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XIII (suite.)
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-^^STon mtefdite. -Toes droit, reaerveo
ySS k Petit Bleu d Liet
après la vente des tableaux de son pèrc. Son
créancier altendra. U safllt que son créancior
ait un pcu de eceur.
Klle disait cola avec des lipquets dans la
voix.
Panlieul si on s'était moquó de lui, si on
Tavait troinpê, le boursicr se vengeait bien.
Non, non, dil-il, le créancier n'atlendra
-pas paree que l'on n'attcnd pas pour une
delie de jeu. lit ce soir, a minui l, toul lepionde
saura, au ccrcle, que Jacques Mornans ne
paye pas sesdetles de jeu. Daraudvous a conté
une fois comment cela se faisaiton afflclio le
nom sur une glacé...
r est impossible 1 Un homme nc peut pas
être assez cruel pour exiger cc payement dans
les vingt-qualre heuresl
BUe sanglolait
Oh! c'cst Affreux!... mais non, non...
I-lle se dirigea vers la porte
Vous n'avez pas songé a cela, vous!
Louise est auprès de nous. Vous n'avez pas le
droit de lempèeher de sortir, elle. Eh bien-. je
vais lui dire ccci- Oou^ez chez voire frere,
snrhez le nom de son créancier... son créan
cier de jeu... et vous irez lc trouver; vous
lui iurerez que demaiu, avaiil dndi, tl sera
TOtvé On le payera le double... Eutendcz-
vous, Louise! Je le jure sur la tetc demon
enfant... Je ilounerai tout ce que Ion voudra;
mais je nc laisserai pas se conunettrc une telle
infaniie... Ah! vous étes agaqanl, a la nn,
avec votre mauvais rire
Vous m'amusez bcaneoup, ma chèrj
Ixtuise n'a pas Itcsoin d'allcr chez son frei
pour connaitre le nom de ce créancier de jeu
que vous ofl'rez de payer double: je veux. bien
le lui dire il s'appelle Gaston. Marsy,
Paule poussa un crielle battit dertx fois
l air de ses mains et Lomba sur le jjarquet.
Gaston alla ouvrir la porte derrière laquellc
se tenait Louise, et dit
Venezdonc soigner votre amic; elle^sc
trouve mal,
Louise souleva Paule dans ses bras ct la
couelia. Marsv avail relcrmé la porie it clef
cl mis la clef'dans sa poclie. 11 se relir.i dans
sa chambre. Pour sortir de la eliamjjrc de
Paule, il fallait passer par la sienne.
A propos, dil-il dun ton trés naturel,
vous avez besoin de quelque cliosr. vous me
trouvercz a cóté. Je resterai ici jusqifè. mi-
I nuit. A minuit, j'irai au ccrcle...
XIV
L\ TROISIËME PU ROl SCtNDUU
Paule était assez rapidement revenue de
son évanouisscment; mais le sommel s'était
emparé d'ellc aussitöt: U-était la première
fois dans sa vie de femme ei de jeune fille
qu'ellc avait eu a supporter de telles emotions.
Louise resta longlemps auprès du lit, hébé-
tée. dans une sorte de sjmcope, n'ay int plus
la notion de ce qui se passait autour d'ellc, ni
de l'heuro. ni de lend ruit oü elle se iron va it.
Ses ycux étaient ouverts; mais tout son corps,
son esprit dormaient.
Elle ne sortit de eet assoupisseniemque vers
jninuil;-les dernières paroles de Marsy bour-
donnaient encore a ses orcilles: - A ïni-
nuit, je partirai pour le cercle... -• Aliudy
faire afllcher, sans doute, le nom de so t l'rere
Elle se leva bmsquement ct alli daus la
chambre de Marsy.
Le boursicr lumait en suivant attentive-
mant la marche des aiguilles dc sen horloge
Renaissance.
Ticns, vous voici! prono:\a-t-jl._
Louise, les ycux hagards, rrpordil a voix
itassc/T,
1 II y a trois jours, vous m'avex ofiert de
m'achcter. J'ai refuse. Aujourd'hiu.-ie cousens
•i me vendre. Cela vous coütera quarante
mille francs... At-
Ah! vraiment! vous y venez!!..
Pas de mots inutilcs11 est ta/d j'ai be
soin de mon argent tont de suite. <iü_est-il
Causons un pcu, ma cbèrej vous savez
que je n'aime pas faire les choscs a demi. Qua
rante mille francs!... Vousvalez mieuxque
cela vous me direz a quel chifire se montent
touteï les dettes de monsieur votre frere; lc
tout sera payé...
Mon frèrc pavcra ses dettes véritables cn
travaillant. II ne s'agit, en ce moment, que
d'une dette de jeu... Quarante mille francs...
Pardon! c'étaitquaranbe-lniitmille...
Nous avons le restc. II me faut ces qua
rante mille! II me les faut tout de suite...
Jacques attend... minuit va sonner...
Marsy ouvrit son secrétaire ct cornpta lcn-
tement quarante billets de mille frar.es
Tenez, dit-il.
Louise ètendait la main pour les prendre.
Pardon, Louise, pardon, qui me dit
qu'après avoir sauvé votre frèrc, vpus nc
vousluerez pasVous en sericz capable... Je
paye comptaut, moi!...
Louise tressaillit.
AUons, continu». Marsy, jurez-moi sur Ja
mémoire de votre pèrc que vous nc mcntirez
jias.ii votre parole.
1 .ouise répondit avec indignation
Je vous defends de prononccr encore le
nom dc mon pèrc. Ccci ctmit un marobê,
ne sont j>as des serments, cc sont des ecrits
qu'il vous faut.
Et prcoant une plmnc, elle écrivit
u Jereconnaisavoir recu dcM. Gaston Marsy
la somme do quariuite mille francs, pour payer
une dette de jeu demon frèrc Jacques Mornans.
LOUISE MORNANS.
Avec cela, vous pouvez être sur que je
tieiulrai ma parole.
I Puis, elle dcscendit rapidement 1 escalier,
et se jeta dans la voiture de Marsy qui atten-
dait la porte.
Blémc, affolóe, cllc «mil plus la force dc
pleürer.
Minuit avait sonné.
N'aUait-clle pas amver trop tard t
Au moment oü elle descendmt ue v oiture,
devant la maison de son frèrc, elle cutendit
un coup sec...
Elle entrale soir, clle avait emporle la
clef ct put pénetrer immédiatement dans la
chambre de Jacques.
Lc malheureux avait attendu jusquaune
heure du matinpuis, il avait perdu patience.
A cóté de sa main, encore chaude, etait ie
dernier mot qu'il avait écrit:
Chère sceur,
i) Tu ne viens pas e'est que tu n as pas
trouvé. Et je me tue pour te laisser nobrc nom
Les recettes du Rot Scindiali et la vente
de la partition te permettront, respère, dc
payer mes créancicrsle premier de tous se
Sorane Gaston Marsy; eest a lm que je dois
les quarante-huit mille francs perdus hiei au
jeu sur parole.
Tu diras :\P... que je 1 ai bien aunoe.
Jc te supplie de me pardomier le nouveau
chagrin que je te cause.
je pais et te promets de porter a nos deux
vieux les dernières caresses que tu mas don-
lie'^T'u déposeras souvent sur Ie cayeau oü ils
dorment déja et oü je vais ;iupres
d'eux, ces beaux bouquets de ptuis des
champs que nous cucillions, 1 éte dernier, aux
Gadiettes.
J'avais fait un beau reve...
I Adieu
JACQUES MORNANS.
Devant lc eadavrc tie Jactpics, ics lanncs
lui revinrcnt.
Elle pleura le reste tie la nuit, agenomllée
auprès dc lui.
Et, quand ie jour fut vemi, cllc omrn la
felièlre pour respirer un pcu.
Puis, après avoir ifite les quarante bulets de
mille francs dans une enveloppe, au nom de
Gaston Marsy, elle s'agenouilla de nouveau
et se tua pour que son frère ne partit pas
La salie était absolument brillantc, le ven-
dredi, a la troisième representation du Roi
Scindiali, une salie qui eassait, avec désinvol-
ture, tous les arrêts de la critique.
On n'entendait que des éloges
C'cst vraiment adorable!
D'une fraïclieur!
Une oeuvre de jcunessc
Manquant un pcu de style
Je ne dis pas; mais... quclles inspira
tions!...
Le monde de la finance rendait visite a M.
ct Mmc Marsy, qui rcceyaient trés digncment
les compliments qu'on leur adressait.
C'cst. trés curieux, dit Daraud, le plus
sympatliique de nos clubmen, on ne voit pas
Mornans...
II sera dans les coulisses a papillonncr
auprès d'Hélène Marcheff, répondii un mala
droit.
Cc fut entrc lc troisième et le quatrieme
acte que la nouvelle du suicide dc Mornans ct
de sa sceur se répandit.
Paule, glacée, prise par la fièvre, n'avait
pas échangé une parole, depuis le matin, avec
son mari. Marsy ne l'avait pas quittée une--
seconde.
Et, a mesure que la nouvelle se répandaiï,
toutes les lorgnettes sebraquaient sur leur
loge.
Auprès d'eux, quelquun raconta la catas-
trojihe a haute voix. Paule se renversa sur sa
chaise
Partons, fit-elle. partons!
Son mari se pcncha vers elle cl lui dit de sa.
voix sèche
AUons done, ma chère, un pcu de len.uö,
tont le monde a les ycux fixés sur vous..^
Puis, après un silence, il ajouta
Si vous avez envie de pleurer, "cous jrez
demain au cimetière.
FIN.
PlERRÊ f iALES.
