simplicité de son attitude et de ses j desseins. b simsins
gestes, la mooération extréme de son ton de voix. son II nest nas de ffrand<5o„;
abstention de tout effet oratoire semblent chez lui ua I ij IS? narfn?élémentc k f°,ent S0US
résultat voulu ct presque un acte de probitéil veutperturbateurs, mais
éclairer et non entrainer ceux qui l'écoütent. entre toutes ie» capitales, il faut bien le dire, Paris
Sa personnalité n'avait cessé dc croitre durant ces en '.'enferrae les plus dangereux, car ils se trouvent
huit dernieres années: pourtant. on ne peut pas dire en eouilition perpetuclle, grace a l'armée gross's-
que sa candidature éventuelle a la présidence de la santé des sans-tramii
République eüt jamais été poséeles suffrages, en cas
de mort deM. Grévy semblaientplutöt devoir se perter
soit sur M. de Freycinct, soit sur M. Jules Ferry, soit
sur MM. Floquet ou Brisson. Ce fut l'impossibilité de
saccorderet de réunir sur un de ces noms une majo
rité répubheaine compacte qui fit songer que l'on avait
sous la main en la personne de M. Carnot un homme
ïnrprri-o un ..n.ua - i
santé des sans-travail.
Au point devue de ce fléau moderne nous croyons
qu il y a un mtérêt a signaler une série de remar-
quables articles consacrés par l'Ec/io du Brésil a
la situation de cettc vaste république et aux
immenses ressources qu'elle présente aux travail"
de .s'cxpatrier. Malheu-
1,
AL THEATRE
V A Oh., tous les invités qui devaient assister k la
/représentation de gala étaient présents au Grand-
IThéatrela salie présent^'t un coup d'osil splendide et
tous les spectateurs attendaient avec impatience l'ar-
rivce du président, lorsque tout a coup la nouvelle de
l'attentat, se répandit dans la saliequelques femmes
Ïoussent des cris d'effi-oi. mais la majorité des specta-
surs 11e croit pas a Ja nouvellenéanmoins, les per-
sonnastes officiels quittent immédiatement le théatre
pour aller aux renseignements. Tout Lyon était a ce
moment sur la place du Théütrc ou dans'les rues adja-
centes et la cicculaticn était impossible.
A 9 h. I 2 un landau débouche au galop dans la rue
do la République, précédé de quatre"gendarmes a che
val. Dans ce landau se trouvent MM. Adrien Duduv
depute Ghaudey et te préfet Rivaud.
La foule. croyant voir arriver la téte du cortège
ousse un formidable cri de - Vive Carnot' Vive la
ipublique!-
d. Chaudeyesta la portière de droite et M. Rivaud
1 portière de gauche. D'une voix enipreinte d'une
gnante emotion, le pré rei ditNe errez pas, le
•sidcnt.de Ja Republique vient d'étre victime d'un
ntat.
tte réponse a un écho inouï dans Ia foule. De tous
s partent des cris de malédiction et de vengeance
landau arrive a Ia porte du théatre et MM. Rivaud
liaudey se rendent a la Joge du président de la
ublique.
Rivaud s'avance sur le devant de la loge et d'une
entrecoupée par des sanglots il dit
piésident de la République
Ja sa'lle explosion de fureur se manifeste dans
partsA m°rt! amort! Ven8'eance! s'écrie-t-on de toutes
M. Rivaud continue
Pan.s la rue de la République un misérable, sous
pretexte de remettre une péUtion a M. Carnot. Fa
frappe d un coup de poignard au cceur.
JL.': "ï-se,?ondf.'Q'syM- Rivaud est interrompu par des
^oute1" sta Peine si on l'entena lorsqu'il
M. Carnot n'a pas été endormi. Les docteurs s'y. ótant
quefS 611 n qUe 31t dangereux aPrès ban-
Durant l'opération M. Carnot s'est écriéN'est-ce
pas bientot hm? Je souffre; e'est horrible
Ces paroles sont absolument textuelles. C'est un
témom oculaire qui nous les a rapportés.
LE CONGRES SE REljlIT NIERCREDI
Do source officielle on m'anncnce que M. Challemel-
Lacour, en sa qualité de présidbnt de l'Assemblée na
tionale. vient ae convoqucr life membres des deux
Chambres pour après-demain, ihercredi, a une heure.
a Versailles, en vue de la réunicdu Congrès qui devra
éhré Jenouveau président de la République.
LA YIE DE M. CARNOT
(Marie-Frangois f idi) était le fils de
M. Hippolyte-Lazare Carnot» lciuel était le fils de
1 ïllustre conyentionnel. Lo ciiiventionnel était né
dans la Cóte-d Or, a Nolay. Son fils Lazare était né a
Saint-Omer, dans lc Pas-de-Cajais, et son petit-fils.
Sadx Carnot. dans la Haute-'Vienne, a Limoges. II était
né lc 11 aoüt 1837. II meurt donojaehoment assassinó,
a 1 age de 57 aris.
Ce fut en mémoirc de son orile. Sadi Carnot. fils
an/o da gi'aiïd'Cacnofc. ijU'ii Mffil 'ue^Vcnom-de Sadi.
pour lequel le graijd brganisateur de la victoire avait
|n,ihv„iib i,i. voiliui tin iiuiiiiiic .IUU1K.U-
intègre, dun passé sans tache. portant un des plus r?usement j auteur de ces articles a soin de préve-
grands noms de Ja revolution, unnom qui n'avait cessó '1Ir les emigrants qu'ils ne peuvent róussir oue si
fl être non Oré depuïs prés d'un siècle. le oanifnl-m-awit i n, aa.
Au scrutin préparatoire du 2 décerabre 1SS7, M. Car-
n it n obtenait que 169 voix au troïsième tour de scrxi-
tin après n'en avoir obtenu que 69 et 61 aux deux pre
miers toursmais au Congrès. dès le premier tour. il
en obtint 303 et le désistement de M. Jules Ferry, qui
en avait obtenu 212, assurait aussitót son élection en
ralliant sur son nom tous les suffrages républicains.
II est inutile de faire l'histoire de la présidence de
M- Carnot. On sait de quel tact et de quelle correction
il fit preuve dans l'exercice de cette haute magistra-
turc. La loyauté de son caractère et ledévouement
avec lequel il se consaera a ses devoirs de président
lui avaient conquis depuis longtemps i'estime des
populations et une solide populanté.
Le lache attentat dont il tombe victime provoquera
dans tout le pays, en méme temps qu'une émotion pro-
londe, une grande et legitime indignation.
vient d'étre
Nerendezpas ma mission plus pénible. Nous
avons laissé M. Carnot entre les mains de médecins
Iet a^pren ez qi,ie dansecs conditions la tristessê
üeu cceursla représentation ne peut avoir
m^Srt3teUr,s se f®tirent alors en proie a une
5 TF confirmer a la foule qui sta-
tionne au dehors la triste nouvelle.
LE PREMIER BLLLETIN
Voici le bulletin offlciel de la santé de M. Carnot
H-ni fiar"lant' mais non désespéré; la blessure est
dans la rêgion du foic; 1 hémorrhagie, d'abord abon-
dante, est main tenant arrétée.
f- L'ASSASSIN'
f" Je sors du poste de la rue Molière oü l'assassin a été
conduit, au moment oü j'arrive il est debout adossé k
jsrmuraille do la pièce réservée aux gardiens de la
®aix; il a les menottes aux mains et la téte baissée
presque gn mème temps arnventMM. Lépine, préfet
Paris, 25 juin, 4 h. du matin.
L'AGONIE ET LA MOUT
Voici quelques détails sur les derniers moments de
M. Carnot
A minuit. il regut l'archevèque qui resta quelaues
instants auprès de lui et se retira ensuite dans la
chambre voisine. A minuit et demi, la mort était
imminente.
L'archevèque était rappeléil administra l'extréme
onction.
M. Carnot a la conscience trés nette de son état- il
dit deux fois Je men vais.
En ce moment le docteur Poncet se pencha vers
M. Carnot en lui disantVos amis sont la. Monsieur
le président.
M. Carnot. d'une voix a peine perceptible, répondit -
-,e suis bien heureux de leur présence quel
ques secondes après son cceur cessait de battre et a
minuit 45 il rendait le dernier soupir.
Carnot est mort sur un lit defer placé entre les deux
lenetres de la chambre qu'il occupait et au pied du lit
d honneur.
La plaie faite par lesdocteurs afin d'arrêter l'liémor-
rhagie interne mesurait 12 centimetres de longueur
sur 8 de largeur.
LE POIGNARD LES TEMOIN'S
Quelques témoins'ont pu étre interrogés. Le pre
mier entendu est un sieur Domergue. agé de 60 ans
demeurant a Lyon. II a ramassé Je poignard dont lè
coupable sest servi. C'est une arme a double tran
chant, longue de 25 centimetres. La poignée est en
cuivre dore; la gaine qui a été également trouvee sur
ia ehaussee est a raies noires et rouges.
Le second témoin est un gardien de la paix. Ce gar-
dien a reru 1 auteur de l'attentat des mainsd'un in4ec-
teurde police. M. Dubois, attaché a l'Elvsée qui l'avait
tSéphónésa Confinnó les dótai,s quo> vous ai'déjd
LE MONDE POLITIQLE EN É.MOI
M. Dupuy, comme je vous Paï dit, arrive ce matin k
Paris. II y aura aussitót conseil des ministres.
En attendant, les ministres présents a Paris se sont
réunis et ont passé la nuit tout entière au ministère
de 1 interieur.
A 2 h. du matin. M. Challemel-Lacour, président du
Senai, est allé leur rendre visite.
Quant a M Casimir Péiier, président de la Chambre
ia;a"S.SJ^Janx?u?:?I!e-'e^e-e|iyoyé untélégramme
de sympathie a M. Charles Dupuy en le priant dele
transmettre a M. Carnot.
de la prédilection. parco qu'il'rappelait a son esprit
des nleus do sagesse.et de poésip. Entré, a vingt ans.
k l Ecole polytechnique avec le'-.7uméro cinq, il en sor-
tit a vingt-trois ans avec léjfr.üméro unetentraa
I ecole des ponts-ct-chaussées avec le méme numéro.
II en sort.it Je premier, a vingt-éix ans.et. un an après
fut nommó ingénieur des ponts»oi-chaussóes a Annecy,
II était, encore dans la Haute-iSavoie lorsque survint
Ia guerre do 1S70. II offi-italors(fefS services au gouver
nement do la Defense national}-, auquèl il présenta un
mouèle perfectionné do mitrailleuse, et, par décret du
19 janvier 1S71, il fut nommé,i'éfet de la Seine-Infé-
rieure, avec la qualité de commissaire extraordinaire
de la Republique dans les tl ois départoments de la
Scine-Infèrieure, de 1'Eure etl du Calvados. II n'avait
pas alors trente-quatre ans. Lli situation était grave
les Allemands occnpaient Rouen et menacaient Dieppe
PT. lp Hnvi'p \1 CornAl dn n-\,,^a...i
LE DEPART DE .Mme CARNOT
Mme Carnot est partie a 11 h. 57 hier soir par un
train special avec ses deux rils pour Lyon.
ALX AMB ASSADES
A une lieurc du matin, communication officielle de
a mort du president de la République a été faite dans
les ambassades par cavaliers montes.
LES MESLRES D'ORDRE
Les mesures de police ont été aussitót prises k Paris
A partir.de ce matin, 6 heures, les postes de police et
les patrouilles de garde dans les rues seront doublées
II est probable que d'autres mesures seront prises en
vue de la réunion du Congrès.
QL'AN'D SE RELN'IRA LE CONGRÈS?
,On.Sait'en<?ffet. qu'en vertu de Ia Constitution do
ib7o les deux Chambres se rèunissent, immédiatement
de droit, en Congrès pour procéder a l'élection d'un
nouveau président.
-r,- comme trés
utilisabledans I avomr.
Le Sfévrier 1871. le departement de la Cóte-d'Or le
nomina députéa l'Assemblée naiionaIepar4l.7ll voix.
M. Cai-not croyait encore a Jé.' possibility dc larésis-
tance. et il fut un des 107 qui refusórent de signer la
cession dc l'Alsace et de la Lorraine.
Inscrit a la gauche républicaine. il ne cessa de voter
avec ce groupe dont il devint iin des secrétaires.
Après la dissolution de l'Assemblée. il se porte can
didal aux élections du 20 février 1876, dans l'avrondis-
sement de Beaune (Cótc-d'Or). II convient de douner
un extrait. dc sa profession do.fo
La République seule, (Dsait-il, peut apaiser nos
anciennes dissidencesseule, eile n'est pas un gouver
nement de parti. Ouverte a tous. acceptant toute adhé-
sion sincere, elle gi-oupera toutes les bonnes volontés
et une ere de calmc. d ordre et de liberté rendra k la
France la place qui lui revientdans le monde.
On peut dire quo M. Carnot est resté jusqu'au bout
fidéle a ce programme.
Ehi nar arrondissement de Beaune contre un can-
didat bonapartiste et un concurrent monarchist® il
al la siéger dans le groupe de Ja gauche. II lit partie de
la premiere commission répuolicaine du budget (1876
et 1877) et fut chargé du rapport clatif au budget des
travaux publics. Le 9 janvier 1S76, il avait élé élu se
cretaire de la Chambre.
Apres le coup d'Etut du 16 mai 1877,M. Carnot signe
lc manifesto des gauches ot. le 19 juin. vote l'ordre du
jour de défiance contre le cabinet de Broglic-Four-
tou. II fit partie des 363 et obtint. dans son arrondis
sement de Beaune, aux élections du 14 octobre une
majorité plus forte que l'année pr.védcnte.
Dès la rentrée de la Chambre. il fut réélu secrétaire.
Depuis lors, son autorité nc cesse dc grandir. Succcs-
sivement rapporteur du budget des travaux publics
sous-secrétaire d'Etat de M. de Frevcinet (26 aoüt
1878). puis de M. Varroy, ministre des"travaux publics
(23 septembre 1.8S0), il se retire du pouvoir lors de l'avé-
nementdu ministère Gambetta (novembre 1881) Entre
temps M. Carnot avait été réélu député de Beaune
avec une majorité supérieure encore a celle de la der-
nière élection.
Sop autorité grandit chaque jour. En 1883, la com
mission du budget l'éléve a sa présidence. Peu après.
la Chambre le choisit pour l'un de ses vice-présidents!
Lc 7 avril 1885, M. Brisson lui contie le portefeuille des
travaux publics, et quelques jous après il remplace
M. Clamageran au ministei-e dus finances.
Aux élections du 4 octobre 1885, élections au scru
tin de liste, cette fois M. Carnot est élu, en téte de
la hste, député de ta Cóted'Or. II conserve le porte
feuille des finances dans le ministère de Freycinet
(7 janvier 1886) et, le premier, il eut. Ie courage d ex po
ser nettement la situation financiële du pays de con-
stator des déficits jusquéla dissimulés, de montrer
la nécessitéde lescombler d'une part par de sérieuses
BULLETIN POLITIQUE
La presse anglaise et écossaise respecte avec
bcaucoup de discrétion l'incognito du Czarewitch
pendant son séjour en Ecosse. Si ses empresse-
ments de fiancé prés la princesse Alice de Hesse
lui laissent quelques loisirs, l'héritier présomptif
d'Alexandre III pourra faire d'intéressantes études
politiques et sodales sur la crise de croissance et
ae développementdelavieille Angleterre, toujours
encore pleine de sève et de santé, grace a la fon-
taine de Jouvence, la liberté. qui lui permet de
rajeunir incessamment ses forces.
M. Balfour, un des leaders de la Chambre des
communes, vient de prononcer un de ses meilleurs
discours a l'Association non conformiste unioniste.
Après avoir glissé rapidement. sur l'origine du
mouvementunioniste qui dure déja huit ans, exposé
ses vicissitudes et ses succès, et après avoir indi-
qué qu'é lal coalition des libóraux unioilistes-et dus
conservateurs pouvait se prolonger grace a l'intó-
rêt commim de combattre le radicalisme, l'ex-vice-
roi d'Irlande a examiné avec une grande largeur
d'idées et de vues Involution politique qui se pré
pare en Angleterre et qui entrainera, comme dans
tous Jes pays de l'Europe, de grandes transforma
tions.
Cependant, M. Balfour ne croit pas que jamais
1 heure du règne socialisto pourra sonner en An
gleterre. La société se démocratisera, mais l'inté-
grité de l'empire sera maintenue.
M. Balfour a parlé assez dódaigneusoment de
lord Rosebery, au grand plaisir des non-confor-
mistcs.qui cn veulentbeaucoupau premier ministro
depuis qu'il agagné le Derby avec son cheval Ladas.
Depuis ce moment, la fameuse conscience 11011-
conformiste s'est émue devoir un premier ministre
s adonner a des distractions aussi frivoles et, aux
yeux de la dite conscience, aussi contraires a la
morale. De la, un flot de lettres, reprochant a lord
Rosebery ses goüts pour le turf, lui prèchant 1;
vertu et lui faisant voir tout cc qu'il y a dc repré
hensible dans sa conduite.
Cependant le premier ministre amis les rieursde
son cóté en répondant aux objurgations puritaincs
par la note amusante que voici
Lord Rosebery regrette qu'il lui soit totalement im
possible de répondre a la masse de communications
qui lm sont parvenues pendant la quir.zaine écouléo.
II cspère. on consequence, que eet avis sera consi-
sidéré comme étant un suffisaut aecusé de réception.
On ne se gausse pas plus agréablement de ses
adversaires. C'est de l'esprit de bon aloi: II est
moins fréquent aux bords de la Tamise qua ceux
de la Seine. Cependant, disons-le.les parisiens ris
que 111 fort d'endommager leur réputation d'esprit.
en cédant a leur intempérant besoin d'émotion ;i
tout prix.
Ne doivent-ils pas être piqués de la tarentule
pour s'aviser de la nécessitó de célébrer dans la
première huitaine de juillet le souvenir des scènes
de désordre qui ensanglantêrent, il y a un an, Ie
quartier Latin. Qui ne se rappelle les charges du
boulevard Saint-Michel, de la rue Jacob, suivies
de celles de la place do la République. des rues du
Chateau-d'Eau et Saint-Maur; les assommades po-
licieres du café d'Harcourt oü cc malheureux et
inoffensif IS'uger trouva la mort de la place du
Chatelet, du pont Saint-Michel; et les patrouilles
de gardes républicaines.dc cuirassiers;de dragons,
et les reverberes cassés, les kiosques brülcs, les
omnibus renversés, etc., etc.?
Déja une souscription publique est ouverte pour
envoyer une gigantesque couronne de lauriers sur
la tombe do INuger a Clermont-Ferrand, et c'est le
transport de cette couronne a la gare de Lyon qui
pourra donner lieu a des troubles.
Les vrais organisateurs.qui agitentde la coulisse,
y comptent bien. L'association générale des étu-
diants n'est pour rien dans cette manifestation pro-
jetée. Cela résulte clairement des declarations sui-
vantes faitcs par le secrétaire de cette société a un
collaborateur de la France
Les règlements de l'Association lui interdiser.t de
wFVbHP®'" -de .f®. ique. donc ellc ne s'occupera pas
le capital-argent les suit de prés.
n^cBaésil'dit'n'sevtl,ou\e acluellementdans les condi-
i-Aü, pouvoir offrir a la vieille Europe de lui rendre
125ÏÏK s®!7,ce de se faire la soupape de süreté de
af. ntnfif treisiir ppint d.éclater, en cmplovant,
He ,gn"éral'les ^P'13111 mortes. les bras inactifs
hLa! 1,uclllrei,ccs P.ei'dues. qui deviendraient. saus
'Hour e p?ys' d?s facteurs d'une richesse dont
le monde en lier tirerait parti.
a,-««^ital;arg6"t se trouve en Europe dans descon-
:1USSI .?'',écaires que le capital-intelligence
fLH^p f' av.r leur ?,ort est si étroitemeni lTé, du
a. rancc d'un seul rond les autres roa-
nlifi' af lS? ne peuvent pas émigrer isolément sous
peine de rester ïniproducUts, et fè capital-ai-irent est
Ientiaineurque 1011 doit s'attacher tout d'abord.
Sans la triste expérienco de l'Argentine, le"con
seil aurait peut-etre été entendu. Mais dans la
situation actuclle, le Brésil en est réduit a 110
compter quo sur lui-même.
PAR TELEPHONE
(Service spévai de l'F. toilb be lo b:
Paris. 24 juin. 5 h. du soir.
Prise de possession de Lnong-Bi-nbon"
M. Delcnssé, minisu-e des colonies, a recu diurou.
Teneur général de l'lndo-CMiie, le téldgrarame suï.
wSaigon, 23 juin.
voici le résumé du rapport du commissaire du
gouvernement a Imong Brabang.
Je suis arrivé a Luong-Bralang le 31 mars. Le nre-
mier 101 y avait envoyé a ma rencontre son fils ainé
qui m a assuré que .ie trouverais auprès de lui tout lè
concours sur lequel j étais en droit de comnter 1 e
8 avvil les deux rois et les mandarins réunis la na.
jEfrSPW* serment de fldélité au gouvernement
de la République lranc;aise.
economies, de I'autre par nn empi «nt dom il cxnosa
le projet en 1886. Lc 11 décoinbre suivant, il fut rem-
placé aux finances par M. Dauphin. Un an apres il
était nommó Président de la République.
M. Carnot n'a guère pris la parole a la Chambre quo
comme rapporteur d'une commission 011 comme
de la manifestation aui est bel et bien politique.
Les personnalités qui sont a la tétecn sont la preuve
Cest toujours le comité Jean Carrère, c'est-a-dire le
comité socialiste. qui prend l'initiative de ccs soi tes
de choses. Aussi l'Associaton.qui oompte dans son sein
toutes les couleurs de l'arc-de-ciel politique, se dispen-
PARTIE OFFICIELLE. Momrettr du 24 juin.
avoues. Sont nommés: Avoués prés la cour d'an-
pel séant BruxellesM. Beltjens, elerc rl'avoué en
cour V Holzemer, commis au greffe de la dito
huissier. M. Pouters, candidat huissier Renaix
est nommu huissier prés le tribunal de première in's-
tanee a Audenarde, 011 remplacement de AI. Wvnants
iiecedé.
coNSEir. de prud hommes. Sont nommés respecti-
yemont président et vice-nrésident du conseil do nrud'-
hommes d Anvers. MM. Van Üyck et Keurvels.
ENREC.ISTREMENT ET nOMAINES. Sont nommés
Receveurs de l'enregistrement et dos domaincs
A Wynegliem. M. Van Damme. actuollemcnt receveur
des meines produits a Assenedea Herzele, M Lamé
actuellement premier commis a ('administration cen
trale de 1 enregisti-ement et des domaines; a Messines
M. Dc la Rue. actuellement receveur des nièmes nro'
duits a Herzelea Assenede, M. Desmet, id. k Hoo"
®tyaetena Haecht. M. üeleu, actuellement surnumS
1-airq de 1 cnregistrement et des domaines dans la
province de la 1-landre occidentale: k Hoogstraeten
ers; k Glabbeek, M. Dierick.'
CONTRIBUTIONS D1RF.CTES. DOUANES ET ACCISES.
M. Nivaille. rc-ceveurdescontributions dircctes et des
accuses a VV'aleourt, est. sur sa demande, admis a faii-e
valoir ses droits a la retraite.
ministère DE la GfERRE. MM. Richolle et Martin
employes de l" classe a l'administration centrale, sont
nommés sous-chefs de bureau.
pension. II a été aceordé une pension de 1,607 fr
a M. Jansens, ancien instituteur communal a Pervyse!
Le Moniteur publie la loi contenant le titre IX du
uvre III du code de procédure pénale.
Au pays tie M. Woeste
Ons I taanderen, un petit journal catholique
dérnocratique, nous apporte de curieux détails
sur la lutte qui se prépare dans le fief éloctoral de
M. AVoeste.
Cettc lutte, au dire du journal flamand. qui a des
pieds a mettre dans le plat, est celle des humbles
coutre les riches et. les puissants, des Flamands
contre les fransquillons, du peuple qui réclame son
droit et son pain contre les conservateurs des pri
vileges nés dc l'iniquité, de l'oppression et du culte
de l'étranger et défendus par les chefs d'une frac
tion d'un parti qui trouve sa raison d'étre dans la
religion de l'Ouvrier de, Nazareth. -.
Ce langage nous parait caractéristiqueil montre
quels elements de disorganisation sociale le parti
soi-disant conservateur renferme dans ses bas-
fonds.
Les cléricaux de la nuance d'Ons Vlaanderen
forment ce qu'onappelle lü-bas. chez M. Yan
W ambeko, le Volhsoarlü. Le canton de Ninove
est lo centre de ce mouvement, dont on peut atten-
dre des surprises.
Les deux bètes noires du Volkspartij sont
parait, M.M. Woeste et Van Wambeke.
- -Le principal grief des membres du Volkspartij
politique, se dispen-1 c est le mode de désignation des candidats. Le
lit. :i 'il sniiQm-inr ir.»v nAtntlA n'nntAnrl „Ine a.i-a., I..: i-
"Sri"?? q-",eceso,t'««oisrtp.Km peuple n'euto^ plus qf™ iïimposTGÏe U?tó
Apres la triste experience do Pan passé, l'Asso- soiltants P
ciation generale des étudiants aurait été rnicux Les deux cliefs les plus populaires du Valla.
ïQspirée si elle avait nettement désavoué un meu- pa,-tv sent, comme noriecS le savent? tei