LA JUSTICE SOCIALE finii, un article du Denderbode, pubiiée au lende- niain de la leure par laque le Mgr l'évéque deGand ordonnaic, par mesure de prudence, de ne pas dire la messe en public. Le DenrferZ>oifes'empressea'interroger M. l'abbé Daens, et voici ce qu'il écrit Ecoutez un peu, père Daens, nous avons quelque chose 6 vous demander. Ne voudriez vous pas publier dans Het Land van Aelst cette lettre que vous avez rejuejeudi après-midi de Gand, far express. Et si nous pouvons vous faire plaisir avec cela, Denderbode le publiera, entendez-vous Quel respect pour les decisions de l'autorité ecclesiaslique I Vous trouverez également, k noire dossier, un caricature qui représenie M. l'abbé Daens sur les planches d'un theatre, dansant entre un franc- macon qui porte un tablier avec les atlributs de la franc-maconnerie compas, équerre el truelle, et un sociahste coiffé du bonnel phrygien. Oh le but que I on poursuivaii est clair II s'agissait de déconsidérer le prêtre, de l'atteindre dans ce qu'il a de plus cher et de plus délicatsod honneur sacerdotal. S'il subsistail l'ombre d'un doute a eet égard, Messieurs,les documents officiels dont je vais avoir l'honneur de vous donner lecture, vous édifieraient complètement. Un a lu tout k l'heure un discours de M. l'abbé Daens a la Chambre, et on a cité les Annates par- lementaires. Je prendrai done la liberté de les citer a mon tour et de vous lire un autre passage oü vous ver- rez comment M. l'abbé Daens a été traité en pleine Chambre vous jugerez après cette lecture si l'on peut sérieusement soutenir que ses adver- saires politiques se soucient le moins du monde des égards qu'ils doivent a ce prêtre. Messieurs, dit l'orateur auquel je fais allusion il serait au-dessous de mon passé, au-dessous de ma dignilé et de celle du parti auquel j'ai l'honneur d'appartemr d'adopter pour repondre au membre qui vient de se rasseoir le ton qu'il a pris et d'entrer dans le systeme de personnalités aux- quelles li s'est livré et qui a cert inement le droit de nous etonner de la part d'un prêtre. (Exclamations a gauche. Interruptions.) M. Daens. Un prétre doit dire la vérité. (Bravo 1 a gauche.) L'orateur. Ouij le prêtre doit dire la vérité M. Vandervelde. Tout le monde doit dire la véritc 1 L'orateur. C'est le devoir de chacun de nous de la dire et je montrerai tout k l'heure que ce prétre ne l'a pas dite. (Nouvelles exclamations gauche.) Mais si ce prêtre doit dire la vérité, il doit aussi prati- quer la charito et la charité ce prêtre ne la connait pas I (Oh 1 oh 1 a gauche.) Et plus loin L'orateur. .Voilé, Messieurs, l'homme qui vient ici pariet au nom du peuple, des ouvriers et des cultivateurs Non, il est l'élu des libéraux et des socialistes, et c'était des lors bicn le moins que ses paroles recueillissent les applau- dissemeuts de la gauche. M. Daens. Montrez que je n'ai pas dit la vérité- L'orateur. Jele montrerai tout a l'heure M. Daens. Montrez le maintenant L'orateur. Je le montrerai quand je le jugerai propos. M. Daens. Assez de préambule I L'orateur. Je développerai le préambule comme je l'enicmils votre attaque inconsidérée a rendu ce préambule nécessaire; il vous géne, mais j'avais le droit et le devoir de vous clouer au pilori, et je le fais 1 (Protestations; bruit.) Voi.a le tot aal LVrateur. ...Je montrerai que le membre qui vient de se rasseoir est a cöté de la vérité comme en ce qui concerne le premier^ T M. Furnemont. L'honorable membre! (Hilarité a gauche. Interruptions de M. Daens.) L'orateur. .La Chambre se rappelle que le membre. L. Furnemont.L'honorable membre (Nouvellehilarité a gauche.) L'orateur. ...Mais voici ce que j'ai ajouté et ce que n'a pas lu le membre auquel je réponds. M. Furnémont. L'honorable membre. (Rires.j M. le Président. Veuillez cesser ces interruptions. L'orateur. tl confond, comme vous allez le voir, les indigents qui sont inscrits au bureau de bienfaisance avec ceux qui re§oivent accidentellement des secours extraordi- naires. M. Daens. Voudriez-vous lire. L'orateur. Vous n'avez pas la parole. (Rires bruyants a l'extréme gauche.) M. Daens est dans un bourbier, il ne sen tirera pas 1 (Nouveaux rires sur les mèmes bancs.) Voila le lattgage que Ton a tenu a la Chambre. des représentants le 16 janvier 1895. Et celui qui le tenatt n'est pas le premier venu C'est un ministre d'Etat catholtque qui jette ainsi l'oulrage a un prétre catholtque. 11 lient ce langage en présence des socialistes, adversaires de nos institutions parlementaires, qui sont la, attenlifs a toutes les occasions qui s'of- frent a eux de les ébranler, de les déconsidérer et qui se répandenl en exclamations ironiques, et qui éclatent de rire k chaque nouvelle injure Htlartlé prolongée k l'extréme gauche I Nouvelle hilarité sur les bancs socialistes Personne n'avait jamais tenu un tel langage dans nos Chambres Les calhohques ont connu de mauvais jours, mais jamais aucun de leurs adver saires ne s'était permis une pareille attitude a l'égard d'un ministre de l'Eglise. Eh bien, si un homme comme celui dont je parle, un homme qui jouit d'une grande autorité, un homme que domtne le souci de l'intérét public, qui sait faire taire ses rancunes personnelles et qui lait passer avant toutes aulres préoccupalions le souci de la dignilé de son parti et le prestige des institutions parlementaires, si un homme de cette valeur lient un pareil langage et laisse percer con- tre l'abbé Daens de tels sentiments, quels doivent être, dites le moi,.les sentiments des sous-ordres k l'égard de ce prétre. Je vous ai montré au bas de l'échelle les valets de plume accumulant contre lui les invectives et les outrages. Je viens de vous montrer, documents officiels a la mainquel langage tenail le chef Entre les deux extrêmes se trouvent les demandeurs Par quel mystérieux hasard auraient-ils échappé a celle contagion de vio lences Non, non, de même qu'on a voulu ruiner finan- cièrement M. Pierre Daens, on a voulu ruiner moralement son frère, le prêtre. L'acte du conseil des Hospices d'Alost n'est qu'un des chainons de cette longue chaine a l'aide de laquelle on voulait étrangler les deux frètes. II faut la voir se dérouler en entier pour se rendre compte de l'entrelacement et de la mulliplicité des manoeuvres qui toutes tendaient a ce but. On vous a lu tout k l'heure la lettre du 7 décembre 1893 par laquelle le conseil des Hog- uices sigmfiait a M. l'abbé Daens qua partir du i5 décembre l'accès de la chapelle de l'hopital lui serait inlerdit. Je ne discuterai pas t: us les évènements qui ont précédé ou suivi cette lettre. Mon honorable con frère, M. Alex. Braun, qui a bien voulu apporter a notre cause, l'appui de sa grande autorité et de son grand talent, fera la lumière sur tout cela. Je me bornerai k dire que les membres du Conseil des Hospices d'Alost sont les adversaires poliii- ques de M. l'abbé Daens; ils étaient tous ou presque tous intéressés dans les élections commu- nales. Que ces Messieurs discutent et qu'ils réf'u- tent, s'ils le peuvent, les idéés de M. l'abbé Daens; qu'ils le combaltent sur le terrain politique, qu'ils renversent le député par des moyens politiques. C'est leur droit et personne n'aurait a les critiquer a cause de cela. Ce n'est pas ce qu'ils ont fait. lis voulaient atteindre l'homme politique et pour ratteindi'e ils ont frappé le prêtre. Et ils or.t frappé ou essayé de frapper le prêtre en lui enlevant le seul autel oü il pouvait encore célébrer la messe au moment oü il prenait leur décision du 2 décembre. Messieurs, j'ai été stupéfait du langage tenu ici par mon honorable conlradicteur quand il a parlé des relations du Conseil des Hospices d'Alost avec M. l'abbé Daens. A entendre l'honorable M. Woeste, on aurait cru que ces relations avaient pour objet la réfection des bailments des Hospices, ou bien qu'il s'agissait de rapports de maitre a domestique. On a cru nécessaire de nous citer longuement M. Lenz pour démontrer que les Hospices peuvent disposer de leurs batiments comme ils l'entendent! Qui a jamais songé a contester ces petites vérités administratives. Mais dites-moi Est-ce de cela qu'il s'agit ici Non. Le débat est autrement grave, autrement élevé. Les questions de propriétés, les questions d'ad- ministralion sont étrangères k ce procés. On nous disait tanlot Yoyez jusqu'oü la Com mission des Hospices a poussé la condescendance elle a bien voulu permettre k M. l'abbé Daens de dire la messe dans la chapelle de l'hopital. Et cependant elle avait le droit, elle avail peul être le devoir de dire a ce prêtre Vous ne direz pas la messe chez nous vous n'entrerez pas ici. r.-\ Langage inconcevableEt pourtant nous le reconnaissons volontiers, si la Commission des Hospices eut refusé au mois d'octobre 1894 d'au- toriser M. l'abbé Daens a dire la messe'dans la chapelle de l'hópital.sa décision blamable assu- rément eut été moins grave que celle quelle a prise le 2 décembre 1895, quand elle a chassé M. Daens de cette chapelle dont l'usage lui avail été accordé. Pénétrons-nous bien de la réalité. M l'abbé Daens se trouvait dans une situation aussi délicate qu'exceptionnelle. Ses adversaires ne cessent d'exploner cette situation que chaque mesure nouvelle devait nécessairemenl aggraver. Et c'est dans ces circonstances, que pour des rai- sons politiques, les demandeurs enlèvent a ce prê tre qui est leur adversaire politique l'unique autel qui lui restait. Pour apprécier les fails,pour les apprécier saine- ment, il faut que nous nous demandions, Messieurs, ce que c'est que la messe, et si devani la gjandeur infinie du Saint Sacrifice, nos misérables passions politiques dont le souvenir même s'effacera, quand nous aurons disparu el nos petites querelles avee nous, ne devraient pas se taire et js'mcli..er. Voila la question du procés. $c-r .r M vaire I Songeons k Jésus-Christ étendu ur sa Croix et donnant tout son sang pour la réd. nption du monde. Catholiques, nous croyons dans la sincérité de nos coeurs, que l'homme étendu, tout sanglant, sur cette Croix, était l'Homme-Dieu, la deuxième personne de la Sainte-Trinité, descendu sur la terre pour la rémission des péchés des hommes. Qui comprendra jamais ce mystère de douleur et d'amour C'est devant ce spectacle, d'une grandeur infinie qu'un de nos plus brillanls écnvains a pu dire C'est a peine si le front prosterné dans la poussière, le Vepdredi-Saint, lorsqu'on est bien uni par la prière k Celui qui a voulu endurer pour nous l'horrible supplice de la croix, on peut sonder le mystère d'amour que contient l'ago- nie du Golgotha. Eh bien, c'est ce sacrifice sanglant que, d'une maniëre non sanglante la messe renouvelle chaque jour sur nos autels. C'est ce sacrifice que M. l'abbé Daens offre et continue d'offrir chaque jour k Dieu. C'est devant ce sacrifice, c'est devant C't autel que tous les chrétiens, que les membres de la Commission doivent s'incliner même si c'est M. l'abbé Daens qui officie. C'est k ce grand mystérè qu'ils devraient songer au lieu de se détourner de l'autel et de feuilleter les ceuvres de M Lenz pour leur demander si la Commission des Hospices a la libre disposition des batiments qu'elle administre. La messe est le renouvellement du Sacrifice de la Croix. Vous parlerai-je k piésent de la dignité du prê tre. 11 paraït que c'est un blasphème de comparer M. l'abbé Daens a Jésus-Christ. Or, l'Eglise nous enseigne que le prêtre qui célèbre le Saint Sacrifice prend la personne du Christ. Ce sont les termes mêmes du catéchis me du Concile de Trente. Ce n'est pas le prêtre, c'est le Christ lui-même qui consacre et qui sa- crifie. Telle est la foi catholique. Telle est la foi des demandeurs comme la nötre. Et par conséquent en barrant k l'abbé Daens le chemin de l'autel oü il célébrait, en lui fermant la porte de la chapelle de l'hopital, ils ont litté ralement chassé le Christ du temple. Rappelez-vous les temps barbares. Alors des passions furieuses secouaient l'humanité. II y avait des colères, il y avait des ambiiious, il y avait des haines. 11 est vrai qu'alors aussi les hommes se combatlaient et se tuaient franche- ment a grands coups d'épée, et qu'ils ne cher- chaient pas a s'étrangler hypocritement avec des ficelles administratives. Eh bien, en ces temps-lè les barbares avaient établi le droit d'asile Au seuil du temple, comme devant une barrièie rendue infranchissable par la Majesté divine, les haines, les colères, l'autorité, la force s'arrêtaient. Protégé par l'autel le criminellui-mêmedevenait inviolable. Chez les chrétiens civilisés d'Alost, ces grandes idéés n'ont-elles done plus de poids Ne percoi- vent-ils plus les splendeurs deschoses religieuses, puisqu'ils semblent se laisser absorber par le petit cöté des questions politiques et puisqu'ils per- mettent k leurs rancunes de franchir le seuil du Temple et d'aller toucher le prêtre au pied de l'autel oü il vient célébrer. Ah il faut frapper l'homme politique, et pour cela, paree qu'il est prêtre, ils lui fermeront les portes de la chapelle sans se demander seulement si, demain, ce prêtre trouvera encore un autel oü dire la messe. Quel motif pouvaient-ils avoir de chasser M. l'abbé Daens de la chapelle de l'hopital Aucun. Dans la lettre par laquelle on lui signifie que dans huit jours il devra dire la messe ailleurs, quel grief articule-l-on contre lui Aucun. Aujourd'hui les explications abondent. Les demandeurs soutiennent qu'ils ont agi avec modé- lation. En même temps qu'ils communiquaient a M. Daens ltur décision du deux décembre, ils ont, disent-ils, averti Monseigneur de Gand afin que celui-ci pourvut M. l'abbé Daens d'un aütre autel. Ce n'est pas ce que dit la lettre de la commis sion des hospices a Mgr l'évéque de Gand. Elle demande k levêque de prendre les mesures que comporte la situation. II y a la une nuance qui n'échappera a personne. Je ne dirai rien de plus,sinon qu'en cette occurence de puissanles interventions se sont manifeslées qui ont fait cesser les conséquences de l'acte que nous avons critiqué. J'estime qu'en critiquant eet acte comme nous l'avons fait,nous avons rempli un devoir impérieux. Nous ne nous élions pas trompés sur Ie mobile des demandeurs. Aucun doute nest plus possible aujourd'hui. Nous avions pensé que peut être noire honorable adversaire viendrait nous dire La Commission des Hospices a été obligée de prendre cette mesure. M. l'abbé Daens a mis sa patience a bout.C est un homme d'un caractère impossible, qui troublait le bon ordre a l'höpiial. M. Woeste. Ces choses-la ne regardent pas le tribunal. M. Renkin. Nous pensions que peut-être la Commission des Hospices avait été lorcee de pren dre la décision dont M. l'abbé Daens a eté victime, obligée de le metlre a la porte, afin de rélablir a l'hopital la paix qu'il troublait. Pas du toutII se trouve que sous ce rapport on n'a pas grand chose a reprocher a M. Daens. Un jour seulement, au mois de juillet, il a été indiscret. Sur la foi du Denderbode qui affirmait qu'il menlait en disant qu'il ne pouvait dire la messe qu'a 8 heures du matin, il s'est présenté vers 7 heures a 1 hópilal. On lui a inlerdit a cette heure l'accès de la chapelle et il a insisié un peu fort pour réclamer auprès de la Mèresupérieurc. Cela n'a aucun rapport, évidemment, avec la décision du 2 décembre. Qu'a done fait M. l'abbé Daens Ce qu'il a fait, noire honorable contradicteur nous la dit. Le 19 novembre dernier, dans un débat provoqué par une riposte qu'il serait difficile de trouver magna mme, il a prononcé un discours k propos des élec tions communales d'Alost. Dans ce discours, il y a deux phrases qui con cernent les Hospices d Alost, concédons-le. Or, parmi les membres de la Commission des Hospices, il y en a deux, si je ne me trompe, qui ont été élus conseillers communaux d'Alost ie 17 novembre. Un troisième comptait un de ses trés proches parents parmi les candidats. Or, dés que des journaux eurent affirmé que les élections d'Alost avaient été marquées par des actes de corruption éhontés, les étus conservateurs ont aurait ces journaux en justice et ce procés est actuellement pendant devant le tribunal civil de Tcrmonde. Disons, en passant, et pour répondre aux affir mations de notre honorable contradicteur que la lumière n'est pas encore faile sur ce qui s'est passé a Alost pendant la dernière période électorale. On ne peul pas alfirmer que les accusations de corrup tion qui ont été formulées sont fausses. Voicitrois semainesqu un juge a instruction agit a Alost et l'instruction n'est pas fime. 11 n'est done pas léméraire de supposer que eet honorable magi stral a trouvé quelque besogne a Alost, que p.ul- êtreil y a quelque chose. .Quoi? Nous n'ensavons rien. L'avenir nous éclairera. Quoi qu il en soil, on pouvait assigner les jour naux, 011 ne pouvait intenter un procés a M. l'abbé Daens. 11 avait parlé a la Chambre. II était couvert par l'immunité parlementaire. II lallait done l'atieindre autrement. Voila le secret de la décision de la Commission adminis trative des Hospices. L'aveu en a été fait tout k l'heure. M. Daens a été chassé de la chapelle de l'hópi- ta', paree quil avait attaqué la Commission des Hospices et que celle-ci était dans l'impossibilité de lui demander compte de ses paroles. Aux journaux on lait un procés. Au prêtre on enleve l'autel Done nous avons eu raison d'écrire qu'on a frappé le prêtre pour atteindre l'homme poli tique. Laveu des demandeurs justifie l'appréciaiion prétendüment injurieuse de notre article. Quand la décision de la Commission des Hospi ces a été connue, il y a eu un cri de reprobation. Des hommes trés considérables, vous le savez, ont déclaré que c'était un acte odieux. Ils ont ditCombattez l'abbé Daens comme homme politique, si vous voulez, mais respectez sa soutane, respectez sa chasuble et ne vous acharnez pas k élever de nouveaux obstacles autour de ce prêtre pour l'empêcher de s'approcher de l'autel. De grandes influences, le fait est notoire, se sont inierposées afin de lever les obstacles qui sur- gissaient sous les pas de l'abbé Daens quand il sapprochait d'autres oratoires oü on hésitait a lairc accueil k ce maudit. Ah 1 vous croyez que votre correction admi nistrative a fait illusion et qu'on a cru vraiment qu il était normal et juste de votre part de fermer devant M. Daens les portes de la chapelle de l'höpiialQue l'on ouvre un referendum sur cette question, que l'on demande, par exemple, sans distinction, k tous ceux qui se trouvent en ce moment dans ce palais Que pensez-vous de la decision prise le 2 décembre par la Commission des Hospises d'Alost contre M. l'abbé Daens?» Vousseriez épouvanlés du résultat. Vous pourriez vous couvaincre alors que tout le monde n'est pas aveuglé encore par la haine politique et l'espnt de domination, et que nous exprimions vraiment le sentiment quasi universel quand nous avons crié il faut que cette persé- culion cesse enfin et que l'on rende la paix a ce prêtre. Nous sommes ainsi faits. nous, les jeunes, que lorsque nous voyons des hommes puissants se grouper pour attaquer sans merci un homme isolé et faible, nous nous rangeons du cöté du faible et del'isolé, sans nous demander si nous par- tageons toutes ses idéés, si nous approuvons tous ses actes. C'est un spectacle qui nous dégoüte que cette chasse a l'homme, cette chasse au prétre menée par des catholiques, pour des motifs politiques. Nous avons exprimé ce sentiment de répulsion avec toute l'énergie dont nous sommes capables. Nous nous en félicitons et une chose nous étonne, c'est qu'il se soit trouvé des hommes, qui, chaque jour, s'agenouillent au pied des autels pour avoir le courage de venir nous reprocher ici ce mouve ment d'indignation. Nous nous sommes trouvés^douze intervenir dans ce procés pour revendiquer comme un hon neur la responsabilité de l'articleincriminé. Et notre honorable contradicteur ne saisit pas la signification de notre intervention. II plaide que nous avons voulu augmenter la puissance de l'injure et que nous aggravons notre situation. II plaide que nous voulons intimider la justice. Personne ne prendra au sérieux ces finesses. Hormi les demandeurs, tous ont compris notre attitude. Nous sommes venus k la barre, je le repête pour prendre loyalement la responsabilité de nos actes, pour exprimer, je le répéte aussi, le sentiment dé révolte i t de dégoüt que nous éprouvons devant ce: te chasse au prêtre menée par des catholiques. Nous 11e pensons pas k injuner les demandeurs. Nous leur avons ene Arrélez-vous Ne conunuez pas dans cette voie Voytz done quel spectacle et quelle le^on vous donnez a ce peuple, travaillé par les pires influences, et que seul, l'esprit reli- gieux, le respect de notre foi, la pratique de notre morale chrétienne peut sauverQuelles armes vous forgez pour nos ennemis I Que doivent pen- ser et dire les simples qui vous conlemplentQue doivent penser et dire les ennemis qui vous guet- tent. Voila, s'écnent-ils, comme les catholiques s'aiment entre eux Voila comment ils respectent leurs prêtres Voila la sincérité de leur foi et de leurs senti ments religieux I Eh bien, nous ne permetlrons pas que ce reproche puisse être fait aux catholiques, k tous les catholiques. Non! nous entendons dire haute- ment, nous voulons ener quil est des catholiques qui considèrent toutes ces lulles politiques, toue ces conflits d'ambitions, comme des choses secon dares. Oui I toutes ces ambitions, tous ces mandats pour lequels on se déchire, que sonl-ils Moms que de la poussière. Vous riez, M. Woeste. M. Woeste. —Jeris.de vous entendre parler ainsi des mandats. M. Braun. II y a des ambitions légitimes. M. Renkin.Laissez, M. Braun. Je méprife cette intcrruption.Jcne lareleveraipas.J'oseledire, chacun connait ma sincérité. Si je seis l'Eglise, c'est sans arriere-pensee. Jerepète que toutes ces querelles, tous ces conflus u'ambmon, ces man dats qui allument des passions passagéres ne sont après tout que poussière et qu'u imporie de placet au-dessus de toutes ces petites choses le respect des grandes vérités du cimslianisme, qui touchent k ce qui est immuables a la Divinité, a 1 Eiernilé. Et le jour oü des hommes partageant toutes nos idéés puliiique, agiraient vjs-a-vis d'un prêtre comme on a agi a Alost visa vis de M. labbe Daens, nous scnonsau premier rang pour uéfendre ce piéire, pour dire alors a ces amis ce qu= nous vous avons du aujourd'huiVous n ave/. pas !c droit d agir ainsi. Notre honorable adversaire lient particulière- menl k nous laire condamner pour caiomnie. Nous avons alfirrné un fait vrai et nous l'avons apprecie L'injure est possible. La caiomnie ne 1 est pas dans ue telles conditions. Mais vous avez affirmé, s'écne M. Woeste, que lts demandeurs avaient liansformé la chapdle des Hospicts en un club politique. Voila la uitfamation 1 En vérité les demandeurs aurunt été les seuls k simaginer que nous avions voulu les accuser d avoir fait donner des meetings dans la chapelle de 1 hópilal dAlost. Cette pürase comme les autres est une appreciation de leur décision. Jen insiste pas da vantage sur ces details. D autres les examineront et rencontreront plus complète ment l argumentation des demandeurs. J e m'arrêle, et je vous dis a vous, Messieurs qui allez juger ce proces, qui devait être, parait-il, noire aneanussemcnl et qui devait nous couvrir de honle, je vous dis Peut-être estuncrez vousquela loi est inflexible et que, eui-011 raison, même pour defendre une cause juste, il taut se garder des lories expressions qui seules peuvent rendre des sentiments puissants. Mais si, malgié noire convic tion, vous jugiez que nous avions uepassé les droits de la cimque, dans vos coeurs nous demeuierions absous. ruiuoiuiE I>li 11. CAIITOA DE WlAltT. Messieurs, Je serai bref. Ma parole ne pourrait rien aion- ter a 1 impression de la pjaidoirie émue et cmon- vante que vous vencz d'entendre. Mars ie dors accomplir ma mission qui est d assister specrale- mem dans ce proces deux journaux «amends Het Land yan Aeht et Klokke Roeland de Ninove qui se disent democrates chrétiens et tmi le sont. A un point de vu» géuéral, leur cause se con fond avec cello de la Justice Soctalc, avec celle d autres jouinaux qui, tout en ayant reproduit laiucle incriminé, ne sont pas repiésentés a ce procés, avec celle des intervenants qui revendi- quent la responsabilité de l'artrcle... Je drrai nlus leur cause se confond avec Ie sentiment de i'onit mon publique. Car, a tout prendre, ce quo nous avons dit tout haul, qui ne l'a pensé tout bas bi tous it ont pas parle, cest que beaucoup nc peu vent pas parier, ou n'osent pas parler. C'est un mouvement dop,non que vous avez a inner et non pas les quelques phrases qui en som" léxDres' sion. Ce que vous condamner,ez en nous condamnant, c'est l'mdignation elle-méme bfon plus que le cn d indignation... Cette indignation jugez la done... Détraeez 1, cause de rout ce qu, n'ea est que le décor? S? abstraction, si c est possible, de la des demandeurs e. des delendeurs. Nc re.enez que ceci. un prune a etc traquejusqu'au pied des autels, sans avoir comnns d'autre crime d avoir delend,i des idees qu, déplaisarent a dS homines puissants. Four avoir aihrme une uoli? quequil croyait être la bonne, - et qu'il

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La Justice Sociale | 1896 | | pagina 4