EPILOGUE
INCIDENT D'ALOST
im(1 Année
\o |o. Diinanchc mars 1898.
PARAIT TOUS LES SAMEDIS.
BBBBggll
HIIIIIHM
SOMMAIRE
La Justice Sociale.
,15 NUMÉRO 5 oïïNTfME'S.
\(1nnnifiLi'ali'H!
CHAUSSÉE DE HAECHT, 108,
Ihirxelk'ii-A'onl. K
Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et Sa Justice
Et le reste vous sera donné par surcroit
AIIOKNEMENTS
BELGIQUE
Trois mois fr. 1.50 I Douzc mois fr. 5.-
Six 1
Etrangor (port en sus)
Le prix ile rabomicnieiit pour los oitvriers
a 111 lies a la Ligue Dciuocraliqne Beige esl (le
2 francs 5o centimes.
ANNOIVCE
Qualrième page, 0.30 la ligue
Fails-divers, 2 fr. la ligne.
Les annonces sont regies a l Adininislralion
du journal.
La Justice SoriAi.K. L'incident rl'.llosl.
H. C. AY. Epilogue.
.1. Kknkin. Le cliiuh tie Jean tic. i\icelles.
FiiiusTia: Mu'iluntx*,'. clici'Cl-
itc?'
X .1 iim,ancle - Le Hie» Public
1 Kl ILL ETON
.A/VIS- - Tout ce qui concerne la
RÉD ACTION doit être adressé aM. Eugène
Stevens, secrétaire de laRédaction, 3o, rue
de la Charité a St.-Josse-ten-Noode.
de 1'ADMINISTRATION
de Haecht, 108.
La pressc quotidienne s'occupe beau-
coup depuis quclqucs jours .de l'abbé
Dacns et de la mesuredonl il vient d'etre
frappé.
L'abbé Daens ne peut plus parlor a
ses électeurs, il 110 pourra pas sollieiter
le renouvellemenl de sou mandat tels
sont les fails qui out provoqué eetto
grosse emotion.
Nous aurions pu déja entrotenir nos
lectcurs de cos incidents. Si nous no
l'avons j)as fait, e'ost parce quo nous
escomptions de la part de l'autoritó
ecclésiastique le retrait do cettc 1110-
sure quo nous avons ton jours considéré
etque nous continucrons a -eonsidérer
eomme étant de nature a infliger a la
cause catholique les plus crucls et les
plus irrépa rabies désastres.
Qu'on le veuille ou qu'on s'en dólende,
la mesure qui frappe l'abbé Daens sera
mal interprétéc dans les masses popu
lates. A leurs yeux, l'abbé Daens appa-
raitra toujours comme une victime sacri-
fiée sur l'autel du conservatisme.
L'autorité'ecclésiastiquè veut-elle done
({ue M. Woeste apparaiSse comme 1111
triomphateur
Nous avons la certitude qu'il n'en est
pas ainsiAutrement, comme déniocrate
et coinine clirétien, nous ne poürrions
que déplorer 1111e intervention, pour le
moins mallieureuse, de nature a provo-
quer dans les rangs eatholiques, a la
veillo des grandes futtes, les plus pro-
tonds déèhirements.
Sans doute, Mgr de (tand a voUlu la
paix il a cru qu'il sullisait d'éliminer
l'abbé Daens pour ramener 1'union au
sein de rarméo catholique alostoise... et
il a invité l'abbé Daens a ({uittor la scène
politique. C'était, pensons-nous, perdrc
de vue que, s'il y a des démocratos in-
transigeants, l'intransigeance n'est pas
le moindre (léfaüt dp certains conserva-
teurs. (Tétait jiordre de vue que les
démocratcs, les démocrales d'Alost s.ur-
tout, eux <[ui dopuis plus do trois aiis
subissenl les attaques sauvages des con
servateurs alostois, ne pourra ion t voir
d'un aal iinlill'éroiit el sans -se ssculir
ci ueiieuuail óiteints cu\-niêiQQ$, I'"'
D '.-n-- i'r;o-"é. fcmjjfi Af
sou implaeabi1 adversaire. continue
ètre présenté au peuplc comme le défen-
seur di Foyer et de la Foi. C'était enfin
perdrc de vue que les travailleurs alos
tois u'oiit pas oublié que v est M. oeste
qui a voulu la guerre il y a trois ans, en
repoussant les propositions pacifiques de
l'abbé Daens.
La mesure a done l'irrémissiblc désa-
va ntage, pour Alost, non seulement de
ne pas ramener la paix au sein du parti
catholique, mais ménio de creuscr davan-
tage l'abime qui sfqiare conservateurs et
démocratos Hainands pour le pays ca-
tholique lui-mèine, elle ne fait qu'aug-
mentcr la confusion des.idéés e.11 memo
temps qu'elle nous précipite vers une
politique fondée uniquenient sur des
intéréts do classes.
Nous n'en voulons jias dire davantage
pour le moment. Four nous, nous avons
lo droit de nous rendre cette justice,
qu'en celte circonstance eomme en d'au-
tres d'ailleurs, nous avons fait tout ce
qui était en notre pouvoir pour évitcr au
Farli catholique et a la Démocratie les
complications que nous prévoyons.
L'abbé Daens a déféré au Pape la
mesure prise par son Fvèque notre
devoir de catholique est d'attendrc la
decision dc Rome avec confiance.
Le manifeste de M. le com te C. van
der Stratcn-Ponthoz ail Cerc/e des Tndc-
pendanls de Bruxelles, le 29 jan
vier 1898, a eu son epilogue dimanche
dernier, a 1'assembléc générale de
VAssociation conservatrice de l'arron-
dissement de Bruxelles.
Les discours de M. Nerincx et dc
M. llonoré De Winde, que cette assem
blee a unanimement approuvés, auront,
m us n'en doutons pas, ivmis les elioses
au. point.
Tout le manifeste du président du
('trrle des Indrpendnnls pouvait se rosu-
ïn-T. en la formule suivante, renouvelée
de Sieves Qu'est-ce que le parti indé
pendant? Uien,011 du moins pen de chose.
Que devrait-il ètre? Tout, ou a -peu prés
tout. Le premier' tenue do cette
foèiiuile n'est pas autre chos< quymê
constatatjon, faite par Thonorable prési-
difit., eonstatation que nous n'ontendons
paj- cóntestcr. Quant au sewmd tenue,
c'< st l'expression d'un espoir peut-ètre
e.\ 'gé're. Mvan der Straten estime que
le parti iiidépondant doit euglobcr et
er .lobera les indifférents et les déses-
pf és, les lihéraux et les conservateurs,
ie de leute ospi'-ce... Qu'est-ce
»e, eliez L'lionorabie président,
igs i sj/drs et ces va
p, Tont ce rèvo se fonde sur un
s\ 'Ogisme (iont il nous sera facile de
dé lontrer la l'ragilité.
Voiei lo syllogisme, complaisamment
déj eloppè par l'honorahle jirésident
)Lc parti catholique, entrainé par le
mouvement démocratique, va devenir
ui| parti de classe. 11 faudra done un
autre parti pour rallier tons les conser-
vaiours et défendre leurs intéréts
mónacés. Que valent ees aHirmalions
Le parti catholique, dévoré par- la
démocratie chrétienne, tend a devenir
un jiarti de classe! El comment .M. van
der Straten essaie-t-il de démontrec ce
paradoxe? E11 pr.étendant que la démo
cratie chrétienne jouera vis-a-vis du
parti catholique le role que le socialisme
a joué vis-a-vis du parti lihéral! Eelte
these, nous l'avons souvent trouvée dans
YKtoile beige et la Flnndre liberale, qui
cherehent a se consoler de la decadence
dc leurs doctrines en agitant le sjH'etre
du socialisme noir
"•é'fëite thèse n'a jamais été prise aux
sérieux que par des naïfs. Et nous avons
peine a croire que M. van der Straien
méconnaisse la notion el l'histoire du
parti catholique en Belgique au point
d'avoir pu comparer le rajeunisse-
ïgent qui s'allirme depuis quelques
années dans le parti catholique, a la
decrepitude qui a provoqué la fin du
parti lihéral.
11 y a des partis inimohiles. Nés avec
des circonstances spéciales, ces partis
mèurent avec elles... Telles les maladies
infeetieuses qui disparaissent lorsque le
microbe qui les a provoquéus a rendu,
grace a ses toxines, le milieu inhabitable
pour lui-mème. N'étail-ce point le casdu
libéralisme qui s'alimenlail a deux
sources, aujourd'hui insuflisantes
rinditl'érence en matière sociale et la
guerre avcugle a rintluence religieuse?
Mais le parti catholique n'est pas un
parti co 1111110 les autrcs partis. 11 n'en a
pas les proportions restreintes. II n'est
pas sujet comme eux a une inévitable
caducité. Cr parti doit vivre. Pourquoi?
Paree ([u'il incai lie, dans la vie publique
of soci;i!<\ le combat spirituel qui n'est
pras seuleinent du domaine de la vie
inférieure. La charte constiliilivc de
ce part i, éérivait a vee raison M.
(iuillamne \'erspcyen, est inscrite dans
l'Kvangile qui a préclit que le 110111 de
chrétien serail 1111 signe dc contradiction
jusqu'a la tin des temps
Puisque ee parti doit survivrc aux
mille contingences de la politique,
quoi d'étojinant a ce qu'il suhissc la loi
dc la vie. xqui (>st l'èv oh'lion Immuahle
dans sou essence et dans ses principes,
(£1H;i d'élonnant a ce qu'il se modifie dans*
son organrmeQuoi d'étonnanl. a ee
n't! ->i t-
lactique au e< urant des prog res accom-
plis?
L'Eglisé catholique a subi tour a tour
le légisme et la féod'alité. Aujourd'hui
encore elle aecepte en France; la répu-
bliquc, eomme elle accejite ailleurs la
monarchie. Et l'histoire du parti catho
lique en Belgique est marquée depuis
1830 par des crises de oroissance sueces-
sives. Lorsque le lien fornié en 1830 vilit
a se relacher. la-quest inn des ministères
homogènes souleva de vives polémiques
en Ire MM. de Theux, Barthélemy Du-
mortier. Vilein XllII. Plus tard, en
1800, les calholiques beiges sedivisèrent
sur rattitiide a prendre a l'égard des
liberlés constitutiounelles. En 1879,
nouvclles controverses au sujet du man
dat impératif proposè paria Ligue pont
ic redressenienl des griefs. A prés "1881.
celui Involution provoipiée par la revi
sion constitutiounelle et par l'introduc-
tion de l'égalité politique. Evolution a
laquelle contribua l'expansion, dans le
parti catholique, des idéés démocra-
tiques. lette expansion, depuis lors, n'a
fait que se développer. Le parti catholi
que est entré dans'des eaux nouvclles. le
n'est plus la navigation ent re les herges
resserrées du eensitarismc. De station
en station, le vaisseau est sorti du tleuve,
le voila en pleinc nier Quoi d'étonnanf
a ce ({ue les mameuvres 11e soient pllis
les ïnèines La Démocratie chrétienne,
hien loin de eombatire le parti catho
lique, n'a d'autre prétention que de le
fortifier et de le rajeunir, en le pénè-
trant jdus jirofondément des principes
du christianisme social.
G'cst dans ce sens que j'écrivais ici
memo, il y a deux mois, ees lignesque
M. van der Straten eommente dans son
discours «La démocratie chrétienne
progresse malgrés tont, paree (ju elle a
pour elle la force de la justice imma
nente. (Test a ce progrès que npus conti-
n uerons a travailler sans relache, certains