SoiiYenirs dn Yienx Bruxelles
ia MORT D'UN GUEUX
STfPPL-ftMBNT AI' styjf
Eaccro une attestation
Bruges, lc 5 mai 1892.
AtteJntc, depuis piusieurs années, d'unc hyd:
pisio avco gonflement dos jambes, du venire, et
palpitations Üu cip.ui', J'ni la snlisfaction do vou-
.snnoneer ma guêrisoii compléte aprés l'emploi
d un beul flacon de volro excellente poudre ma.
Itytlro/Hnuc Slnrlqitc.
Collo guérison vous fait d'autanl plus honlieur
que les ïttênecinS m'avaicnt déjft fait, mois sai s
omélloration, plusicurs ponctions.
Croyoz, M. Marique, ma vive reconnais
sance,"ele. Eliso Buunjn.
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Galeries (6h.) La Cigule et Ia Fourmi.
Vaudeville (8 h. 4/4) Mimi
Alcazar royal (8 h.) Paul Martinclti. Un duel dans la
ncige lnaudi Cavalcada Rastaquoaera.
Molière (8 h.). La maison du baigneur
Alhambr» (8 h.) Carmen fln-ilc-siècle.
WluX-Hnll, lous les soirs, concert.
Panorama international (44, rue Fossé-aux-Loups), ouverl
de 9 h. du matin 40 li du soir Entrco 00 cent.
Mtiséc Castan (passage du Nord) ouvert dc 9 li. du matin i
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Musóes rtoyaux des arts décoratlfs et induslricls, Visiblcs
tous les jours dc 40 4 3 heures.
PortedeHal Collections d'armures, d'armes et d'ethno-
grapitie.
Palais du Cinquanlcnaire (alle droltc)Collections d'art
monumental, d'art décoratif, d art ancien.
Natation A ciel ouvert. Ma Campagne (St-Gil!e3).
est, coninie 1'on sail, la gröfcicuse re-
al ion en bronze d'un petit homnie(A!an«
d'un onfatit haut d'titie öoudèo» d'un
fixó dans nos mes, dil un do ses pané-
istesj caril n'a pas d'ailcs, orcupó :i... folio
,!i'r etproduisant. rtinsi un lilet d'cau lim-
11 est élevé sur un piëdestal, enchassé'
:;o coquille de bougoüt, garauti par une
5 for, el... fonctionne depuis des temps
ié- rcculés au coin de la rue do l'Etuve et dc
du Cbêne.
us ceux qui ont écrit sur les fails et ges-
u vieux Bruxellcs lui ont conSncrö au
s vin chnpitre, et nous manquorions a tous
oirs, si nous ne suivions pas le bon
\nn u!e do nos devanciers, en rappelant A nos
- ;rs'fin de siècle Ié souvenir de eet ancien
aois de Bruxelles, qui .a fait la joic do nos
j fres. Des volumes ont élê publiés,
i'antparle menu los diverges légendes
jines de ce petit bonhommo qui. pen-
s siècleê.a excilé les sympathies bruxel-
La Fontaine du Petit Jnlien
[Jtdiaenkens- Borrc)
Toutes les villes comptant un passé antique,
possédaienl autrefois quelqtie venerable souve
nir, elier au cix-ur dos liabitants, et dont los
origines se perdaient le plus souvent dans la
uuit des légendes.
Paris avait sa Samaritainc, resplendissant
sur le Pont-Noufson joycux carillon rassem-
blait les oisifs et les chanteurs. Bien des gons
du peuple a Paris n'ont jamais pardonné a
Napoléon 1CT de leur avoir enlevé ce vieux
souvenir de la oité- Gand tient a son Gros Ca
non, Liege A son Perron, et Bruxelles con
serve avee x-J palladium do -■ .-
de pierro cornlue h-t w.
dit Petit Juh'en.
L'Europe. dans ses grandes pretentions a la
moderne civilisation, a supprirné prosque par-
tout avec dédain ces antiquités, pour les rem-
plaoer par de froides colonnestoutefois nous
doutons fort que mêmo la Colonne du Con
gres puisse jamais atteindre l'ögo respectable
de noire Petit Julion
«Plus constants et plus sages, dit l'auteur de
la Chrcuiqua des rues de Bru.rrUes, los Beiges
ont su respecter cequ'avaient affccLi&mé lours
poroset suns nous oocuper ici dos autres villes
du royaumc, le Manneken-Pis n'arien perdu
parini nous de sa splendour des autres siècles.
Nous l'hororons toujoura eonime le plus an
cien bourgeois de Bruxellesnous le reeom-
mandons A tout élrangor que visite notre* capi-
tale et nous voyons avee plaisir qu'aucuu ne
s'en va sans avoir salué notre faccticux petit
compalriote.
On s'ost bèatieoup occupé de cette petite sta
tue trés eélébre sous le nom de Mannekcn-
oïi;£ tavahius r®aHeKjhos. noaftRrt8:, na-^ -
Lont.int parvenués a fixer d'une fa^on pré-
oiso les commencements du culte de cello
quasi-ilivlnité du vieux Bruxelles. Ellos n'ont
servi qua constater toutes sa tres haute anti-
quité.
Une des légendes los plus répandues veut
que la fontaine du Manneken-Pis ait été éle-
yée par un riche bourgeois de Bruxelles
d'aucuns disent mêine un iluc de Brabant
qui, ayant perdu dans une fêto populaire son
|ils unique agé de trois a quatre ans et qu'il
Aimait beaucoup, le retrouva au bout de cinq
joyrs au coin de la rue de l'Etuve, occupé a...
lbnetionncr comme il le fait encore.
D'autres, plus amis du inen-eillenx, font
intorvenir dans son origine une légende de
soreière.
Quelques savants assurent que cette statue
n.éléélevéc en l'honneur d'un petit gargon qui
s;)uva la ville de Bruxelles, vers le treizièma
siècle, en éleignant uno mèche au moyen de
laquelle les ennemis y voulaient mettre le feu.
II éteignit cette mèehe en 1'aiTosant dans la
position oii nous le voyons encore aujourd'hui,
tont comme Gulliver en usa sur le palais im-
përial de Lilliput
vF.n co temps de dynamite, cette fagon d'ó-
tciiidre une mèche mériterait certes encore
l'iionnourd'uue statue.
[D'autres histoii'es, plus merveillouses les
uiics que les autres, cimmlont sur ce sujet.
Nous renvoyor.s noslecteurs curieuxde détails
aux abondantes monogi'aphies du petit liomme.
Tër.t cola prouve, comme jel'ai dit, une anti-
qiiité respectable.
D'après le savant arebiviste de la ville, ces
I.'/ - itKsethistoiresdu Manneken-Pi^ bruxel-
lc .outdo purs conles, et son origine, qhi
ii vu 3 dc ute ii®n de particulier, est com-
Vi' £pi?oe, doit
.m qu'i1. er. f-sit. .1 parait bion êtabli que
<;.fjtefontainedéja eitée sous le nom de Mavne-
';'ni-Plst en 1452, portalt uussi a la mème
|oque lenom do Fontaine du Petit Julien.
lv' élait alors déoorée d'une statue en pierre.
I Cc lal lo 13 aoüt 1019 quo le cêlêbre sculp-
tifiir Jéi-ome Duquosnpy fut chargé par les
i-o •veurs de faire une nouvelle statue en bi-onze
tm Manneken-Pis, pour le prix de 50 florins
cW&hin. et qu'il próduisit la charmante rcuvre
cjui l'on admire encore aujourd'hui.
i Bien que la situation du palladium bruxel-
!<>i soit aussi inamovible que celle d'un juge
-JBiIgiquele petit bonhomme a subi
jdiJ.-ieurs Replacements facheux pendant sa
Jo.i|ue carrière.
ifn 1747, los Anglais venus a Bruxelles, tou-
lov.fs asuateurs d'originalités, emportaient le
jM hneken-Pis dans un i'ourgon, quand las
kibitants de Grammont trouvèrent moyen de
Feuim.uton du SOIR dc 22 mai 1892
Que m'apporlez-vous la
Le sac a bijoux de la baronne, t l i'escar-
colle de voyage du vicomte...
Qu'y a-tril dans cctto escarcolle
Je l'ignore. Elle est forinée a clot.
comme elle a été eulevóe a M. de Presles
moment ménie de son arreslation, j'ai cru m.
nion 'flevoir .do.fésftrver a n
sieur le juge d'inslriiction lo soiu dc la
ouvrir sous scs ypnx.
Déjioi-oz ces objets sur mon bureau Bion
Ditcs-nioi, Jobin, depuis qu'ils sont arrètés ei
gardés a vue, les pi éveuus n ont pu com,;.,
niquer ensemble et s'entendre pour leurs ré-
ponses, n'est-ce pas
11 leur a été matérielleraent impossiblo
d'échanger soit une parole, soit un signe.
A mervciUe.. Allez transmetüe mo
ordresala Goneiergerie; qu'on m'amènesur-le
champ le vicomte de Preslea. et tenez voi
ma disposition Je puis avoir bosoin de vous
d'une minute a l'aulre...
Jobin, singulièroment penaud d'avoir été ;.i
mal compns, s'inclina et sortit.
Dix ininutes après, Gilbert laisait son entree
dans le cabinet tendu de papier vert et meublé
d'un grand bureau chargé de dossic-rr,
d'un fauteuil pour le ,iugo d'instruotion,
d'une chaise pour le greffier, et de deux au
tres sièges.
Rien ne se peut imnginor de plus mei-
quin que l'aspect général do ces pièees 611 i
tos qui se ressemblent toutes, et qui, mi"
Reproduction lnterdllo).
'gi'e (leur vulgarité, semblcnt sinistres quand
o.i sé souvient que la justice y prepare le ter-
,7'i/ile travail dont l'éahafaud est parfois le
idiijnior mot.
Comment exprimcr ce qu'avait souffert le
jeune komme en traversant ainsi qu'un cri-
ininel, sous la conduite d'un gendarme, un
labyrinthe do couloirs, en gravissant des osca-
liers oü il rencontrait d chaque pas des avocats
en robe, qui, eurpris de son apparence
Jdistinguée, lo regardaient curieusement, et
•arlout en pénêtrant dans la longue galerie
l i de gens dont quolques-uns pcut-étro lc
1 cvr.nairsaieitt.
si-ntait son ccour comprimé douloureuse-
'mme sous l'étrcnito d u^ie main impi—
I.a bonte, l'angoisse, !a colore résul-
j ia: <lu sentiment de son impuissance absolue
a' ..t afiluer le sang a son cen*cau. los
de ses tompes battaient avec une vio-
inou5e, il ne distingnait rien il lui scm-
11 que sa tète allail éclator
i in anclussant le seuil du cabinet, en se
1 ivar.l en presence du magistrat, il éprouva
un oulagoment relatif.
allail done enfin pouvoir s explitjuer. La
1 ièrt se ferait dés sc-s premières paroles. La
ion effroyable qui l'écrasait touchait cer-
"•.•inent il son lerme.
i xe disant ces chosea, il respirait plus
iimnt. Le nuage qui l'aveuglait devenait
i - i ns opaque.
salua lo juge ^instruction en hommo du
Boulleau-Duvernet no lui rendit pas
aalut.
otu nouvelle blessuro, cette blessure inat-
j t. me, fut horriblernent cuisante pour M. de
si -Dans quel abiino roulail-il done? Trou-
- 1 ennemi devant lui, au lieu du sau-
r-spéré?...
w.i cceur, düató un instant, se serra de
icjuviidic cn seiar t, oj;; api-ós que l'eiineuii
eüt quitté la con live, ilji lexposèrent eur la
Grami'Place de leur villejjofl l'on pout encore
en voir une copie, rorigitihl ayant élê bienlöt
réclamé par les BfOxolloij.
Peu de temps apivs..iLouis XV entra a
Bruxelles. Les Francais leur tourvolèróiit la
pelito statue qu'ils ne laa'arciit pas trouver
omban'assantc, devant l'eaoi et la colore de la
population bruxelloise.
lis la déposèront a la rhrlo d'un cabai'et, au
coin de la Petito-Uo. GetJ rénement, qui aVoit
euusó une grande fei moia ition dans Bruxelles,
faillit s'aggraver cncovc. Le petit bonhomme,
remis en place, fut in sul té par quelques grena
diers frangais;Louis XV. -iour éviter une grave
collision, l'ut oblige d'imjirvenir. II donna au
Manneken-Pis ui: habitc') chevalier, avec le
droit de porter l'épée; Kwiconféralanoblesse
personnelle il ne mai .junit plus quo de la
donner a ses descendants et lo décora de
la Croix de St-Louis,cc*iiji imposa aux troupes
la nécessiló de le rcspccio mème do lui rcndrc
lc salut militairo.
ÏIim» fois 'meere,' j.ynimencemont do ce
rièclê, cn i51i, vu .?ir un forgat libéró,
nommcLycas, Manneke,.V'is fulheurcusemcnt
rctrouvé, avec la memo chance heureuse qui
nous l'a conservé jusqu'ivi.
Le voleur fut condanv. p aux travaux forcés,
comme destrucleur de m-iuurients publics!
ün fait prouve combi-,i la conservation du
plus ancien bourgeois del Bruxellcs est, dans
l'opiniou populaire, le gi'jo do la prospéritó de
Ia ville e'est quo lors du bombardement do la
vieille cité par lc marécbil do Villerov, la pre
mière chose miso en A u sur, a l'abri dos
bombes de Louis XIV co fut la slatuo de
l'antique Petit Julion. L: 10 avril 1G95, les
bourgeois de Bruxelles 'e. replacèrént sur son
piëdestal, au milieu d'un grand enthou
siasme.
A maintes reprises, du pesto, ce symliole du
porte-bonheur do la cité fut l'objet de grandes
distinctions. Les faveurs 'de Louis XV avaient
eu des precedents. DéjaJa 169S, l'Electeur do
Bavière lui donna de rifcöes habits, lors d'une
l'ète offerte par ce prince m Grand Sermcnt des
ArquobusiersL'empereur Max imilien le décora
do ses ordres. Après l'c pulsion des Autri-
chiens, on lo para en iVS9 de la cocarde do
Brabant. Napoléon Icr, scllicité de lui accorder
aussi une faveur, lui eon^ba Ie litre do cbam-
bellan.Dos poètes lui ont flédió leursouvrages:
des pailumeiu's ont ifltisUé <le son nom leurs
catix de senteur; de ric.L s bourgeois et dos
princes lui ont constitué es rentes. Vers 1S22
encore, une dame de Brütellos lui laissait miilo
florins dans eon testa mei: V!
II posséde huil lu.i i',^ -r eJe tenue, sans
compter la blouse patrio' 1S30; son va-
let do chambre, char. -tte cl nommé
par la commune do ah- an
deijéi cents Jk.rinr Jajf
~try-dqmutjuós
ètöit. occupé nar M. i'clsaux, ins-
pocteurgénéral deser.,..-h de Bruxelles.
11 nous a été donné :'i époque do pouvoir
visitor la garde-robe du 1 v!it Julion, préciouse-
ment couservée uar.s uut ^irmoire de l'IIötel do
Ville, ot nous pouvons ct tüier qu'il possédait
alors, entro autroa souvenirs d'une munifi
cence royale un jabot tt dos manchettes cn
dontollcs du plus fin point' de Bruxelles.
Enfiu, ses revenus ars i/. considerables sont
assis sur des bions fonds, t cq n'est pas notre
préeieux Manneken-Pis qu'on eüt jamais
attrapó a se faire noiiuner adpunistrotour des
sociétês du comte Langr.rud-Dumonceau, ni a
placer ses roVehus en actions-de Panoramas.
L'sdminirtra'.ion da re?, iiiens est confiée a un
avoeat dislinguó de I ruxcllcs. En 1843,
M. l'avoeat Strass occup.vit ens fonctions aussi
rechercbées que. do nos jours, cellos d'aide do
camp du général Belliard.
Les etrangers corapiviuiont plus difficilo-
nouveau.
Le juge d'instruction lui indiqua de la main
une chaise lbncéc de cri,n noir, placéo devant
son bureau, et dit
Asseyez-vous...
Gilbert obéit.
Monsieur, mumura-t-il d'une voix qu'il
s'eirorgait vainerneut de rendte assurée, l'agent
de police chargé nar vos ordros do proceder
hier mon arreslation m'a laissé comprendre
qu'une honteuse accusation pesait sur moi...
Uno accusation do vol Tt y a la, monsieur,
un effroyable mal- Ron. j 'ai bate de me
justifier d'un crime !:..p. t je vais.
Attendez qua i - v -oge, ordnnna
sócbemcut lo jup^ f::on. Grelller,
écrivoz.
Gilbcrtbaissa la tète )c in; Récouragement
profond.
G'est un ennemi. p u sait-ü, je suis
perdu!...
Aprosun instantde sil Roullcau-Duver-
nct corrunenga rintcr-og. c. -
Quel est votre non iemanda-t-il
Gilbert-Roné, vicomte ue Presles.
Votre &ge
Vingt-3ept ans..
Etes-vous inarié
Je suis gargon.
Oü ètes-vous nè
Au chateau do Pvc n Picardie.
Ce chateau, dont portos le nom,
vous apparticnt-il
II a été vendu it y n 1 z - ans, après la
mort de mon pèrc, au nu ut oü on liquidait
lea allairos do la sucvi-h,
Oü dcnieurcz- vous
A Paris,rue Nrir- - Uiurins, n® 21.
Quelle cstvclro piv u-n?
J'ai suivi les cour: AA oio de droit ot
passé mes examens... Je n - roeat.
Vous Metes point inscrit au tableau de
mont l'cnthousiasme' des Bruxellois pour eet
antique palladium, consiilóré comme le dieu
protectour do la cité. 11 est eurieux do
ï'éimir leurs impressions. Un auteur anglais,
en 1843, éciivait ces lignos «Derrière l'Hótel
dc Ville de Bruxelles se trouve lacélèbre sta
tue nominee lo Mannekin (sic); une statue
beaucoup plus inconveuante (indelicate) quo
grauieuse, et a laquellc je n'aurais ccrtaine-
ment fait üuouno allusion, si ce n'était quo
cetto petilo figure indecente est considérée
par lo pouplede Bruxelles comme uno sorle de
patron do la ville, un dieu du foyer domeslique
sans lequel leur cité se perdrait.
Co qui n'empêchc pas l'auteur anglais de
Consacror six pages de son volume a notre
indecent Manneken-Pis
Dix ans plus tard, un écrivain frangais juge
le mème sujet avec uno légèreté toute pari-
sienne.
Nous ne saurions, dit-il, décemment
omeltrc, en fait de monuments nu do curiosités
bruxellois, le Manneken-Pis. Qui ne con-
nait, au moins de imputation, cette facétie
locale, d'ün sel un peu gros et d'une définition
assez embarrassante en la prude langue fran-
gaise
Le Flamand ne connalt aueuno de nos
vergognes; lo Flamand dans les mots brave
l'homiètcté lier ist verboden te pissen est
une inscription qui so lit fréquemment sur les
monuments publics. Or, le Manneken-Pis est
lnrncmcnt assez flamand d'une assez hideusc
fontaine (oh! oh!) formant l'angle des rues do
l'Etuve ct du Chêno. La statuette elle-mème
est jolieello est do Duquesnoy, en bronze, et
a été substituée au XVII® siècle a une précé-
dente cn pierre, qui existait la de temps im
memorial. II n'est sortedecontesquonn'aitfait
propos de cette petite impudicité artistique.
Sous la plume d'un Parisien, qui nous donne
aujourd'hui les feuilletons du Gil Bias et de la
Lantenie, cette petite logon de morale pratique
eflarouehée, a propos d'un moutard qui fait
pipi, est tout a fait amusante.
Puis l'aulcur continue
G'était le palladium de la ville, comme
l'est le fameux Perron a Liégey toucher eüt
été comme porter la main sur les dieux-oignons
ou dicux-chats de l'Egypte. Ce qu'il y a de
certain, e'est que cette gaillardiso trés har-
die [sic) a été depuis piusieurs siècles et est
encore parfois uu texte de plaisantcries peu
varices.
Le Manneken-pis est chevalier de je ne
sais combien d'ordres. A certains grands jours,
on l'habille de pied en capon lui met l'épée
au cóté et ses crachats en sautoir. C'est dans
cot équipage majestueux qu'il remplit son office
de borno-fontainele quartier nc se sent pas
d'aise, et les passants riont a se tordre. Voilii
un beau sujet do gaioté, en effet. Piusieurs
souverains ont c leur cour aux P -iel-
loisetl ih-'t; ridicule r 1
Bavi're, chevalier debt-Louis, grenadier de la
garde, officier de la garde civiquo, et ie nc
sais plus quoi encore.
Et voila co qui peut s'appeler de l'esprit
d'obsorvation trés parisien.
Combien je préfère eet éloge du Manneken-
Pis par un autre éci-ivain
Le Moniteur frangais, dit-il, qu'on a pré
senté sous l'allégorio du dieu Termo, pour
ténioigner do sa mobile immobüité, doit céder
le pas uu plus ancien bourgeois do Bruxelles.
Le Manneken a salué tous les règnes. Constant
dans son inconstance, s'il a changé cent fois de
couleurs, il n'a jamais changé de sentiment.
Bien différent do ces hommes qui donnent des
mades au dieu qui s'cn va et qui se prosternent
devant tout solcil levant, le Manneken-Pis ne
s'est mis a genoux devant personne et n'a in-
sulté aucune infortune; ruais il a porté toutes
les cocardcs.
Pour lo Manneken-Pis, la patrie c'ost lo
ruin de la rue de l'Etuve A Bruxelles. II a été
Bonrguignon sous les dues de Bourgogne
Ailemaml sousMuximilien; sous Charles-Quint,
Espagnol; guoux pendant les Irouliles; Autri-
chiensousMai'ie-Thórèse; rcpublicainen 1794;
Francais sous Napoléon IC1'; quasi Hollandais
sous Guillaume; Beige sous Leopold, et jamais
CKne l'a vu plus satisfait qu'aujourd'hui!
Joe D. X.
P.S. Une erreur s'est glissée dans notre
dérniore causerie, au sujet de la colonne du
iiongrès.Nous avons dit,d après une brochure,
que le sculpteur Van Hove avait seul obtenu
la grande médaille d'or a l'exposition de Paris
en 1855. Or, M. le sculpteur Fraikin vient de
nous faire voir une médaille d'or, grand
module, qu'il a obtenue a l'exposition de 1855,
pour l'cnsemble de son oeuvre. Rendons a
César ce qui lui appartient.
J. D. X.
Lo second volume des Souvenirs du Vieux
Bruxelles, par Joo Diericx de Ten-Hammo, 9
jiaru.
Voici le sommaire dc co II" volume
L'IIötel du Ville. La Grand'Placo. L'Alléa
Verte. Types disparus l'Abbó Peurette. La
Foivi de Soigne. Les Gèants. La fêto des fous.
Mioliaëls. La Féte du Vossegat. Les rues
de Bruxellcs.Le magnétiseur Monlius.Mceurs
pt coutuiucsLa Biéi-c, les Cabarets, Eslaminets et
Cafés. La Tour Noiro. Types disparus Sir
Francisquo Tapon Fougas. Uno maison de la
rue du Flandre. Coco Lulu. Feu Bochart.
Lc Murché au Poisson. La chaise de poste.
De Bruxelles I.ondres en 1830. Les souter
rains du Vioux Bruxellos. Le Temple des Au-
guslins.
Depuis l'aube qu'il avait quitté la berge du
fleuve, ou il s'était étondu, la nuit, pour .som-
meiilor, il avait en vain imploré la charité de
ceux qui passaient, insouciants, dans la rue endi-
mancliée.
II n'aVait pas mangé la veille, non plus quo
l'avant-veille. Et scule la Wallace bienfaisante
lui avait prodigué sou eau pour lo soulager.
Par les ruès, par les cours, il avait trinque-
ballé sa pauvre vieille carcasse d'homme qu'un
l'ibcur continuel de soixante années avait brisê,
usé jusnu'a la corde, rendu incapable mème de
pouvoir maintenantse charger d'un fardeau.
Et de sa voix dolentc de septuagénairc, il avait
murmuré des appels a la pitié, chantonné ses
vieux refrains d'atelior pour attiror l'attention.
Mais a ses supplications personne n'avait ré-
pondu. On cn voit tant de mendiants, n'est-ce
pas II en est tant qui se jouent de la charité
publiquo Et puis... cliacun pour soi
Ceux qui lc frólaient, dans la rue, murmu-
raient un mot do condoléance, bornant IA leur
aumóne, ou bien alors ils ne le remarquaient
mème pas.
Et la journée s'était ainsi passée, longue et de
soulTrancft, sans qu'un sou tembat dans sa main
•h'un petit sou ijui lui eüt permis d'apai-
- mout 5 >a effroyable disette
hapuis.
ourtant pas un fdir.e.uit que 1
l'ordro?...
Non, monsieur, et je ne l'ai jamais été...
Que faitos-vous done?
Rien.
Vous ètes un homme ae loisir Alors
vous ayez de la fortune
Trés peu.. Mon pere ayant compromis
prosque tons son avoir dans des spéculations
inalbeurcuscs, j'ai liérité seulemont de cin-
quante mille francs.
Deux mille cinq cents livres de rente...
On 110 mène pas avec cola l'existence mondaine
qui est la vótre.
Un proche parent. un onclo... le mar
quis de Favorne, vent bien me sorvir une pen-
ciou nnuuclle d« mille eens...
Cinq mille cinq cents francs vous siu-
fisc-nt-ils done pour faire' face aux besoms
matériels et subvenir aux frais do votre élé-
gance
Je vais beaucoup dans le monde... Je
sui9 un joueur de nbist qu'on dit habile, et la
chance me favorise.
Ah ah l'argent du jou et vous lo
comptcz parini vos ressources?...
Pourquoi non
II y eut un nouveau silence puis le juge
d'instruction, regardant M. de Presles bien 011
l'ace, lui dit brusquement
Vous ètcs l'amant do la baronne "Worms?
Gilbert tressaillit et devint pourpre.
Non, monsieur!... répliqua-t-il avec
force. Non cent fois non Vouscalom-
niez la vertu la plus pure
Ainsi, vous nicz l'évidence
Cetto évidence, oü done cst-ello?...
J'éprouve pour madame Worms une affection
profondo et respectueuse, un «lëvouement sans
hornes...Cola, je l'nvoue ct jo m'en fais gloiro;
mais je défie !o mon 'o entier de trouver rien
qui ne soit absoiuuiont eba?'e dans mes rela
tions avec c:le...
Dós i'.'tgc dc douzc ans il avait peiné, dépensé
scs forces au service de l'industrie, en des ate
liers enfumOs, faisant rebondir son lourd mar-
teau sur l'enclume sonore oü se fagonne le fer.
Après son service militaire, il s'était marié a
une jeune ouvrióre qu'il adorait. II avait eu d'elle
deux petits qui, par lours caresses, lui faisaient
oublie:- la duretó de l'existence. Ayant fait quel
ques économies a force de bonne conduite, il
avait voulu s'établir A son compte, bricoler. avoir
la satisfaction de ne plus ètre chez les autres
Et alors que son commerce prospérait, le mal
heur était venu, accablant. La femme était
morte. Frappée dans ses meilleures affections,
il ax-ait lachê la bride do ses affaires, s'était en-
detté, et un jour on était venu le saisiril avait
vu tout son petit ckoz lui se disperser, sous la
griffe des liuissiors et des gens de loi.
Bravement, i>our ses enfants, il avait alors
repris du travail chez un patron. Mais le mal ne
dovait pas arrêter la son muvre. Coup sur coup,
un jour, ranglue avait emportó dans la tombe
lea deux bambins.
Dites-moi quel a été l'emploi de votre
toinps pendant la soirée d'avant-hier, a partir
de onze heures du soir.. Jo vous préviens,
pour vous éviter d'inuliles mensonges, que eet
emploi m'est connu minute par minute...
Pourquoi me le demandez-vous, alors?..
-- Vous ctos ici, non pour m'interroger,
mais pour me répondre... Répondez done
Jamais trouble ne fut pareil a celui de Gil
bert. Chacune des paroles qu'il allait pronon-
cor serait uno accusation contre Valérie, il le
comprenait bien, et cependant il fallait parler,
car le silence l'accuscrait plus encore...
II tremblait...
Des goullcs d'une sueur froide perlaient sur
sou £ri'i:t A la nu.iue dc scs chcveux.
J'attends, dit le juge d'instruction.
Eh bienmonsieur, halhutia le vi
comte, je suis arrivé en voiture, un peu avant
ininuit, A la porie du jardin qui so trouve der
rière l'hótel du baron Woitos... J'ai pénêtré
dans ce jardin...
Par la petite porte, naturelloment?...
Oui, monsieur
Vous aviez une clef de cette porte?..
J'en avais une, repondit Gilbert d'une
voix fuible comme un souffie.
Vous la teniez do la baronne, bien en-
tendu. ct cetto elef vous ouvrait, non seule
mont le jardin, mais la maison, mais la cham
bre de la femme du banquier.
Jamais, monsieur, cria Gilbert, jamais,
non, pas une fois, je le jure! pas une seule
fois. je n'ai francki, ïa nuit, le seuil de
l'hótel...
Ainsi, selon vous. reprit Roulleau-Du-
vornet,vos rendoz-vousnoi-luine <avoc niaJame
Worms avaient lieu dans lo Jardin
Oui, monsieur, et ce que vous nppelez
»!*s rende ;-vous n'ötaient que des causei ies in-
liiues. duvant quelques minutes tout au nlus et
A de louga iaiervallos...