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Vendredi 8 Février 1907
54» année n® 39
Vendredi 8 Février 1907
L'ABONNEMENT
10 centimes.
Ssemples d'Outre-RMn.
Revue de la Pressê.
La Istfre pastorale de S. G. Mgr Mercier,
A.D.V.N.
PRIX
Pour Ia Belgique: ÏO fr. par an.
Iiollande et G.-D. de Luxembourg
fr. Pour lea autre» pays34 fr.
ON 8'ABONNE POUR GAND]
au bureau du journal, rue aux Tripes,
N* 19 (prés de la rue aux Draps). Bureau!
•uverts dr 8 h. a midi.
four las autres localtUa da pays
tux bureaux de la Poste.
Toute deuiande d'abonnement pour
l'Elranger, adressée k l'Edileur, doit être
•ccompagnée d'un mandal-poste.
Prix du numéro
PRIX
DES
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ANNONCES-AO centimes la petit#
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1 franc la ligne. RECLAMES Jaoa
le corps du Journal et AVIS F1NAN-
CIF.KS O francs fa ligne. RFPA-
R VTIONS JUDICIAIRKSlï frsnci U
ligne.
On tfalto d forfait pour i«s
Annonces souvent répétoa».
BUREAUX
OÜVERTS DE 8 HEURES A MIDI.
Pour les Annonces et Réclames de
la Belgique, i l'exception de la Flandre
Oriëntale, ainsi que pour celles des pays
élrangers, s'adresserï MM. J.-Ji. Lcbegu#
ct C'#W, rue de la Madelein»
Bruxeiles.
Let insertions sont payables par
anticipation.
Première Edition.
Hares sent les scrutins qui out occupé rattenlion
européenne aussi aclivemenl et aussi longlemps
que les ilernières elections du Reichstag. En Bel
gique surtoul,les divcrses phases de la lulle out élé
suivies avec le plus vil' inlérct. Non seulenient les
calholiques onl accoinpagné de lours vcciix le Centre
et ses candidats, mais les anticléricaux anssi out
épousé la cause, qui des nalionaux-libéraux, qui
des socialises.
Ce n'est pourtant pas qu'il y ait parallélisme
entre la classification des partis en Allemagneet la
classification des partis chez nous. Nos hbéraux,
lorsqu'ils se fëlicilcnt de la victoire remportée
par le chancelier et par leurs frêres d'Oulre-Rhin,
semhlent oublier de quels elements hétéroclites se
compose cette majoriléde «frêres». Les élus natio
naux-lihéraux, en somme, no sonl que 55 sur 597,
ct pour exercer une influence decisive sur l'orienta-
tion du gouvernement, il leur faudrait grouper
autourd'cux tons les conservatcurs de dróite, et
jusqu'aux agrariens et aux antisémites.
On n'apcrcoit done pas les raisons pour lesquelles
certaines leuilles libérales d'ici et d'ailleurs enton-
ncnt l'hymne triomphal. A coup sur, co nc peut
ètre a cause de 1'écrasante défaile suhie par les
socialistes; moius encore, a cause de la magnifiquc
allure du Centre. Scrait-ce parce que le Centre,
malgré le succes oblenu, est relégué dans 1'oppo-
sition, n'ctant point assez nombreux par lui-méme
pour revendiquer unc part dans le gouverne
ment?
Est-il bien certain, cepcndant, que lc Centre
deviendra désormais un parti d'opposition Beau-
coup d'hommes politiques pensent, au contraire,
que le gouvernement s'appuierait voiontiers sur lui
etsurlesdeux fractions conservatrices du Reichstag,
les conservatcurs purs et le parti de l'Empire.
Admcltons que 1'alliance du Centre soiUpeu sure»,
colonic l'a declare le chancelier dè Bulow au cours
de la propagande electorale. Le Centre n'acceptc
pas, en cfi'et, de s'asservir au gouvernement et
d'ahdiquer son programme pour les avantages que
Familie du gouvernement eonfóre. li entend
émettreun avis lihre et tin vole libre, dicté paria
justice etpar l'intérèt general, sur les projets qui
lui sont soumis.
Grave inconvenient aux yetix des minis tres
mais inconvenient moindrc, somme toute, que de
s'appuver sur une majorité trop higarrée, et d'avoir
a relenir dans la sphere d'allraction gouvernemen-
tale chacun des pet its groupes dont la majorité se
compose, groupes d'autant plus exigeants que la
majorité se trouve a leur merci.
La question de savoir quelle lactique le chan-
ce'ier adoplera est presque secondaire. I)u moins
le Centre lui-mémc la juge.-t-il ainsi. Aisément il
se consolera de ce qu'on" ne veul pas gouverner
avec lui. Sa force est telle qu'on ne saurait gou
verner contre lui ni memo, bien souvent, sans lui.
Comme aux jours de Windthorst, il reste line
tour parlementaire.
Tour inexpugnable, d'abord a cause de sa force
numérique et de sa discipline, puis aussi parce que,
dans la confusion générale, clle conserve sa phy-
sionomie haute et unique. Entre le premier scrutin
et les ballottages, le Centre a été assiégé de solli-
citations diverses. Un pen partout, et de lous
cótés, on quémandait son appui. II s'est tenu ait
large des eoinpromissions qui pouvaient altérer
son caractè/e. S'il y a eu de ei do la quclques trés
rares exceptions k cette conduite,chose inévita-
ble dans un pays de suffrage uninominal elles
n'engagent point le parti.
On ne saurait trop insister, en Bclgique, en
France el ailleurs, sur les merveilleux résultats
qu'a produile, pour la défense religieuse ct pour le
progrês social,'celte pnité de vues, maintenue étroh
tement jusqu'a ce iourdans une nation ou coexistent
des aspirations, de? intéréts, des temperaments si
varies.
Titchons, nous aussi, de fortifier les iien^ (J'.1'
nous unissent, non par des appels banals a 1'union,
mais en tenant compte de loutes les revendications
legitimes importantes qui se manifestent au sein
de notre parti.
Nous complons dans nos rangs des industrieis,
des pelils bourgeois, des onvriers, des paysans.
Persuadons-notis bien que, s'il peut y avoir income
patibilité entre certains programmes, il n'y a pas
antagonisme entre les intéréts légilimcs'de ces
divcrses categories sociales. S'il est blamable el
danjjjereux de courtiser les appélits ct les rancunes
populaire», commc Font fait les sci.ismocrates sous
couleur (ie Servir la démocratie, il ne l'est pas
moins de flatter leg resistances du doctrinarismc,
dans le fragile espoi'r de former line concentration
conservatrice. Toute faule coiïilil»se_ cot égard
a l'un des poles du parti, appellerkit immanqua-
blementk l'autre pole une erreur analogue.
II nc faudrait pas croire que la double ten
dance, démocratique et conservatrice, n'existc pas
en Allemagne, comme chez nous. Mais on a so se
gardcr de sacrifier 1'une a l'autre on a cherché
surtout non a faire d'hypothétiques recrues fors
du parti, mais a discipliner lei esprits au seiri du
parti. Et grace au continuel contact des élus avec
les électeurs, cette lache a abouli.
A adopter la mème strategie, nous pouvons,
pltts surement encore qu'une nation dc scrutin,
uninojninai, former un bloc catholique, autour
duquel s'aggloméreront tous les patriotes, comme
autour du sen! rempart solide parmi la mêlée des
(nogr&jnmcs et des flppe(i'(9,
ENTRE SOCIALISTES-
Lc torchon lmile décidément dans le camp
socialisle. Le Peuplel'autre jour admoneslait, la
Federation liégeoise. Celle-ci fail publier par voic
de placard Ia réponse suivante, que I'organe socia-
liste rechignait a insérer
Citoyens Rédacteurs
Voulez-vous bien publier les quelqucs lignes qui
suivent el avoir l'umabilité deles faire figurcr Ala méme
place que l'arlicle A lu Federation Liégeoise de mcrcredi
dernier
Nous n'admellons pas les polémiques publiques sur
les objets qui ont trait a ('organisation interne de la f ede
ration qui nous a investis de sa eonfinnce mais il nous
est impossible dc laisser passer sans protestation Particle
du citoycn Vanderveldc. II ne lend a rien moins, en effet,
qu'è accréiliter cette légende que soixante-lrois délégués
de groupes régulièrement afllliés au P. O. peuvent élre
dénués de sens moral au point d'nllor, de gnitè decieur,
pour des misères, dedérisoires qu ere lies, pour des ques
tions qui ne paraissenl ètre au fond que des querelle.s
personnclles, rompre l'unilé du Parti el rendre une scis
sion inévilable. Cette hypothese seulc est injurieuse pour
cux ct il n'y a que ceux qui ne les connaisscnt pas qui
peuvent I'émeltre.
11 nc s'agit pas de ccla pas plus que de Partiele 26 de
nos slatuts que le citoyen Vandervelde ignore d'unc
faeon si spirituellement dédaigneuse, et qui a pour but
d'empêcher rencombrcinent des listes de candidats socia
listes par les intrigants, cn imposant comme condition
a ceux qui briguent 1'honneur de représenter le Parti,
d'étre des sociali3les completsmembres de leur ligue
électoralemembres de leur syndicateoopérateurs rég u-
liers de l'institution de leur localité afli'iée au l'arli
lecteurs du journal Le Peuple ou VEc.ho du Peuple. Ge qui
est en question, c'est Ie principe méme de notre organisa
tion Ia discipline.
II s'agit de savoir si les réglemcnls auxquels les mem
bres du Parti adherent librement en entrant dans nos
Associations sont applicables a tout le monde si les déci-
sions qui y sont prises doivent être respeclées par lous
ou bien si, comme dans le cas qui nous occupe, il est per
mis a un compagnon, quelqu'élevée que soil sa situation
dans Ie partiquels que soienl les litres dont il sc prévaul,
de s'insurger publiquement et sans que Ia Fédcration dont
ilest membre intervienne, contre ces decisions; et d'aller
dans les groupements dont il fait parlie, jusqu'a préconiser
el voter la désalliliation du Parti Ouvrier.
Voilé toute la question el Ia majorité des délégués
(majorité de plus des Irois quarts) y ont répondu de Ia
fa^on que l'on sait avec une longanimité el un désir
d'entcnte auxquels il devrait plulól élrc rendu hommage.
Aussi n'ont-ils pas a craindre que les Iravailleurs qui
onl mis leur espérance dans le Parti Ouvrier leur repro-
chentquoi que ce soit. Ils ne reliendront qu'une chose,
c'est que Ie règne des papes reste finie'est que la Fédé-
ralion leur a donné un bel excmple a suivre celui qui
consiste a metlre en pratique celle maxime excellente
Peuple, guèris-toi des individus.
Signé F. Galopin, A. Laboulle, F. Sépulchre, 1.. Gende-
bicn, Valere Hénault, J. Bologne. G. Gony, .1. Remade,
G. Gérard, P. Paul, membres du Comité de la Fédération
Liégeoise du Parti Ouvrier beige.
Le parti socialiste beige traverse, comme l'on
voit, une crise qui se manifeste un pen partout.
Crisc tenant a ('organisation autoritaire que ce
parti s'csl donnée a ses débuls. 11 fut un lomps oi't
Ie Coascil général rcgenlait les fédéralions
régionales suivant les principes les plus absoltt-
tistes, imposant ses candidats, et son programme,
limitant le nombre de ses journaux, etc.
Aujourd'bui, lc conseil général n'est plus obéi
c'est a peine s'il est écouté mais les dirigeants des
fédéralions régionales opt repris les pratiques abso-
lutistes pour leur compte el les inaintiennent avec
uil redoublcment d'aprclé. Mais cel absolutisme-da
est, lui aussi, baltu en brèche par les groupes
subordonnés, et le conseil général lul-méme s'y
emploie.
Une décenlralisation s'opère, qui risque de nc
pouvoir s'accenluer sans ruptures, proscriptions
et divisions,
La Métropole est d'accord avec nous, dit-
elle, pour rcconnailre que le parti catholique, dans
son ensemble, est parfaitomenl uni, mais qu'il y a,
surtout a Bruxeiles, quelques journaux el queli|ues
hommes politiques loujours prcls i» se quereller.
Ces braves gens confondent le parti, de trés bonne
foi d'ailleurs, avec leur propre personnalité.
Toul-a-fait d'accord, dit la Métropole. El elle
ajoute
Altrapc M. Hellepiilte, attrape A'.V' Siècle, qui ne
cessez de chercher au Gouvernement des qucrelles d'Alle-
mand d tout propos e( hors de tout propos,
Quand nous croirons devoir interpeller M. Hellc-
puifc ou lc XX' Siècle, nous ne chargerons pas
notre confrère anv/rsois de ce soin. Ne mériterait-il
pas un peu qu'on l'interpellc lui-méme, encore qu'i!
n'apparliennc pas a la presse bruxelloise? Pourquoi
suseite-l-il ii plaisir des sujets de polémique entre
eatboliquos? Son article sur la manifestation en
riionneur des insliluteurs de IH79 est des plus
siirnificatif a ce propos. II aflirme que la manifesta
tion aécboué parce que M. Woeste a élé évité
Quant au point de savoir, si la manifestation a
échotié, il 3üffft de s'cn référer au comptc-rendu
que la Métropole elle-mè'me a publié pour ce qtu
est de M. Woeste, nous opposons a la Métropole un
démenti caléaorique.
archevêque tie >IalineN.
La lelt re pastorale de Mgr Mercier, pour le
Carême de U>07, traite de Vexislencc dc Dieu et
des devoirs de l'hommc covers Dieu on nous saura
gré de la reproduire inlégralemcnt
L'homme doit honorep et sspvip Dieu .telle est
la loi fondamentale de l'ancien et do nouveau
Testament.
Au premier dinnnehe ihi Carémc, l'Hvnngile dc la messe
vous rappellera la scène ou satan, aynnl étalé devant le
Messie, dans le fol espoir dc se faire adorer par lui, les
richesscs el U s gloiresdecc ino»dr, real de l'humMc el
divin Jésuseetle decisive ré pons.* Relire-toi, satan, car
il est éeritTh adorerns Ie "Sei;»n< ur ton Dieu et tune
serviras point d'aulre mailref
Ces paroles du Sanvcur sont exlraitts du Deutéronomc ou
l'Eternel, s'adressant aux lidèlesdelta' ien Teslament, dit
<i Tu aimeras !c Seigneur ton Dieu, d. tout ton cocur, de
toute ton Ame, et de toute la force, lit ces commandements
que je te donne aujourd'bui, seront dans ton coeur. Tu
les inculqueras ;i tes enfanls, et lil en parieras quand tu
seras dans la maison, quand lu ira-c.en voyage, quand lu le
eoucheras et quand lu te lèveras... 'i"u craindras le Seigneur
ton Dieu, til le serviras... I.or-que ion >ils tedemamlera un
jour One sigailient cespréceptesque l iiternel, notre Dieu,
vous a prescrils lu diras a ton fils Nous étionsesclaves de
l'haraon enÉgypte; et I'Éterttel nous a fait sor*ir de
t'Égyptc par sa main puissnnte... II nous a fait sorlir de 1.1»
pour nous amener dans lc pays qu it avail jure a nos pères
de nous donncr. L'Fternel nous a aonimandé dc metlre en
pratique loules ces lois el de craindre noire Dieu, alio que
nous fussions loujours heureux, elqu'il nousconscrvdl la
vie comme il le fait jtijoiml'lim. Et il s«-ra miscricordieux
covers nous, si nous mettons sóignen cment en pratique
tous ces commaiuleménts devant le Seigneur notre
Dieu (I)
Mes biens ehérs Frêres, la méme loi est done posée a Ia
basedesdeux Testaments: I.'iiommc ne peul se faire I'cs-
clave des jouissances terreslres, ni sc laisser dominer par
l'orgueil Dieu est son Mailre souvciain, il doit l'adorer
et ne peut servir d'aulre mailre. f
Spontanément, universellement, Ia nature humaine
s'élève a Ditn.
Sponlanémenl, l'homuie croit a ('existence d'un Fire
suprème dont il dépend et auquel il esl soumis. Dés avant
l'agcou sa raison pourra s'exercer aux laboricux efforls de
la reflexion personnelle, sans altendre qu'on lui formule,
cn langage abstrail, les preuves philosophiques de l'exis-
tenec d une cause première, il croit cn Dieu. Tons les
peuples, sauvagesoii civilisés, ycroicnt, a telle enscignc
que les ethnogrophes conscieneicux considèrcnt la religion
c'esl-.i-dire 1 allirmalion dc rapports del'honime avec Dieu,
comme un trait distinclif dei'espèce humaine.
Aussi les athées, ou plutót ceux qui, cn se donnant ce
nom, cherchent ii se conv3incre d'alhéisme sont-ils obligés
d'avouer qu'ils forment, aujourd hui encore, une infimc
minorité, unc anomalie dans l'hisloire de l'humanilé,
comparable a ce qui, dans Revolution des types du règne
végétal ou du règne animal, s'nppclle unc inonstruosilé.
D'ellc-mCune, l'Ame humaine s'élance vers Dieu, comme
les corps plus légers que l'air monlent vers lc cicl, comme
Ia limaille de fer va vers l'uimanl qui l'atlirc.
Dieu est le Bien suprème, absotu, auqael la volonté
rapporte nóeessaiesment tons les autres biens.
Nalurellement, vous respireznaturellemcnt, l'cnfanl
s'agile, remue ses membics, matche naturellemcnt, il
crie, balbulie, parle. De tuéme, la volonté humaine aimc
ce qui est bou, car ellc a besoin d'agir, c'est-a-dirc de
vouloir, et ellc nc peul vouloir que lc bien. Or, vous pouve2
vouloirun aliment, uu fruit, par exemple, parce qu'il est
bon pour vous nourrir vouloir vous nqurrir, paree que
cela est bon pour voire santé chérir voire santé, parce
qu'elle vous est nécessaire au travail qu'attend de vous
voire familie aimer vous (Jcvouer ;i votre familie, paree
que vouseslimez avec raison qu'il est bon que voire familie
vive cl prospèrc désirer, enfln, (pie voire familie vive
el prospère, parce que Ia conservation des families saines
et fortes impqrte au bien général, parce que ce bien vous
le jugez digne de voire travail et de vos rcnoncements
mais, vous le voyez, il vous est impossible de vouloir une
chose, sans la vouloir pour autre chose, jusqu'a ce que, de
vouloir en vouloir, vous aboutissiez a no bien d'ensenible
que vous jugez bon pom lui-méme, et ee bien, que les
philosophes appclcnt afcsplii, par opposition aux autres
biens qu'ils appcllent relali/s, n'est autre, cnréalilé, que
le Ricn suprème entrevu par notre faible raison et que
l'humanité appelle Dieu.
Dieu est i'objet de notre félicitS.
Iaterro^éz-voue, nies Frère3, dans Ie silence, lorsqu'au-
curic excitation violente ne vous agite, et vous vous aper-
cevrez que voire cour va droit <1 désirer un Bien qui puisse
comblcr tous vos d«5sirs, vous donner unc satisfaction ;i la
fois plénière et durable a loujours, ct, encore une fois, ce
Bien, qui doit vous rendre heureux, ct qui tend tousle9
ressorts de votre anic, c'est Dieu.
Cette notion peemlèi'o spontanée de Dieu est, carter
Im^arfaite, nnis elle e t suffisante déjd ponpasr-u-
ror A l'homma do bonne volonté sa dignlté morale
Assurémcnt, Ie Dieu qui se dresse ainsi sponlanémmt
devant la conscience de l'humanité n'est pas invesli de
tons les atlributs qu'une pensee attentive pourra plus tard
découvrir en lui. ilais il suflil a élevrr la nature humaine
au-dessus d'clle-mcme. La nolion première, commune a
tous, qui s'implanle sponlanémenl dans l'éine humaine
sulfit lui faire voir qu'il esl indigoc «ie l'homme de vivrc
uniquemcnl pour satisfaire, d l'gal de Ia brute, ses pas
sions grossiéres elle suflil pour lui montrer qu'au-dessus
de la volupléégotsle, il y a lc bien lionnéte, que I on
peut irahir sans se rivaler qu'il a des biens supérieurs
a ceux de l'icdivi !u, les intér.'is Ie la famille.de la palrie
qu'au-dessus dp la palrie ejleli cmc. il y a les intéréts
généraux dc Ia civilisation, c'c t-a-dire, pour qui sait
le 1 icn entendre, qu'il y a. au-dessus de cliaque
homme et de n'importe quels groupements d'hommes
un Rien moral suprème aiique tout Je reste, toutes le6
aspirations dc la conscience lous les déploiemenls
d'éncrgie doivent être subordonnés.
l'rofesser cela,mes Frêres, e'e t professer que l'on -
sa dignité d'homme Ie renier C't;; se dégrader^faWlir,
déuiioi» piua P68 ijqo n (a| dc barbaric mais aussi, pro-
(I) Matlh. IV. |0.
(4) Deut. I, t&;j.
Fcsscr ccla, c'est rcconnailre implicitcmcnt que l'homme
«'St fail pour Dieu.
Car c'est avouer que tout ee qui nous enlourc, depuis les
ires inférieurs, Ia pierre du cliemin. lesarbres de nos forcls,
Li béte de somme dont nous ulilisons les services, jusqu'a
l'homme lui-mémc, n'est pas fait pour soi, ne possède pas
en soi sa destination, sa raison d'étre ct cel aveu bien
mi-dito conduit inévilablement l'homme d se subordonner
librement, dés qu'il prendra conscience de cc qu'il esl, de
ce qu'il sent, aux attraits, a la direction et aux lois dc celui
qui sc suflil a lui-méme, qui n'est plus soumis ni a aulrui
ni .1 autre chose que lui, en un mot, .i celui qui étanl le
IS.en suprème est l'Elre suprème, a Dién.
Les chosos dont nons constatons l'existence ne so
sufflsent point pour persister il faut done qu'il y
aitun Etre, d une autre nature qu'elles, qui soit
l'auteur de leur exlstonco. Cot ktro s'oppelto Dieu,
Aussi bien ne voyons-nous pas les ètres qui nous
enlourenl apparailre lous un instant, passer aussilót et
disparaitre. C'est done, que d'eux-mémes ils ne seraient
point, el que, lorsqu'ils sonl, ils ne se sufliscnl point pour
persister. D'ou leur vient l'existence qu'ils possèdent
Si vousl'atlribiiez a un élrc de méme nature qu'eux, vous
ne résolvez pas la dillicullé, vous ne l'niles qu'en reculer la
solution.
S'il a fallu qu'un litre, d'unc autre nature qu'eux, leur
donn.it l'existence, par la méme vous proelamez l'existence
de Dieu.
Car Dieu, mes Frèrcs, est, par détinilion, un Etrc d'un
autre ordre que ceux qui n'onl pas leur propre réalité pour
raison de leur existence, II est, Lui, Dieu, celui qui est.
'['out cc qui n'est pas Dieu a l'existence, Dieu n'a pas ['exis
tence. II Vest. Quand les fils d'Israël vous demanderonl qui
je suis, dit le Seigneur, vous leur répélerez ma parole
Je suis celui dont toute la déliaition lienlen ce seul mot
Je suis,Ego, sum qui sum. (3)
A ous est-il arrivé de visiter un de ces asiles oii de nobles
dmes sc dévouent a ('education des aveugles Kh bien,
imnginons que vous entriez dans une dc ces maisons dont
lous les habitants scraieut aveuglc3 de natssnncc. Vous
nouez conversation avec l'un d'eux et vousle plaignrz de
ne pas jouir des beautés de la nature. II vous surprendrait,
n'est-il pas vrai, s'il se mettait a vous énumércr les
couleurs de l'arc-en-ciel, dans l'ordre oii elles s'élalenl a
nos yeux émcrveillés. Qui done, qui diriez-vous,lm a appris
Ia composition de l'arc-en-ciel
Un camarade
Mais ces camarades sont, comme lui, dans l'impossibtlilé
d'avoir jamais vu un arc-cn-ciil,car nous avons suppose que
tousles infirmes rccueillis dans I'asile sont desaveugles-
nés. V ainemenl,done,parcourreriez-vous tous les rangs de
ces déshérilés de Ia nature, pour vous expliquer par Ia
perception visuellc de l'un d'eux, la notion précise el
ordonnéc de couleur que vous avez surprise chez voire
premier interlocuteurtant que vous ne vous arréterez
pas a un éducateur qui, mieux partagé qu'eux, a pit con-
templer de ses yeux el décrire, par eomparaison, ses
élèves Ia série nuancée du spectre Iuiuincu\; fc
qui s était'i'abord posé devant wire Hl ne sera point
résolu.
Mes Frêres, tous les ètres qui tombcnl sous noire expe
rience sont dans le cas des aveuglcs-nés ils possèdent
l'existence comme I'aveugle-né peut posscder dans sa
mémoire les lermes du langage des couleurs maïs, dc
méme que celui-ci a dó apprendre d'aulrui, ce que sa
nature privée du sens de la vue le mettait «lans l'iiu-
possibililé de connaitre, les ètres qui ne possédaient pas
eux-mèmesl existence, ont dó tous la rccevoir d'un élre
distinct d'eux, d'unc autre nature qu'eux, qui la possédal
sans l'avoir emprunléc.
L'öPdredu mond§ p?buvo l'existence «l'uno Providence
intelligente.
Jc m'adresse mainlenant vous en particulier, chers
ouvriers. Vous iiles ma.ous, vous construisez nos iiabila-
lions, nos edifices publics, nos temples vous éles mélal-
lurgistcs, vos bras vigoureux faconnenl nos engins racca-
niques, nos machines hydrauliques, nos locomotives, nos
moteurs ëleclriqiies. Vous savez au prix de quels labeurs
vous produiscz l'ueuvrede vos mains,au privdc quels soius
vous I'entrelenez. Ne trailertez-vouS pas d'insensc celui qui
s'imagineraitque Ie fruit de voire travail et de votre appli
cation intelligente aurait pu se former, pourrail se eon-
server el se développer sans l'inlervcnlion de vos bras, ni
celle de la téte qui vous dirige
Cependant, qu est done unc habitation faile de mains
d'hommes qu'esl-oe qu un macliine, en presence de cetle
mcrveille d'organisation hannonieuse et fécoade qu'esl la
nature
Plus la science perfectionqe nos raoyen® ^investigation
plus le savaqt aecroit, en ®'^ltJant de télescopes sans
cesse ameliorcs, la J^,ssance naturelle de vision de l'ceil
bumain plq^ avant il pénélre, grficc aux grossissements
ilu microscope, dans l'intimité des secrets des deux règne9
Inorganique et organique, plus clairemcnt aussi il appa-
rait que l'ordre ct la slabilité président ;i I'ctat et aux com-
hinaisons intinics el incessantcs de In nature.
Et l'on voudrait que le hasard, qui nc produit que l'inco-
licrcnce, fót le dernier mol de ces merveilles du eo?mo3 I
Les conséquences d8 l'athélsme. Ce que deviendrait
ure société athée
Saint I'aul connaissait aussi ces esprits enllés d'eux-
mémes qui, le plus souvent, par peur des obligations
morales qu'entraine la confession de la divinité, subsli-
tuent au Créateur la creature et remplacenl l'infinie
sagesse et l'infinie bienfaisance par des conceptions chi-
mériques. Evanuerunl in cogitalionilms suis et obscuru-
turn est insipiens cor eorum. lis se sont égarés dans lenrs
pensees et leur coeur s'est folleinent plongc dansles lénè-
bres du mal. lis se vanlaicn'. d'etre sagc3 el ils ont oerd'ii
l'usage delasaincrai8on...Gommeilsncsesonl|)assóuciés
a dc connaitre Dieu, Dieu les a livrés leur sens réprouvé,
en sorte qu'ils ont une conduite indigno, étant remplis
- de toute espéce d'iniuslice, de perversilé malsaine, dc
mécbancelé, de cupldité, de malice pleins d'cnvic, de
- cruauté, de fourberie iinpies, hautains, habiles dans Ie
mal, rebelles a leurs parents; irrélléchis, sans retenue,
j sans loyauté, sans pilié ct sans occur. Ils connaisscnt le
jugement divin qui declare dignes de mort ceux qui
commettent de telles choses, et néanmoins il les com-
meltent, ils vont méme jusqu'a approuver ceux qui s'en
rendent coupables (4).
Mes bien chers Frère». eelt? description morale de
i'Apótre saint Paul équlvaul a l'énoncé d'unc Joi. Dés que
l'homme se détourne de Dieu, i) est bias prés de descendre
dans la fange du vice ou de se laisser omporter par lc
(3) Exod., Ill, li.
Rom. I. 'Jl, 92; 28 3-^
besoin illimité de jouir et d écraser, par Ia ruse ou par la
force, ceux qui lui font obstacle.
Je n'oserais rapporter, moins encore faire redirc dans
un temple sacré, a quel degré d'iinmoralité l'irréligum
a conduit la lillérature el Ie thc.itre chez un peuple voisin,
jadis si noble et si universellement grand dans son art,
mais qui s'obsline aujourd hui .i chercher sa gloire n
dehors de sa voie providentielle. F-es honnètrsgens proles
tent, mais leur voix n'est plus écoutée. El la foute se rwc
a ees turpitudes.
Nous ne sommes pas, mes Frêres, a l'abri de ce daügcr.
Je ne tn'élendrai pas sur ce douloureux sujri., Riais je
veux, .4 litre d exemple, rappeler un fait.
II s'est joué naguère, dans plusieurs villes de noire pay--,
une pièce, d'ailleurs insigniliante, qui non seulement exal-
tait la conception paienne de la vie el la liberie des
instincts, et vouait la dérision toute morale chréticune
oir naturelle, luaU qu!, Ar. p)u», sous prctoxle d'arl syinttu-
lique, élalait sur la scène le tableau vivant de l'impudicitf.
Au nom de la morale oulragée, au noin de l'art avili, au
nom des families blessées dans Ia dignil<- dc leurs scp'.i
ments,nous proleslons contre ces exhibitions scand#l>uses.
Dieu merci, parmi ceux qui ne partagent point nos
croyances, il se Irouve aussi des consciences réyoltécs par
lc dévergondnge qui nous envaliit. Nousprenons la i on
lianec de les inviter se Joindre i nos fidèles, auxquels ih;
plein droit nous nous adressons, afin que, dans un mérm-
sentiment dc dégoól, tons les honnétes gens sc ih-tourncnt
des théólres qui se transforment en mauvais lieux, (létris-
sentde leur mépris ceux qui n'oat pas honle. d'en franc^ir
le seuil et désavouent les journaux assez inconscienl? pour
glorifier de pareilles ignominies.
Mais, croyez-moi bien, mes Frêres, vous ne travaillerez
fflicacemont remonlrer le courant de rimniornlitc et, de
Ia cupidité sans limites dont vous ètes, mèmedaus notie
chore et catholique Belgique, trop souvent déjè les speeta-
teurs altristes, qu'en restaurant dans vos consciences
d'abord, dans vos families pnsuite, l'idée iJsDiéu ct d«
devoirs que sa connaissanee entraine.
Des esprits superfieieUou timides, pnnni les ineroyant»,
s'efforceront de vous persuader lc contraire. A l'hciirn
méme oii je vous parle, un savant francais, dont jtWiiic*
hier nul n'a con teste l'au tori té ni Ia droiture, viciit d'cn
faire franchement I'aveu La suppression de la conscience
morale, l'anéantissement du sentiment du devoir enve-rs
au trui et finalemenl lc dégoól de Ia vie et le snit-lik
seraient l'aboutissant logique, d'une société athée.
Mes bien chers Frêres, nou» n'en sommes pas, ;i ces con
sequences affreusesmais il faut les préveniril Taul ne.
rien négliger pour cn préserver nos frèrcs.
Replacez done l'idée de Dieu ;i l'horizon dc votre vie.
Souvcnez-vous de Dieu.
Priez-le.
Ilonorcz-le et recoinaissez-voii3 ses sujets.
Nos devoirs qsssntiels envers Dieu. En premier IIeu,
nous souvenir de Dieu.
D'abord, souvenez-vous de Dieu. Nous nc voii9 blAmons
pas dc vous intéresser i vos affaires, de chercher a elivc-
ment, énergiqii»7uent a les faire prospérer.
La fortune n'est pas un malau contraire, ellc est un
moyen d'action, el tout moven d'action, pouvant élrc mis
au service du bien moral, est lui-méme un bien. Mais lc
souci de la fortune peut aisément.constitucr un danger ei
occasionner lc mal. Au-dessus de tous les biens terreslres,
placez les intéréts supérieurs dc voire ;lme. Que sn vi
rail-il a l'homme dc gagner l'univers entier si pour Ie
gagner il devail sacrifier son Arae One pourrail-il, en efl'ct,
donner en échange de celte ;imelqu'il| aurait per.lue
Mes Frêres, Ia vie présente passera; pour toulle monde
elle passé vite et. .(uand vous serez arrivés au tenue dc
cette existence éphémère, le juge suprème vous lern roni-
paraltre ;i son tribunal cl vous aurez .i rendre compte
alors non de la fortune que vous aurez accumuléc, ni des
privations que vous aurez eu subir, mais de l'usage. que
vous aurez fait de Ia première ou de la patience avec
laqiielle vous aurez supporlé les secondes, pour rester
fidèles A Dieu et sauver votre óme.
Biens el privations n'auronl qu'un lemps une seul»;
chose restera el vous acconipagoera dans l'éternité t.i
valeur morale ct religieuse dc vos rcuv'res, opera rnii'n
illoruni sequuntur iltos (0).
Prler Dieu.
II faut, ensuite, que vous pri'.Cz Dieu.
Mes bien chers Frèrcs, l'homme est incapable de gar-
der longlemps et lidèlement un souvenir, s'il ne pri-n.l
pas la precaution d'y rattacher sa pensee a des monients
'ixes. Ayez done des heures déterminécs pour penser i
Dieu. Pricz-Ie, lc matin, avant de vous livrer au travail.
L'Église met, chaquc matin, sur les lèvres de ses minislres,
ct recommandc .4 tous les pieux fidèles eette prière, qui
résumé si bien l'oflrande de la journée.4 Dieu Seigneur
Dieu tout-puissant, vous qui daignez nous faire voir
- l'aurore de ce jour nouveau, donnez-nou» aujouril'hui
votre force, afin que, a auciin moment de celte jourp. e
a nous nc nous Iaissions aller a commettre le mal, mais
qu'au contraire l'accomplissemenl de voire justice soit
9 I'objet de nos discours, le but de nos desseins ct de n.i»
9 ceuvres par Notre Seigneur Jésus-Chrilt, qui vil et régnr:
avec vous dans les siécles des siêcles (7).
Parents chrétiens, que vos enfants vous voient, ehaqip-
matin, lomber a genoux devant Celui qu'en voire simpi,.
el beau langage vousappclcz si bien« te bon Dieu .,ct v„us
recommander a sa paternelle Providence. Quand Ier, annci s
onl passé sur vous el que vos épaules sonl eouriiécs par Ie
travail, vous vous plaignez parfois d'étre méeonnii9. os
fils nc vous éeoulenl plus, ils gaspillcnt dans l'oisivclé
sinon ilans la dchauche. Ie salaire de leurs premier»
labeurs, et vous avez parfois .4 »fcfrn«Ire., contre leurs
êonvoilis€3» le pécule que vous-mêmea avez péniblemeot
amassé pour assurèh la dignité et h tranquillité de vos
vieux jours. ,\vez-vous bien le »lroil de vous plaindrc i
N'avcz-vous pas été prévenus dc la fatale issue d'une edu
cation sans piété Pourquoi avez-vouB, dans les premières
années de votre mariagc, fermé plus ou moins volontmre-
ment l'oreille a eet avertissemenl divin Mes commande-
ments seront dans ton cccur. Tu Ie9 inculqueras .4 «es
enfants, tu en pa'leras quand tu seras dans ta maison,
quand tu iras en voyage,quand tu te eoucheras, ct quand'
tu te lèveras... Quand ton fils te »lemandera un jour
signifient ces préccptes que l'Elcrnel, notre Óicu, non»
a prescrils lu diras 4 ton lils L'Éternel nous a' com-
mandé dé metlre en pratique touU:S ces luis et de
craindre notre Dieu, oGa que nons fussions toujour.»
heureux et qu'il nous conserv.it la vie commc ille fail
aujourdhui. Et il sera miséricordieux envers nou>. si
nou9 meltons soigneusement en pratique ces eomman.le
(!»l Mattb. XVI, 2il.
i(>) A poe. XIV, 13.
i,7) Ad Pr imam.