V MjT V
LA JUSTICE SOCIALE
Lannéed rnière, M. De Backer, qui portc seulement
depuis peu une calotte étroite et rouge d'avocat, était
I habitue) jilumitif du libelle diiTamatoire puesqu'infame de
Klokke Roeland. 1
Cest lui qui couvrait ses adversaires de bave et de
venin.
Je pourrais encore vous faire d'autres citations
du même genre. Je me contenterai de renvoyer le
tribunal a mon dossier. II y trouvera toute une
collection d'articles qui l'édifieront.
Se trouvera-t-il encore quelqu'un ici pour soute-
nirque nulle part on n'a écrit d'article aussi vio
lent, aussi injurieux, aussi diffamatoire que notre
article du 22 décembre
I Nulle part 1 Voyons d'autres journaux de cet
I heureux pays d'AIost. Tous les journaux conserva-
1 teurs d Alost (je n'ai pas a m'occuper des autres
aujourd hui) emploient les mêmes procédés de polé
mique. Dans ces gazettes, jamais on ne discute
une idéé on se contente d'insulter les gens qui ne
pensent pas comme les amis de la maison. On n'y
qualifie pas durement les gens paree qu'ils auraient
posé un acte blamable, paree que, par exemple, ils
auraient chassé un prêtre de l'autel oü il célébrait,
non On les salit paree que sont des adversaires
politiques, tout s.mplement. Sus aux adversaires
Ecoutez un autre journal, la Ga\et van Aelst
Qu'est-ce que les démocrales ont groupó autour d'eux
Les ennemis de nos prêtres
Les libéraux du Willemsfonds et de Concordia-,
Les socialistes et les anarchistes
Des renégats achevés
La racaille
L'écume, le déshonneur, la honte de la ville d'Alost
Des gaillards qui ne savent plus dénombrer leurs con-
damnations.
Ce même journal appelle le ChrisUne Volkspartij, Christine
Vloekers partijparti des blasphémateurs chrétiens
Et te Denderbode, le principal organe conserva
teur d Alost, quel est son langage Ce journal
publie, comme d'autres journaux du pays d'AIost,
de petits dialogues familiers dans lesquelson met
en scène un monsieur qui pose des questions,
expose des objections auxquelles répond 1e doc-
teur du journal, l'homme qui détient la vraie
doctrine, qui connait toutes les questions.
Voici ce qu'on y trouve a propos des démo-
crates
Honte et malheur sur ces misérables qui osent dire et
écrire de tels mensongent et de telles judasseries
II faut savoir que ce mot de Judas fait 1e
fond de la polémique du Denderbode c'est un des
mots injurieux de son riche vocabulaire,qui revient
le plus fréquemment.
J ai sous les yeux un article de ce journal, écrit a
la veille des élections communales et qui développe
ce thème Ne sont ce pas de Judas, par exem
ple ceux quiEcoutez
Ne sont-ce pas des Judas ceux qui.. chaque semaine
nontqu injure et outrage pour nos prêtres et nos reli-
geux?...
Ne sont-ce pas des Judas ceux qui nous accusent de
montir a 1 Evêque. quand ils savent qui ceci est pour
M.Daens qui a été étérativement pris en flagrant délit
de mensonge par Monseigneur?
Ne sont-ce pas de Judas qui ont plus de haine et d'esprit
de vengeance dans leurs ames de traitres que tous les
diables de l'enfer.
Tout ceci a l'adresse des démocrates
Ne sont-ce pas des Judas ceux qui par calcul politique
ontvendu leur Ame au démon libéral
M'- Carton de Wiart. N'est-ce pas satanique,
cola
M' Renkm. En effer.
fct pour finir Weg met de Judassen ra bas les
Judas!)
Denderbode10 décembre i8g5.)
Et le jour du ballottage de décembre 1894,1e
Denderbode publie un article en lettres énormes,
que vous trouverez A mon dossier, et dans lequel jè
cueille la phrase que voici
Voter pour les candidats du parti Daens, c'est travailler
avec toutes les forces infernales du libéralisme, c'est tra
vailler avec les ennemis de Dieu et de l'Eglise, de la pro-
priété et de la familie, de la patrie et de la royauté.
Catholiques, en conscience vous ne pouvez pas voter
pour les candidats du parti Daens, ce parti d'insulteurs de
prêtres, de blasphémateurs, ce parti de vandalisme....
en van ruitenbrekerij.
(Denderbode, 9 décembre 1894
M« Braun. Celte expression flamande se
traduit par casseurs de carreaux
M° Renkin.Oui.mais en francais l'expression
n'a plus la même saveurelle est plus forte et
autrement significative en fhmand. Un dernier
échantillon de la polémique modérée des organes
alostois.
Le 25 aoüt 1895, a propos d'une discussion qui
qui s'était élevée au sujet de certains actes posés
par 1e bureau de bicnfaisance d'AIost, voici en
quels termes 1e Denderbode prend a parlie
M. Pierre Daens, journaliste a Alost, frére du
député, qui avait publié un article dans lequel on
lisait cette phrase
Maintenant qu'on entend toutes sortes de choses A propros
du bureau de bienfaisance.
Le 25 aoüt i8q5, 1e Denderboderiposte
Maintenant qu'on entend tout du bureau des pauvres,
écrit le Saint Homme de Chipka. Qu'est-ce qu'on entend
du bu eau des pauvres S'y passe-t-i! quelque chose de
malhonnête? Cessez vos intimations, parlez ouvertement,
Saint homme, nous nous aurons le droit de vous crier
Vous êtes un lAche, une misérable fripouille
Ne croyez pas, Messieurs, qu'il me soit agréable
de rappeler cette pc lémique-Ia. Je 1e fais contraint
et forcé. Mais enfin, quand notre adversaire, qui
doit être au courant de la polémique électorale
du pays d'AIost, a l'audace de s'écrier ici que
jamais on n'a lu riende pire, rien de plus injurieux
que Particle incriminé de la Justice Sociale, nous
avons bien le devoir de lui rappeler ce qui s'écrit
dans son arrondissement et dans les journaux qui
défendentsa politique la-bas.
Qu'il nous soit permis de rappeler aussi que pas
un des demandeurs, en faveur desquels se pour-
suivaient ces jolies polémiques, n'a jamais protesté
contre ce système de dénigrement haineux, de
basses injures et d'outrages cominus qu'aucun
chef du parli conservateur alostois que nous ne
confondons pas du tout avec 1e grand parti catho-
lique dont nous sommes n'a jamais non plus
élevé la voix pour dire a ces gazetiers en délire
Vous allez trop loin, arrêtez-vous! Nous verrons
tout a l'heure qu'ils or.t plus loin encore.
Ces écarts de langage, sont monnaie courante
a Alost. Cette polémique est normale. II faut 1e
croire puisque la campagne électorale terminée,
une plume autorisée qualifiait 1e Denderbode
de grand organe conservateur d'AIost
Voila done la polémique alostoise de la haine,
de la boue, du venin
Or, Messieurs, on vous a représenté les membres
de la Commission des Hospices comme des admi
nistrateurschargés de gérer les biens des Hospices.
C'est en effet la fonction de ces Messieurs. Mais
ils ne sont pas seulement administrateurs des
Hospices. Ils sont tous ou presque tous des hom
mes politiques, mêlés d'une fagon trés suivie aux
lutles politiques de l'arrondissement d'AIost
Ont-ils le droit de se soustraire a la solidarité
qui les lie a tous ceux qui ont lutté a leurs cotés
pour les mêmes hommes, pour les mêmes... idéés?
Ont-ils le droit de réduire ce proces aux minus
cules proportions d'une affaire administrative.
C'est la un système qui ne sera pris au sérieux
par personne. Je va is done être obligé de vous
montrer ce qu'a été la campagne menée, a Alost,
avec un acharnement inouï, sans cela, il serait
imposible de comprendre ce procés et d'apprécier
exactement la décision des Hospices que critique
l'article incriminé.
Mais rassurez vous, Messieurs, je ne vais pas
découvrir Noé Je 1e laisserai dormir paisiblement
sous son manteau. De ce manteau je ne souleverai
qu'un coin, tout juste ce qui sera indispensable a
notre défense.
Je pourrais vous entretenir pendant une audience
entière des évènements regrettables qui lors des
élections de 189-1 et de 1895 ont eu pour théatre la
ville et le pays d'AIost.
Mais ces faits si authentiques et si significatifs
qu'ils soient n'ont qu'un rapport éloigné avec la
cause. Je les tairai done. II faut cependant que je
vous entretienne de la situation qu'on a faitc aux
frères Daens, considérés par teurs adversaires
comme l'amedu mouvement qu'on voulait étouffer.
Je veux vous dire quelle conduite on a suivie
a leur égard, de quelle fagon on avoue les
avoir persécutés. Et par la je veux vous montrer
avec toute la clarté de l'évidence que, pour qui-
conque connaissait les sentiments qui animent les
conservateurs alostois, il était impossible de se
tromper sur lecaractère de la décision prise contre
M. l'abbé Daens par la commission des hospices,
et que dès lors tous les termes de notre article
s'expliquent et se justifient d'eux-mêmes.
Parions d'abord de Pierre Daens je connais
cet honnête homme, ce chrétien sincère. Voila
vingt-cinq ans qu'il tient la plume du journaliste
et il a conquis par son courage, par son abnéga-
tion, par ses services une des premières places
dans la presse catholique flamande.
Comme semeur d'idées, comme défenseur des
I principes catholiques il a rendu les plus grands et
les plus signalés services. II a travaillé avec une
ardeur infatigable a la propagande catholique. Et,
I 1e dirai-je Vivant dans ces milieux ouvriers si
I pauvres du pays d'AIost, toujours il a eu 1e cceur
généreux et la main large ouverte. Trop large
j ouverte, peut-être.
II a payé de sa personne et de sa bourse, quand
il s'agissait de défendre ses convictions et quand il
s'agissait de soulager des misères. II fut accablé
des témoignages de l'estime des chefs de son parti,
et des chefs du diocèse de Gand.On pourrait trou-
ver chez lui une collection de lettres de félicitations
et d'encouragement, émanées de hautes personna-
lités politiques et de hauts dignitaires du clergé.
Tout le monde le louait pour le courage et
l'activité qu'il déployait au service de l'Eglise,
pour les efforts qu'il a toujours tentés dans les
crises alostoiscs, en faveur du bon ordre et de
la pacification sociale.
Voila Pierre Daens
II fut mêlé. avec son frère, au mouvement
démocratique. A eux deux, je vous l'ai dit, Mes
sieurs, ils étaient l'Ame dü parti démocratique
d'AIost.
il failait étouneï ces voix importunes. II fallait
empêcher ces hommes convaincus de continuer
leur oeuvre dangereuse. Et pour cela il fallait les
ruiner.
Ah, ne croyez pas que nous éprouvions du
plaisir a parler de ces choses. Mais il faut bien,
puisqu'or. ose nous attraire en justice et nous trai-
ter de diffamateurs, que nous étalions ici ces
hontes et ces douleurs
Les faits sont la.
I M. Pierre Daens possédait un commerce floris
sant. Aujourd'hui il est a la veille de la ruine. Et
pourquoi Paree que ses amis d'hier. hostile» au
möuvement démocratique, l'ont littéralement boy-
cotté on a fait le vide autour de sa maison, la
clientèle s'est retirée on lui a coupé les vivres
afin de le réduire par la ruine a l'impuissance,
afin de l'anéantir.
Oh 1 Je n'exagère rien, et tous les alostois
savent a quoi s'en tenir la-dessus. M. l'abbé
Daens a affirmé tous ces faits a la Chambre Per
sonne n'a soutenu qu'il ne disait pas la vérité,
personne n'a dit qu'il exagérait. Aujourd'hui l'im
pitoyable boycottage dont MPierre Daens a été
victime est établi. Un lionoiable député d'AIost,
M. Diericx, au moment oü, dans la séance du
4 février, Ml'abbé Daens parlait en termes indi-
gnés des manoeuvres employées pour ruiner son
frère. s'écriaitParee qu'il attaque toutes les
person nes honorables d'AIost
M. Diericx essaie d'expliquer le faitmais il en
atteste l'exactitude. Nos affirmations s'appuient
done sur des documents officiels.
Par haine politique, on a essayé la-bas de ruiner
Pierre Daens. Ce n'est pas tout.
Pierre Daens avait deux journaux trés répandus
De Werkman et Het Land van Aalst
Ils étaient pour lui une source de gains.
II fallait aussi boycotter ces journaux, leur j
enlever acheteurs et abonnés
On a fondé un journal qui semble s'ètre donné
cette mission. Ie veux parler de la Volkstem.
Ce journal a inventé contre Pierre Daens un
genre de polémique vraiment inouï. Chaque
semaine ou a peu prés, il publiait des petits dialo
gues oü l'on mettait en scène Pierre Daens et sa
femme. Et l'on met dans la bouche de cette pau-
vi e femme si dévouée a son mari, des reproches
et des récriminations. On fait assister le public au
drame intime de cette ruine lente, on y glisse
des traits empoisonnés, on y fait mème inter-
venir le plus jeune fils de Daens, un enfant de
cinq ans qui, inconsciemment, révèle que son
père aurait brülé le portrait de Monseigneur
l'évêque de Gand.
Ali, monsieur l'abbé Daens a eu raison de dire
a la Chambre qu'il se trouvait a Alost des gens
qui se plaisaient a compter les larmes que teurs
machinations arrachent a la familie de son
frère
N'est ce pas odieux et révoltant
Représentez-vous cette familie, voyez la sous
l'étreinte de cette abominable persécution, le
mari, sa femme, les enfants tous se deman
dant chaque semaine" quelle nouvelle infamie on
inventera encore pour les faire mieux soufïrir, et
quel brandon de discorde les petits dialogues
dont je parle parviendront peut être a jeter entre
eux.
Je n'invente rien, messieurs Vous lirez ces
journaux et les ayant lus vous direz avec moi que,
lorsqu'on appartient a un groupe politique qui
laisse commettre de telles vilénies, qui laisse
écrire des choses pareilles on n'a pas le droit de
nous faire l'incroyable procés qu'on a osé faire a
la Justice Sociale.
Cette polémique froidement cruelle, ces articles
savamment calculés pour mieux retourner le fer
dans la plaie. ne ressemblent en rien au cri d'indi-
gnation que la révolte de nos consciences, que la
foi chrétiennc et l'humaine pitié ont arraché a nos
coeurs.
Non, nous n'avons rien de commun avec les
tortionnaires raffinés qui s'embusquent derrière
les colonnes anonymes d'un journal pour faire
leur oeuvre, avec ces polémistes qui font fi des
idéés poui s'achamer sur un homme coupable
d'obéir a ses convictions démocratiques.
Nous n'avons rien de commun avec ces hom
mes qui avouent cyniquement que leur but est
bien de ruiner leur adversaire et qui poussent des
cris de joie le jour oü ils peuvent proclamer
qu'enfin le journal dont ils ont juré la perte va
disparaitre.
Ecoutez ceci
Maintenant Ia Volksstem triomphe. Elle est dens toutes
les mains Le Werkman est fini. II doit périr. Condamné par
l'autorité, il disparaitra par manque d'abonnés et d'ache-
teurs.
V01IA le cri de triomphe. Voili ce que Ia Volksstem a
imprimé.
On le proclame done bien haut Les idéés
importent peu. Ce que l'on vcut, c'est la chute et
la ruine personnelle de l'adversaire
Graces au Ciel, nous vivons sous un régime
de liberté politique, qui n'a pas besoin detre
élargi pour assurer a des journalistes convaincus
le droit de juger des actes comme celui que nous
avons repröché a la Commission des Hospices
d'AIost. pour leur permettre de combattre vive-
ment leurs adversaires avec une pleine franchise
pourvu qu'ils respectentcomme nous l'avons fait
lT.onneur personnel.
Nos adversaires ne peuvent se soutraire a la
solidarité de pareils articles. Jamais ils n'ont pro
testé quand on les publiait. Or si on les pu-
bliaiif si la polémique était inontée a ce diapason,
c'était... pour préparer et pour défendre teurs can
didatures et celles de leurs amis.
De'iière ce journal qui injurie et diffame,
M. Pierre Daens, qui le poursuit de cette haine
raffinée, s'abritent des hommes de lettres qui ne
signent pas, des auteuis qui ne recherchent pas
comir-é nous la responsabilité de teurs écrits et de
leurs actes. On me dit qu'il y a parmi eux des
avocats. Je me refuse a croire que des hommes
qui ne peuvent re.vêtir leur robe sans songer
qu'elle est un symbole d'honneur et de délicatesse,
soient capables de faire une plume anonyme a la
main, une aussi vile besogne.
Et quel est le but de cette campagne déplorable,
dont nous ne parions je le répète, qu'avec douleur
et regret. Nous déplorons ce procés, non pas pour
nous, mais pour les demandeurs qui auraient dü
comprendre qu'il n'y avait pas de procés a faire,
que nos protestations étaient justes, et qu'il fallait
laisser le silence et le temps effacer la trace de ces
tristes luttes.
Pourquoi done toute cette campagne dirigée
contre Daens et ses amis par un parti politique
puissant
Uniquf ment por maintenir intacte l'influence
d-..~ ur' pc tic* je qui se croit menacé dan?
son arvOf .isscmct:
Ah je 11e dis pas que les hommes dont je parle
«soient de. inauvaise foi Je suis convaincu au con
traire qu'ils confondent les intéréts de leur petite
chapelle politiqne avec ceux de l'Eglise catholique.
Cela prouve simplement que l'esprit de domina
tion les aveugle.
Quand on a de puissantes convictions, il ne
faut pas mettre la violence a teur service.
La violence 1 elle est, comme la colère, mau-
vaise conseillère.
Nous vous l'avons dit au début de cette plai-
doierie. Nous ne discuterons pas le mérite des
diverses politiques qui sont en présence la-bas.
C'est inutile en ce procés.
Nous nous bornons a diie Laissez agir les
libres convictions. Si les démocrates se trompent,
le temps fera prompte justice de leurs illusions.
S'ils voient juste, ce n'est pas la violence qui
empêchera leur triomphe ni qui entravera teurs
progrès.
La violence, la persécution, le boycottage
peuvent faire souffrir des hommes. Jamais ils
n'arrêteront une idée.
Que de legons l'histoire nous a données 1 Que
de souvenirs nous pourrions évoquer ici. Rappe
lons nous seulement l'histoire de ces dernières
années. Quedechangements Que de conversions
imprévues Que de clairs enseignements donnés
aux hommes qui s'imaginent pouvoir dominer la
puissance des évènements. Hier certaines idéés, la
iévision par exemple, épouvantaient les classes
dirigeantes. et les voici acceptées. Et l'on peut
voir ceux qui les agitaient en épouvantail procla
mer devant les électeurs qu'ils les ont défendues
et réalisées.
Nous sommes catholiques Nous sommes démo
crates. Notre conviction profonde estque les
temps présents imposent l'évolution démocrati
que comme une impérieuse nécessité politique.
Voyez l'assaut que préparent contre la société
de nouveaux barbares. C'est le moment de
grouper toutes les forces. Et c'est ce périlleux
moment que nous choisirions comme on le
fait A Alost pour nous déchirer, nous conspuei
nous honnir C'est a ce moment que des catholi
ques croient servir la cause de l'ordre et de la paix
en recherchant les moyens de frapper un prêtre
coupable de ne pas accepter leur direction politi
que
Me Woeste. Je crovais qu'il s'agissait en l'es-
pèce de l'article de la Justice Sociale.
M8 Renkin. Je dois vous répondre
M® Woeste. Je constate que vous m'avez
reproché de parler politique, et que vous ne faites
que parler politique.
Me Renkin.Je reste sur le terrain oü vous
m'avez fait aescendre.
M le Président M« Woeste, si votre adver-
saiie s'écarté de la cause, je l'y ramenerai.
M° Renkin. Vous avez élargi le débat et c'est
pourquoi je tiens a expliquer les sentiments qui
nous ont dicté l'article dont vous avez cru devoir
vous plaindre
Comment, vous vous êtes permis de nous traiter
de diffamateurs, de toucher a notre dignité et a
notre honneur et nous n'aurions pas le droit de
nous défendre. Grilce au ciel nous n'en sommes
pas encore arrivés a devoir subir ce régime-la
A la lête du mouvement, il y avait M. l'abbé
Daens dont je parlerai d'une facon trés brève.
M 1 ahbé Daens est un homme populaire. II
connait le peuple avec ses besoins, ses aspirations
et ses espérances. II a compris la puissance que
le mouvement démocratique devait acquérir. II a
apprcché de trés prés la classe ouvrière, non seule
ment dans le pays d'AIost, mais ailleurs. Ce prêtre
a compris le danger dont la propagande socialiste
menacait le pays. II est allé a l'ouvrier dans le but
que vous devinez. II a voulu, avant tout, ramener
a l'Eglise ces masses populaires qui peu a peu s'en
éloignent, hélas I
II est allé aux petites gens des Flandres et il leur
a parte d'abord des choses qui les intéressent le
plus il les a entretenus de teurs intéréts religieus
et matériels, de leur travail, de leur salaire. II a
donné des meetings. Mais en cela il n'a fait
qu'imiter d'autres époques.
Messieurs, au moyen-age, ne voyait on pas des
moines, et non pas les derniers, pendant que
d'autres officiaient dans les églises, alter, eux,
prêcher au coin des rues et jusque dans les taver-
nes, cherchant a convertir les mauvais chrétiens
qui restaient hors du Tempte
Ces apótres, pas plus que M. l'abbé Daens, ne
choisissaient le lieu, ni l'heure. Ils avaient un
butjeter la semence de la vérité a ceux même
qui voulaient fuir ou qui négligeaient les enseigne-
ment de l'Eglise.
Ainsi fit M l'abbé Daens. On lui reproche
d'avoir prêché ou d'avoir conférencié dans des
salles de danse. Mais qu'importent ces misères,
en présence du but?
M. l'abbé Daens a conquis une grande popu-
larité; il s'est figuré qu'il pouvait, comme prêtre,
pénétrer plus facilement la masse, parler au coeur
de la classe ouvrière. Et il est allé de l'avant, car
il croyait que Ie temps était venu de travailler A
l'expansion du mouvement démocratique.
On l'a représenté comme un ambitieux.
C'est d'usage, n'est il pas vrai? pour les hommes
nouveaux. Or, je le connais. Ce n'est pas un
ambitieux. c'est un naïf. Oui, un na'if qui n'a pas
vu de suite que sa propagande allait inquiéter des
ambitions, effrayer des intéréts, déranger en un
mot, la belle ordonnance d'un fief électoral.
Voila son crime, il n'en a pas commis d'autres.
Si cet homme. animé d'idées généreuses. était
resté tranquille dans son coin, s'il avait fait taire
ses aspirations démocratiques, il serait resté un
digne prêtre aux yeux de ceux qui aujourd'hui le
persécutent et l'outragentil ne serait pas le
calomniaieur que l'on pretend, ni le prêtre frappé
que l'on dépeint. Ce serait un prêtre respectable
et respecté.
Rappelez-vous l'article de Indépandance
Non seulement paree qu'il aurait obéi a ses
chefs ecclésiastiques -, mais A d'autres chefs autre
ment impérieux.
M. Daens pouvait et devait croire que quoi
qu'il arrivat sa soutane serait respectée.
II s'est trompé.
Sa soutane n'a pas été respectée. Depuis le com
mencement de la campagne dirigée contre lui, le
but principal de ses adversaires a été de l'attein-
dre lui, l'abbé, dans son caractère sacerdotal.
Telle est Ia signification évidente et la portée
inconcevable de la campagne électorale divigée
contre lui, l'abbé Daens.
On ne peut pas atteindre un prêtre con me on
atteint un commercant. On ne pouvait iner
l'abbé Daensdar.sses affaires puisqu'il n'en fs;r r«
Mais il n'en était pas moins vulné'raL.j,
l'atteindrait sGrement en le frappant dar.s sa 1
dignité sacerdotale, et par lA on ruinerait a jamais
son autorité et son influence.
Je vous ai fait connaïtre tout A l'heure la
polémique usitée en temps électoral, au pays
d'AIost.
Nous avons vu comment les journaux conserva
teurs traitaient les démocrates. Nous allons voir
comment ils traitaient l'abbé Daens.
Je ne lirai que deux extraits de cette polémique
scandaleuse. Je ne veux pas abuser de l'attention
du tribunal. II trouvera d'ailleurs a notre dossier
une série d'articles qui lui donneront une juste
idée de Ia modération dont on a usé A l'égard de
M. Daens.
Le Volk journal démocratique de Gand
avait protesté contre les violences de la presse con
servatrice d'AIost De sa meilleure plume, le
Denderbode crit un trés long, trop long article,
trop long, aussi ne vous 1e lirai-je pas en entier;
dans lequel on lit ce qui suit a propos de
M. l'abbé Daens
Vou3 dites que c'est agir avec peu de charité que de
dépeindre M. Daens et sa clique comme des menteurs, des
querelleurs, des artisans de discorde. des trompeurs du
peuple, des révolutionnaires, desorgueilleux, des ambitieux,
des hommes qui cherchent leur profit, des fripouilles cou-
vertes d'une apparence de religion.
De tout cela nous ne retirons pas une lettre.
Dites, confrère, connaissez-vous l'histoire de la
femme, ce vrai trait de canaille
Ce trait a étéattribué A M. l'abbé Daens, comme
vous.savez.
Et plus loin
Ceux qui racontent dès mensonges aux gens et font des
promesses fausses, comment les appelez-vous k Gand A
Alost nous les appelons des trompeurs du peuple. n
(Denderbode, i3 juin 1895.)
Huit jours plus tard, le 21 juillet 1895, le
Denderbode écrivait A propos de M. l'abbé Daens,
lout un article injurieux dont je vous donnerai un
simpte extrait
Qui Qui ment comme une Ame noire un damné
quand il soutient qu'il lui a étc ordonné de ne dire la messe
quïi 8 heures.... quand il la dit?
Qui Qui Notre martyr1'élu des libéraux et des
socialistes
Cts violences abondent. C'était lA-bas pain
quotidien.
Leg juin 1895, un correspondant du Dender
bode lui ayant écrit que M. l'abbé Daens revenait
de Rome 1e coeur plein de honte, cet aimable
journal s'empresse de mettre en note
De la honte Y aurait-il encore de la place dans cet
homme pour un sentiment de honte N'est-ce pas un
éhonté 5
Et le 11 avril avait paru un article qui suffirait
A lui seul A caractériser toute celté campagne.
Ecoutez
a Daens ne supporte pas Pilate, dit-il, c'est pourtanl
étonnant.
Pilate fait cause commune avec les juifs,
Daens avec les socialistes.
Pilate cond imue Notre Seigneur,
Daens les fidèles serviteurs de Notre Seigneur 1
Pilate tcnait A ses appointements,
Daens k ses 4000 balles
Pilate devint l'ami d'Hérode,
Daens des libéraux.
Pilate lAcha Barabbas.
Daens la racaille socialiste.
Pilate ne voulait pas entendre parler de la vérité,
Daens pas davantagc.
Pilate jouait un faux róle,
Et Daens pas, sans doute.
Pilate livrait le Christ pour sa'isfaire la popnlace
Et qu'a fait Daens
Est ce que Daens supporterait Judas
Jc me contenterai de vous faire connaitre, pour