LA JUSTICE SOCIALE
finii, un article du Denderbode, pubiiée au lende-
niain de la leure par laque le Mgr l'évéque deGand
ordonnaic, par mesure de prudence, de ne pas
dire la messe en public.
Le DenrferZ>oifes'empressea'interroger M. l'abbé
Daens, et voici ce qu'il écrit
Ecoutez un peu, père Daens, nous avons quelque chose
6 vous demander.
Ne voudriez vous pas publier dans Het Land van Aelst
cette lettre que vous avez rejuejeudi après-midi de Gand,
far express.
Et si nous pouvons vous faire plaisir avec cela, Denderbode
le publiera, entendez-vous
Quel respect pour les decisions de l'autorité
ecclesiaslique I
Vous trouverez également, k noire dossier, un
caricature qui représenie M. l'abbé Daens sur les
planches d'un theatre, dansant entre un franc-
macon qui porte un tablier avec les atlributs de la
franc-maconnerie compas, équerre el truelle, et
un sociahste coiffé du bonnel phrygien.
Oh le but que I on poursuivaii est clair II
s'agissait de déconsidérer le prêtre, de l'atteindre
dans ce qu'il a de plus cher et de plus délicatsod
honneur sacerdotal.
S'il subsistail l'ombre d'un doute a eet égard,
Messieurs,les documents officiels dont je vais avoir
l'honneur de vous donner lecture, vous édifieraient
complètement.
Un a lu tout k l'heure un discours de M. l'abbé
Daens a la Chambre, et on a cité les Annates par-
lementaires.
Je prendrai done la liberté de les citer a mon
tour et de vous lire un autre passage oü vous ver-
rez comment M. l'abbé Daens a été traité en pleine
Chambre vous jugerez après cette lecture
si l'on peut sérieusement soutenir que ses adver-
saires politiques se soucient le moins du monde
des égards qu'ils doivent a ce prêtre.
Messieurs, dit l'orateur auquel je fais allusion il serait
au-dessous de mon passé, au-dessous de ma dignilé et de
celle du parti auquel j'ai l'honneur d'appartemr d'adopter
pour repondre au membre qui vient de se rasseoir le ton
qu'il a pris et d'entrer dans le systeme de personnalités aux-
quelles li s'est livré et qui a cert inement le droit de nous
etonner de la part d'un prêtre. (Exclamations a gauche.
Interruptions.)
M. Daens. Un prétre doit dire la vérité. (Bravo 1 a
gauche.)
L'orateur. Ouij le prêtre doit dire la vérité
M. Vandervelde. Tout le monde doit dire la véritc 1
L'orateur. C'est le devoir de chacun de nous de la dire
et je montrerai tout k l'heure que ce prétre ne l'a pas dite.
(Nouvelles exclamations gauche.)
Mais si ce prêtre doit dire la vérité, il doit aussi prati-
quer la charito et la charité ce prêtre ne la connait pas I
(Oh 1 oh 1 a gauche.)
Et plus loin
L'orateur. .Voilé, Messieurs, l'homme qui vient ici
pariet au nom du peuple, des ouvriers et des cultivateurs
Non, il est l'élu des libéraux et des socialistes, et c'était des
lors bicn le moins que ses paroles recueillissent les applau-
dissemeuts de la gauche.
M. Daens. Montrez que je n'ai pas dit la vérité-
L'orateur. Jele montrerai tout a l'heure
M. Daens. Montrez le maintenant
L'orateur. Je le montrerai quand je le jugerai propos.
M. Daens. Assez de préambule I
L'orateur. Je développerai le préambule comme je
l'enicmils votre attaque inconsidérée a rendu ce préambule
nécessaire; il vous géne, mais j'avais le droit et le devoir
de vous clouer au pilori, et je le fais 1 (Protestations; bruit.)
Voi.a le tot aal
LVrateur. ...Je montrerai que le membre qui vient de
se rasseoir est a cöté de la vérité comme en ce qui concerne
le premier^ T
M. Furnemont. L'honorable membre! (Hilarité a
gauche. Interruptions de M. Daens.)
L'orateur. .La Chambre se rappelle que le membre.
L. Furnemont.L'honorable membre (Nouvellehilarité
a gauche.)
L'orateur. ...Mais voici ce que j'ai ajouté et ce que n'a
pas lu le membre auquel je réponds.
M. Furnémont. L'honorable membre. (Rires.j
M. le Président. Veuillez cesser ces interruptions.
L'orateur. tl confond, comme vous allez le voir, les
indigents qui sont inscrits au bureau de bienfaisance avec
ceux qui re§oivent accidentellement des secours extraordi-
naires.
M. Daens. Voudriez-vous lire.
L'orateur. Vous n'avez pas la parole. (Rires bruyants
a l'extréme gauche.) M. Daens est dans un bourbier, il ne
sen tirera pas 1 (Nouveaux rires sur les mèmes bancs.)
Voila le lattgage que Ton a tenu a la Chambre.
des représentants le 16 janvier 1895.
Et celui qui le tenatt n'est pas le premier venu
C'est un ministre d'Etat catholtque qui jette ainsi
l'oulrage a un prétre catholtque.
11 lient ce langage en présence des socialistes,
adversaires de nos institutions parlementaires, qui
sont la, attenlifs a toutes les occasions qui s'of-
frent a eux de les ébranler, de les déconsidérer
et qui se répandenl en exclamations ironiques,
et qui éclatent de rire k chaque nouvelle injure
Htlartlé prolongée k l'extréme gauche I
Nouvelle hilarité sur les bancs socialistes
Personne n'avait jamais tenu un tel langage
dans nos Chambres Les calhohques ont connu de
mauvais jours, mais jamais aucun de leurs adver
saires ne s'était permis une pareille attitude a
l'égard d'un ministre de l'Eglise.
Eh bien, si un homme comme celui dont je
parle, un homme qui jouit d'une grande autorité,
un homme que domtne le souci de l'intérét public,
qui sait faire taire ses rancunes personnelles et qui
lait passer avant toutes aulres préoccupalions le
souci de la dignilé de son parti et le prestige des
institutions parlementaires, si un homme de cette
valeur lient un pareil langage et laisse percer con-
tre l'abbé Daens de tels sentiments, quels doivent
être, dites le moi,.les sentiments des sous-ordres k
l'égard de ce prétre.
Je vous ai montré au bas de l'échelle les valets
de plume accumulant contre lui les invectives
et les outrages. Je viens de vous montrer,
documents officiels a la mainquel langage
tenail le chef Entre les deux extrêmes se trouvent
les demandeurs Par quel mystérieux hasard
auraient-ils échappé a celle contagion de vio
lences
Non, non, de même qu'on a voulu ruiner finan-
cièrement M. Pierre Daens, on a voulu ruiner
moralement son frère, le prêtre. L'acte du conseil
des Hospices d'Alost n'est qu'un des chainons de
cette longue chaine a l'aide de laquelle on voulait
étrangler les deux frètes. II faut la voir se dérouler
en entier pour se rendre compte de l'entrelacement
et de la mulliplicité des manoeuvres qui toutes
tendaient a ce but.
On vous a lu tout k l'heure la lettre du
7 décembre 1893 par laquelle le conseil des Hog-
uices sigmfiait a M. l'abbé Daens qua partir du
i5 décembre l'accès de la chapelle de l'hopital lui
serait inlerdit.
Je ne discuterai pas t: us les évènements qui ont
précédé ou suivi cette lettre. Mon honorable con
frère, M. Alex. Braun, qui a bien voulu apporter
a notre cause, l'appui de sa grande autorité et de
son grand talent, fera la lumière sur tout cela. Je
me bornerai k dire que les membres du Conseil
des Hospices d'Alost sont les adversaires poliii-
ques de M. l'abbé Daens; ils étaient tous ou
presque tous intéressés dans les élections commu-
nales. Que ces Messieurs discutent et qu'ils réf'u-
tent, s'ils le peuvent, les idéés de M. l'abbé Daens;
qu'ils le combaltent sur le terrain politique, qu'ils
renversent le député par des moyens politiques.
C'est leur droit et personne n'aurait a les critiquer
a cause de cela.
Ce n'est pas ce qu'ils ont fait. lis voulaient
atteindre l'homme politique et pour ratteindi'e ils
ont frappé le prêtre.
Et ils or.t frappé ou essayé de frapper le prêtre
en lui enlevant le seul autel oü il pouvait encore
célébrer la messe au moment oü il prenait leur
décision du 2 décembre.
Messieurs, j'ai été stupéfait du langage tenu ici
par mon honorable conlradicteur quand il a parlé
des relations du Conseil des Hospices d'Alost
avec M. l'abbé Daens.
A entendre l'honorable M. Woeste, on aurait
cru que ces relations avaient pour objet la réfection
des bailments des Hospices, ou bien qu'il s'agissait
de rapports de maitre a domestique.
On a cru nécessaire de nous citer longuement
M. Lenz pour démontrer que les Hospices peuvent
disposer de leurs batiments comme ils l'entendent!
Qui a jamais songé a contester ces petites vérités
administratives. Mais dites-moi
Est-ce de cela qu'il s'agit ici
Non. Le débat est autrement grave, autrement
élevé.
Les questions de propriétés, les questions d'ad-
ministralion sont étrangères k ce procés.
On nous disait tanlot Yoyez jusqu'oü la Com
mission des Hospices a poussé la condescendance
elle a bien voulu permettre k M. l'abbé Daens de
dire la messe dans la chapelle de l'hopital. Et
cependant elle avait le droit, elle avail peul être le
devoir de dire a ce prêtre Vous ne direz pas la
messe chez nous vous n'entrerez pas ici. r.-\
Langage inconcevableEt pourtant nous le
reconnaissons volontiers, si la Commission des
Hospices eut refusé au mois d'octobre 1894 d'au-
toriser M. l'abbé Daens a dire la messe'dans la
chapelle de l'hópital.sa décision blamable assu-
rément eut été moins grave que celle quelle a
prise le 2 décembre 1895, quand elle a chassé M.
Daens de cette chapelle dont l'usage lui avail été
accordé.
Pénétrons-nous bien de la réalité.
M l'abbé Daens se trouvait dans une situation
aussi délicate qu'exceptionnelle. Ses adversaires ne
cessent d'exploner cette situation que chaque mesure
nouvelle devait nécessairemenl aggraver.
Et c'est dans ces circonstances, que pour des rai-
sons politiques, les demandeurs enlèvent a ce prê
tre qui est leur adversaire politique l'unique
autel qui lui restait.
Pour apprécier les fails,pour les apprécier saine-
ment, il faut que nous nous demandions, Messieurs,
ce que c'est que la messe, et si devani la gjandeur
infinie du Saint Sacrifice, nos misérables passions
politiques dont le souvenir même s'effacera, quand
nous aurons disparu el nos petites querelles avee
nous, ne devraient pas se taire et js'mcli..er.
Voila la question du procés. $c-r .r M
vaire I Songeons k Jésus-Christ étendu ur sa Croix
et donnant tout son sang pour la réd. nption du
monde.
Catholiques, nous croyons dans la sincérité de
nos coeurs, que l'homme étendu, tout sanglant,
sur cette Croix, était l'Homme-Dieu, la deuxième
personne de la Sainte-Trinité, descendu sur la
terre pour la rémission des péchés des hommes.
Qui comprendra jamais ce mystère de douleur et
d'amour
C'est devant ce spectacle, d'une grandeur infinie
qu'un de nos plus brillanls écnvains a pu dire
C'est a peine si le front prosterné dans la poussière, le
Vepdredi-Saint, lorsqu'on est bien uni par la prière k Celui
qui a voulu endurer pour nous l'horrible supplice de la
croix, on peut sonder le mystère d'amour que contient l'ago-
nie du Golgotha.
Eh bien, c'est ce sacrifice sanglant que, d'une
maniëre non sanglante la messe renouvelle chaque
jour sur nos autels. C'est ce sacrifice que M. l'abbé
Daens offre et continue d'offrir chaque jour k
Dieu.
C'est devant ce sacrifice, c'est devant C't autel
que tous les chrétiens, que les membres de la
Commission doivent s'incliner même si c'est
M. l'abbé Daens qui officie. C'est k ce grand
mystérè qu'ils devraient songer au lieu de se
détourner de l'autel et de feuilleter les ceuvres de
M Lenz pour leur demander si la Commission
des Hospices a la libre disposition des batiments
qu'elle administre.
La messe est le renouvellement du Sacrifice de
la Croix.
Vous parlerai-je k piésent de la dignité du prê
tre. 11 paraït que c'est un blasphème de comparer
M. l'abbé Daens a Jésus-Christ.
Or, l'Eglise nous enseigne que le prêtre qui
célèbre le Saint Sacrifice prend la personne du
Christ. Ce sont les termes mêmes du catéchis me
du Concile de Trente. Ce n'est pas le prêtre,
c'est le Christ lui-même qui consacre et qui sa-
crifie.
Telle est la foi catholique. Telle est la foi des
demandeurs comme la nötre.
Et par conséquent en barrant k l'abbé Daens
le chemin de l'autel oü il célébrait, en lui fermant
la porte de la chapelle de l'hopital, ils ont litté
ralement chassé le Christ du temple.
Rappelez-vous les temps barbares. Alors des
passions furieuses secouaient l'humanité. II y
avait des colères, il y avait des ambiiious, il y
avait des haines. 11 est vrai qu'alors aussi les
hommes se combatlaient et se tuaient franche-
ment a grands coups d'épée, et qu'ils ne cher-
chaient pas a s'étrangler hypocritement avec des
ficelles administratives. Eh bien, en ces temps-lè
les barbares avaient établi le droit d'asile Au seuil
du temple, comme devant une barrièie rendue
infranchissable par la Majesté divine, les haines,
les colères, l'autorité, la force s'arrêtaient. Protégé
par l'autel le criminellui-mêmedevenait inviolable.
Chez les chrétiens civilisés d'Alost, ces grandes
idéés n'ont-elles done plus de poids Ne percoi-
vent-ils plus les splendeurs deschoses religieuses,
puisqu'ils semblent se laisser absorber par le petit
cöté des questions politiques et puisqu'ils per-
mettent k leurs rancunes de franchir le seuil du
Temple et d'aller toucher le prêtre au pied de
l'autel oü il vient célébrer.
Ah il faut frapper l'homme politique, et pour
cela, paree qu'il est prêtre, ils lui fermeront les
portes de la chapelle sans se demander seulement
si, demain, ce prêtre trouvera encore un autel oü
dire la messe.
Quel motif pouvaient-ils avoir de chasser M.
l'abbé Daens de la chapelle de l'hopital Aucun.
Dans la lettre par laquelle on lui signifie que dans
huit jours il devra dire la messe ailleurs, quel grief
articule-l-on contre lui Aucun.
Aujourd'hui les explications abondent. Les
demandeurs soutiennent qu'ils ont agi avec modé-
lation. En même temps qu'ils communiquaient a
M. Daens ltur décision du deux décembre, ils ont,
disent-ils, averti Monseigneur de Gand afin que
celui-ci pourvut M. l'abbé Daens d'un aütre autel.
Ce n'est pas ce que dit la lettre de la commis
sion des hospices a Mgr l'évéque de Gand. Elle
demande k levêque de prendre les mesures que
comporte la situation.
II y a la une nuance qui n'échappera a personne.
Je ne dirai rien de plus,sinon qu'en cette occurence
de puissanles interventions se sont manifeslées qui
ont fait cesser les conséquences de l'acte que nous
avons critiqué.
J'estime qu'en critiquant eet acte comme nous
l'avons fait,nous avons rempli un devoir impérieux.
Nous ne nous élions pas trompés sur Ie mobile
des demandeurs. Aucun doute nest plus possible
aujourd'hui.
Nous avions pensé que peut être noire honorable
adversaire viendrait nous dire La Commission
des Hospices a été obligée de prendre cette mesure.
M. l'abbé Daens a mis sa patience a bout.C est un
homme d'un caractère impossible, qui troublait le
bon ordre a l'höpiial.
M. Woeste. Ces choses-la ne regardent pas
le tribunal.
M. Renkin. Nous pensions que peut-être la
Commission des Hospices avait été lorcee de pren
dre la décision dont M. l'abbé Daens a eté victime,
obligée de le metlre a la porte, afin de rélablir a
l'hopital la paix qu'il troublait.
Pas du toutII se trouve que sous ce rapport
on n'a pas grand chose a reprocher a M. Daens.
Un jour seulement, au mois de juillet, il a été
indiscret. Sur la foi du Denderbode qui affirmait
qu'il menlait en disant qu'il ne pouvait dire la
messe qu'a 8 heures du matin, il s'est présenté vers
7 heures a 1 hópilal. On lui a inlerdit a cette heure
l'accès de la chapelle et il a insisié un peu fort pour
réclamer auprès de la Mèresupérieurc.
Cela n'a aucun rapport, évidemment, avec la
décision du 2 décembre.
Qu'a done fait M. l'abbé Daens Ce qu'il a fait,
noire honorable contradicteur nous la dit. Le
19 novembre dernier, dans un débat provoqué par
une riposte qu'il serait difficile de trouver magna
mme, il a prononcé un discours k propos des élec
tions communales d'Alost.
Dans ce discours, il y a deux phrases qui con
cernent les Hospices d Alost, concédons-le.
Or, parmi les membres de la Commission des
Hospices, il y en a deux, si je ne me trompe, qui
ont été élus conseillers communaux d'Alost ie
17 novembre.
Un troisième comptait un de ses trés proches
parents parmi les candidats.
Or, dés que des journaux eurent affirmé que les
élections d'Alost avaient été marquées par des
actes de corruption éhontés, les étus conservateurs
ont aurait ces journaux en justice et ce procés est
actuellement pendant devant le tribunal civil de
Tcrmonde.
Disons, en passant, et pour répondre aux affir
mations de notre honorable contradicteur que la
lumière n'est pas encore faile sur ce qui s'est passé
a Alost pendant la dernière période électorale. On
ne peul pas alfirmer que les accusations de corrup
tion qui ont été formulées sont fausses.
Voicitrois semainesqu un juge a instruction agit
a Alost et l'instruction n'est pas fime. 11 n'est done
pas léméraire de supposer que eet honorable magi
stral a trouvé quelque besogne a Alost, que p.ul-
êtreil y a quelque chose. .Quoi? Nous n'ensavons
rien. L'avenir nous éclairera.
Quoi qu il en soil, on pouvait assigner les jour
naux, 011 ne pouvait intenter un procés a M. l'abbé
Daens. 11 avait parlé a la Chambre. II était couvert
par l'immunité parlementaire.
II lallait done l'atieindre autrement. Voila le
secret de la décision de la Commission adminis
trative des Hospices. L'aveu en a été fait tout k
l'heure.
M. Daens a été chassé de la chapelle de l'hópi-
ta', paree quil avait attaqué la Commission des
Hospices et que celle-ci était dans l'impossibilité
de lui demander compte de ses paroles.
Aux journaux on lait un procés. Au prêtre on
enleve l'autel
Done nous avons eu raison d'écrire qu'on a
frappé le prêtre pour atteindre l'homme poli
tique.
Laveu des demandeurs justifie l'appréciaiion
prétendüment injurieuse de notre article.
Quand la décision de la Commission des Hospi
ces a été connue, il y a eu un cri de reprobation.
Des hommes trés considérables, vous le savez, ont
déclaré que c'était un acte odieux.
Ils ont ditCombattez l'abbé Daens comme
homme politique, si vous voulez, mais respectez
sa soutane, respectez sa chasuble et ne vous
acharnez pas k élever de nouveaux obstacles
autour de ce prêtre pour l'empêcher de s'approcher
de l'autel.
De grandes influences, le fait est notoire, se
sont inierposées afin de lever les obstacles qui sur-
gissaient sous les pas de l'abbé Daens quand il
sapprochait d'autres oratoires oü on hésitait a
lairc accueil k ce maudit.
Ah 1 vous croyez que votre correction admi
nistrative a fait illusion et qu'on a cru vraiment
qu il était normal et juste de votre part de fermer
devant M. Daens les portes de la chapelle de
l'höpiialQue l'on ouvre un referendum sur cette
question, que l'on demande, par exemple, sans
distinction, k tous ceux qui se trouvent en ce
moment dans ce palais Que pensez-vous de la
decision prise le 2 décembre par la Commission
des Hospises d'Alost contre M. l'abbé Daens?»
Vousseriez épouvanlés du résultat.
Vous pourriez vous couvaincre alors que tout
le monde n'est pas aveuglé encore par la haine
politique et l'espnt de domination, et que nous
exprimions vraiment le sentiment quasi universel
quand nous avons crié il faut que cette persé-
culion cesse enfin et que l'on rende la paix a ce
prêtre.
Nous sommes ainsi faits. nous, les jeunes, que
lorsque nous voyons des hommes puissants se
grouper pour attaquer sans merci un homme
isolé et faible, nous nous rangeons du cöté du
faible et del'isolé, sans nous demander si nous par-
tageons toutes ses idéés, si nous approuvons tous
ses actes.
C'est un spectacle qui nous dégoüte que cette
chasse a l'homme, cette chasse au prétre menée
par des catholiques, pour des motifs politiques.
Nous avons exprimé ce sentiment de répulsion
avec toute l'énergie dont nous sommes capables.
Nous nous en félicitons et une chose nous étonne,
c'est qu'il se soit trouvé des hommes, qui, chaque
jour, s'agenouillent au pied des autels pour avoir
le courage de venir nous reprocher ici ce mouve
ment d'indignation.
Nous nous sommes trouvés^douze intervenir
dans ce procés pour revendiquer comme un hon
neur la responsabilité de l'articleincriminé.
Et notre honorable contradicteur ne saisit pas
la signification de notre intervention. II plaide
que nous avons voulu augmenter la puissance de
l'injure et que nous aggravons notre situation. II
plaide que nous voulons intimider la justice.
Personne ne prendra au sérieux ces finesses.
Hormi les demandeurs, tous ont compris notre
attitude.
Nous sommes venus k la barre, je le repête pour
prendre loyalement la responsabilité de nos actes,
pour exprimer, je le répéte aussi, le sentiment dé
révolte i t de dégoüt que nous éprouvons devant
ce: te chasse au prêtre menée par des catholiques.
Nous 11e pensons pas k injuner les demandeurs.
Nous leur avons ene Arrélez-vous Ne conunuez
pas dans cette voie Voytz done quel spectacle et
quelle le^on vous donnez a ce peuple, travaillé
par les pires influences, et que seul, l'esprit reli-
gieux, le respect de notre foi, la pratique de notre
morale chrétienne peut sauverQuelles armes
vous forgez pour nos ennemis I Que doivent pen-
ser et dire les simples qui vous conlemplentQue
doivent penser et dire les ennemis qui vous guet-
tent. Voila, s'écnent-ils, comme les catholiques
s'aiment entre eux Voila comment ils respectent
leurs prêtres
Voila la sincérité de leur foi et de leurs senti
ments religieux I
Eh bien, nous ne permetlrons pas que ce
reproche puisse être fait aux catholiques, k tous
les catholiques. Non! nous entendons dire haute-
ment, nous voulons ener quil est des catholiques
qui considèrent toutes ces lulles politiques, toue
ces conflits d'ambitions, comme des choses secon
dares.
Oui I toutes ces ambitions, tous ces mandats
pour lequels on se déchire, que sonl-ils Moms
que de la poussière.
Vous riez, M. Woeste.
M. Woeste. —Jeris.de vous entendre parler
ainsi des mandats.
M. Braun. II y a des ambitions légitimes.
M. Renkin.Laissez, M. Braun. Je méprife
cette intcrruption.Jcne lareleveraipas.J'oseledire,
chacun connait ma sincérité. Si je seis l'Eglise,
c'est sans arriere-pensee. Jerepète que toutes ces
querelles, tous ces conflus u'ambmon, ces man
dats qui allument des passions passagéres ne sont
après tout que poussière et qu'u imporie de placet
au-dessus de toutes ces petites choses le respect des
grandes vérités du cimslianisme, qui touchent k
ce qui est immuables a la Divinité, a 1 Eiernilé.
Et le jour oü des hommes partageant toutes nos
idéés puliiique, agiraient vjs-a-vis d'un prêtre
comme on a agi a Alost visa vis de M. labbe
Daens, nous scnonsau premier rang pour uéfendre
ce piéire, pour dire alors a ces amis ce qu= nous
vous avons du aujourd'huiVous n ave/. pas !c
droit d agir ainsi.
Notre honorable adversaire lient particulière-
menl k nous laire condamner pour caiomnie.
Nous avons alfirrné un fait vrai et nous l'avons
apprecie L'injure est possible. La caiomnie ne
1 est pas dans ue telles conditions. Mais vous avez
affirmé, s'écne M. Woeste, que lts demandeurs
avaient liansformé la chapdle des Hospicts en un
club politique.
Voila la uitfamation 1
En vérité les demandeurs aurunt été les seuls k
simaginer que nous avions voulu les accuser
d avoir fait donner des meetings dans la chapelle
de 1 hópilal dAlost. Cette pürase comme les
autres est une appreciation de leur décision.
Jen insiste pas da vantage sur ces details. D autres
les examineront et rencontreront plus complète
ment l argumentation des demandeurs.
J e m'arrêle, et je vous dis a vous, Messieurs
qui allez juger ce proces, qui devait être, parait-il,
noire aneanussemcnl et qui devait nous couvrir de
honle, je vous dis Peut-être estuncrez vousquela
loi est inflexible et que, eui-011 raison, même pour
defendre une cause juste, il taut se garder des
lories expressions qui seules peuvent rendre des
sentiments puissants. Mais si, malgié noire convic
tion, vous jugiez que nous avions uepassé les droits
de la cimque, dans vos coeurs nous demeuierions
absous.
ruiuoiuiE
I>li 11. CAIITOA DE WlAltT.
Messieurs,
Je serai bref. Ma parole ne pourrait rien aion-
ter a 1 impression de la pjaidoirie émue et cmon-
vante que vous vencz d'entendre. Mars ie dors
accomplir ma mission qui est d assister specrale-
mem dans ce proces deux journaux «amends Het
Land yan Aeht et Klokke Roeland de Ninove
qui se disent democrates chrétiens et tmi le
sont.
A un point de vu» géuéral, leur cause se con
fond avec cello de la Justice Soctalc, avec celle
d autres jouinaux qui, tout en ayant reproduit
laiucle incriminé, ne sont pas repiésentés a ce
procés, avec celle des intervenants qui revendi-
quent la responsabilité de l'artrcle... Je drrai nlus
leur cause se confond avec Ie sentiment de i'onit
mon publique. Car, a tout prendre, ce quo nous
avons dit tout haul, qui ne l'a pensé tout bas bi
tous it ont pas parle, cest que beaucoup nc peu
vent pas parier, ou n'osent pas parler. C'est un
mouvement dop,non que vous avez a inner et
non pas les quelques phrases qui en som" léxDres'
sion. Ce que vous condamner,ez en nous
condamnant, c'est l'mdignation elle-méme bfon
plus que le cn d indignation...
Cette indignation jugez la done... Détraeez 1,
cause de rout ce qu, n'ea est que le décor? S?
abstraction, si c est possible, de la
des demandeurs e. des delendeurs. Nc re.enez que
ceci. un prune a etc traquejusqu'au pied des
autels, sans avoir comnns d'autre crime
d avoir delend,i des idees qu, déplaisarent a dS
homines puissants. Four avoir aihrme une uoli?
quequil croyait être la bonne, - et qu'il