LA JUSTICE SOCIALE
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public, qu'ils rompaicnt avec M. l'abbé Dacns c'est
ce qu'ils ont (ait. Etje pense qu'il n'y a personne
ayant souci dc son honneur et de sa dignité, ayant
souci du bon renora de l'institution a laquellc il est
attaché, personne qui en pareil cas et dans l'imposi-
bilité de se scrvir d'un autre moyen, n'aurait pas
agi corame les Hospices d'Alost.
Et c'est dans ces conditions que la Justice Sociale a
publié l'article que j'ai mis tout a l'heure sous vos
yeux et sur lequelje reviens en quelques mots et avec
quelques détails.
L'inl'amieMais on se deraanJe tout d'abord s'il
est permis de dire dans un journal qu'un acte posé
par des parliculiers et a plus forte raison posé par
des membres d'une institution publique, que cot acte
est une infamie.
Et qui ne dira qu'il y a li une expression outra-
geante au premier chef, et que l'établisscment même
auquel les demandeurs sont attachés serait deconsi
déré si, a l'égard d'une semblable imputation, ils
n'élevaient pas une protestation et s'ils n'en saisis-
saient pas les tribunaux
Infamie ce mot domine done l'article tout cntier,
il en est l'expression. L'article débute ainsi
M Woeste lit ici hi première parlie de l'article incri-
miné.
Le tribunal sait déjii que cela n'est pas exact. La
chapelle de l'höpital n'est pas le seul oratoire qui i
existe AlostM. l'abbé Daens est pourvu actuelle-
ment d'un autre oratoire. Et, du reste, la Commission
des Hospices, placée dans la situation que vous
connaissez, n'avait pas a se préoccuper de ce point
elle n'avait a se préoccuper d'autre chose que de
défendre son honneur.
L'article continue
Ceci n'est plus une de ces mille vilénies dont on
est coutumier 14-bas, vis-a-vis du parti ^lémocratique.
C'est l'infamie elle-mème, l'infamie essentielle.
Je suppose qu'on nous cxpliquera quelle est la
portée de ces termes-la. On dit que l'article a été
écrit par M. Pol Demade, qui se pique de littérature
en mêmc temps qu'il est médecin. II pourra done
nous expliquer ce qu'il a voulu dire par lit. Mais ce qui
est certain, c'est qu'on a voulu nous adresser une
grosse injure c'est l'infamie elle-mème, l'infamie
essentielle.Ce n'est done pas un acte, celui que
nous avons commis, corame malheureuscment on en
voit se commettre assez souvent dans l'humanité
c'est l'acte le plus abominable qu'on puisse imaginer
C'est l'infamie elle-même, c'est l'infamie essentielle!
L'article continue
Ainsi, dans un pays de foi, se trouvent des catho-
liques d'ame assez misérable pour barrer 4un prêtre
lechemin de l'autel! C'est uue honte pour la Bel-
gique
Discutez nosactes, délibérez-en, blamez-nous. Mais
nous attaquer dans notre conscience, dans notre hon
neur, en disant que nous avons une iline misérable
Est-ce que cette imputation-la peut passer inapergue?
Est-il un honnète homme qui la regoive sans protester?
Et de quel droit, s'il vous plait, ces gens trans-
forment-ils le sanctuaire en club politique
-*p,te accusation. Voila done les membres des Hos-
Bpices qui sont accuses d'avoir fait de la chapelle de
«'hospice un club politique
Je vous déflo d'établir qu'il en ait été ainsije vous
défle d'établir que cette chapelle ait jamais servi a
une manifestation politique, de quelque nature qu'elle
soit.
IMais vous savez le francais, car, comme je le
disais tout a l'heure, M. Demade administre de la
littérature comme il administre des roraèdes. Eli
bien, s'il sait le frangais, il a done su quelle était la
portée des termes Jont il se servait. Transformer la
chapelle en club politique Ce n'est pas vraic'est
une diffamation, ii cöté des outrages quo j'ai déja
relevés.
M. l'abbé Daens est députó démocratc chrétien.
Voila tout le grief. Et paree qu'il est cela, defense lui
estfaitepar quelques tyranneai..: .l'ap-ir icner.de son
Dieu
Comme si, par cela soul que nous avons dit a M.
l'abbé Daens, 4 raison des faits qui se sont passés
Vous n'entrerez plus dans ce local qui nous appar-
tient, nous lui avions défendu d'approcher de son
Dieu
Attitude effrayante de bêtise et de cynisme
ócrit-on.
Vous voyez cette accumulation de paroles inju-
rieuses et outrageantes Et comment comprendre
que Ia Commission des Hospices ne se soit pas cabrée
en présence de pareilles imputations
Le but secret de cette mesure, qui rappelle par
quelques endroits le fameux Kulturkarapf (voir les
ceuvres de M. Woeste)»on m'a mis en cause
comme on le fait souventcela m'cst bien égalCes
choses 14 m'honorent, et je m'en pare tout le
monde le devine, et il convient de le révélcr, si sata-
nique soit-il, c'est d'atteindre l'homme politique par le
pi (ire. Oui, telle l'eflroyablc pensée de derrière la
tête de tous les petits Bismarck d'Alost.
Ainsi, au lieu de dire que nous avions cu tort et de
chercher le démontrcr, vous allez a nos intentions
et vous dites que notre but est satanique et que c'est
une effroyable pensée qui nous inspireA-t-on jamais
vu dans un article une telle accumulation d'outrages
abominables
Le moyen de réussir, ils croienl l'avoir trouvé
ils s'efforceront de tout leur pouvoir d'isoler le prétre
de son Dieu, le serviteur de son Maitre.
Ce n'est pas la première tentative de ce genre qui
est faite, mais c'est la plus effroyablement perverse.
Quelle aberration de l'espritcatholiquc Un jour
Jésus-Christ a chassé les vendeurs du Temple et voici
que les vendeurs prennent leur revanche et chassent
i leur tour Jésus-Christ.
Ah on nous accuse d'ètre des vendeurs du Temple
et d'en chasser Jésus-Christ.
Eh bien, je vous mets en demeure de justifter cette
difl'amation. En quoi sommes-nous des vendeurs qui
avons chassé Jésus-Christ du Temple? II faut le dire et
ne pas vous contenter de vous retrancher deri'ière de
vagues allégations, comme celles que nous allons ren-
contrer dans vos conclusions. II faut, ou bien retirer
ce que vous avez dit, ou bien le justifler.
Car ils le savent trés positivement, ces catholiques
dévoyés, on le leur a dit cent fois, ils l'ont peut-ètre
répété eux mêmes Le prêtre et Jésus-Christ eest
toutun, celui qui mépx'ise l'un méprise l'autre.
Permcttcz, Messieurs, ici je fais une réserve. Voici
un prêtre qui dit la nxesse mais qui n'a pas de juridic-
tion il n'administrc pas les sacrcments; il nc confesse
pas il ne distribue pas la sainte communion il n'ad-
ministre pas le baptème aux enfants il n'administrc
pas les mourants il nc donne pas le catéchisme de
persévérancc x*ien Et eet homme, c'est un homme
politique. II vient dans la Chambre il est Ié rcvêtu
d'un mandat politique, et, revêtu de cc mandat poli
tique, il juge un fait politique les élections d'Alost.
II accuse les Hospices de cette ville d'avoir commis
une manoeuvre politique condamnable. Et voila que
l'on vient nous dire Le prêtre et Jésus-Cbrist c'est
toutun, et vous nepouvez attaquer M. l'abbé Daens
sans attaquer Jésus-Christ
Permettez-moi de vous Ie dire, c'est li un véritable
blasphème.
Au milieu du silence pénible de la presse catho-
lique on rcconnait qu'clle s'était tue elle s'êtnit
tuc a bon escientnous ci'oyons de notre devoir
d'élever la voix et de protester contre l'infamie perpé-
trée c'est la quatrième fois que le mot infamie
revient par le Conseil des Hospices d'AIost.Se taire
en pareille circonstance, équivaudrait a se rendi'e
complice du crime.
Du crime Du cx-ime
Par la même occasion nous envoyons i M l'abbé
Daens un pai ticulier témoignage de sympathie.
Du courage, M. l'abbé on peut vous empêcher
d'aller a Dieu par la messe, on no saurait interdire a
Dieu d'aller i vous et vous i Lui par la prière.
La Justice Sociale.
P. S. Au dernier moment, nous apprenons
que, par ordre de Mgr l'évêque de Gand, la chapelle
des Carmélites d'Alost a été ouverte 4 M. l'abbé
Daens.
Que l'infamie c'est la cinquième fois que le
mot revient! du Conseil des Hospices lui reste
pour compte comme la marque dc fer rouge de jadis
a l'épaule des forgats.
Voilii done les membres de la Commission qui sont
assimilés a des forgats. Cela ne nous étonnc pas
après le commencement et le milieu, il était naturel
que l'article se terminat par cette péi'oraison.
Et c'est en présence de tout cela qu'hier soir mon
honorable confrèreM°Braun m'a l'ait tenir les conclu
sions que voici
Cette conclusion dit que l'article en questin con
stitue l'appréciation d'un fait vrai et ne dépasse
pas les bornes de la discussion permise.
Ah! permettez! L'appréciation d'un fait vrai!
mais j'ai relevé quclques-UDes de vos imputations la
transformation de la chapelle en club politique; les
vendeurs qui se trouvent dans le Temple (les ven
deurs sont ici les membi'es des Ilospices), c'est de
la difl'amation, cela. Et du reste, il ne s'agit pas d'user
du droit d'appréciation que l'on a des actes publics et
privés de pour aller jusqu'aux dernières liraites.
Vous avez le droit de délibérer librement, dJaDDrécier
libremenl, de blamer librement, dc condamner libre
ment, mais il y, une liniito qu'il ue faut pas franchit'
c'est i'ouuagé, c t inmii |;- -
vous avez franchie.
Au tribunal d'appriv ier, apres ce qu<\ dit.
Voila toutes les conclusions ad verses, fous con
naissez dès 4 présent le théme qui va être développé
tout a l'heure.
II me reste. en quelques mots, 4 faire ressortir la
gravité dc outrage qui nous a été adressé.
C'est en réalité, comme je vous le disais tout 4
l'heure, une institution politique qui, dans la
personne de ses membres, a été violement attaquée.
L'honneur, la dignité des institutions publiques
importent 4 tous. Et quand cet honneur, cette
dignité sont attaqués, il appartient aux tribunaux
d'intervenir pour les faire respecter.
Mais, deplus, vous connaissez la qualité person-
nellc des membres de la Commissionl'un est vice-
président du Sénat et est universellement honoré
l'autre est un juge depaix d'Alost; un troisième est
conseiller communaldeux autres sont industrials et
négociants, tous, ils ont besoin de la considération
publique, et ils ne peuvent être indifférents a de
semblables suffrages.
Et voyez comme on a cherclxé a rendre ces outrages
violents. L'article que nous vous dénongons n'est pas
un article émane d'une seule personne si Ton en
croit le fait qu'on a volontaii-ement posé il n'est
pas émané d'un folliculaire quelconque, il est signé
La Justice Sociale.
Ce qu'on a done voulu, c'est faire une manifestation.
On a voulu une manifestation collective, et l'outrage
est d'autant plus grave qu'il est intervenu non pas
seulement une personne, mais une collection de
pei'sonnes.
Quelles étaient ces personnes? Vous avez entendu
l'intervcntion dont jo vous ai donné lecture tout 4
l'heure elle est du 27 Janvier 1896. Douze personnes
sunt intervenues, et, parmi ces douze personnes, il
y a dix avocats.
Et si douze personnes se servent de termes
signiftcatifs dans leur acte d'intervention Que les
exposants, tous rédacteurs a la Justice Socialesont
les auteurs de l'acte iucriminé, et que, revendiquant
l'entière responsabilité de leurs actes, ils vous prient
de les recevoir intervenants.
Les voili done qu'ils se déclarent les auteurs de
l'article.
Eh bien, ce n'est pas vrai.
Le tribunal doit nécessairement s'attacher a vos
propres déclarations, et vous avez le droit de vous
déclarer les auteurs. Mais ce n'est pas vrai
Vous n'avez pas été 4 douze 4 écrire cut article
Vous en ètes done les auteurs Mais il sulllt de lire
l'article pour se convaincre qu'il a été écrit par une
seule plume.
Ahjo sais bien co que l'on dii'a il y a un comité
de rédaction 4 la Justice Sociale, et par cela même,
nous avons pris l'entière responsabilité de l'article.
Je réponds J'afflrme que quelqu'un des inter
venants n'a pas eu connaissancc de l'article avant
qu'il aitparu; si l'on m'y force, je ferai appel a des
noms. J'ajoute que l'un de ceux qui sont intervonus
m'a dit 4 moi-mêraö qu'il était complètemcnt étranger
4 eet article, qu'il n'y était pour rien. Un autre a dit
la même chose 4 un tiers qui me l'a répété.
VoilA done les faits.
Et alors, sous quel jour apparatt cette intervention
de douze personnes parmi lesquelles dix avocats.
Eh bien, je me demande si ce n'est pas 14 un essai
d'intimidation vis-A-vis du tribunal. (Itiics
M° Renkin. VoilA le respect de la magistrature.
M" Wpeste. Je ne veux pas parlor du tribunal
je parle de ceux qui sont mes adversaires.
M Renkin. Alors, c'est nous que vous outragez,
pour nous intimider. (lines.)
M. le.Président. - Le tribunal a son appréciation
faifi/.-iir ce point. Vcuillez continuer, M° Woeste.
M' Woeste II importe de savoir que. dans notre
pays, dans un siècle d'égalité et de démocratie, la
justice existe pour les avocats comme pour les autres
ditoyens.
M. Renkin Nous l'espérons bien.
M° Woeste. Je ne sais si vous direz toujours
comme cela après que le jugement sera rendu. Mais
quoi qu'il en soit... mon Dieu, vous riez tout le temps;
je nesais si vous améliorez beaucoup votre cause en
riant de cette fagon. Dans tous les cas. je trouve que
des jeunes gensqui rient avec cette affectation pren
nent une attitude qui n'est pas en harmonie avec leur
age.
Je di done que si ce n'est pas cela, qu'est-co done
On a done voulu faire quelque chose en intervenant
a douze. Et qui nc comprend que l'outrage est d'au
tant phis lourd qu'il est lancé par douze personnes
plutdt que par une
Nous no nous trouvons pas actuellement en face
d'une seule personne qui diffamo ou outrage, mais de
douze personnes. C'est une démonstration, c'est une
manifestation. Et le tribunal aura certainement égard
4 cette manifestation émanée de douze personnes qui
ont délibéré pendant six senxaines pour déclarer
qu'eiles acceptent la pleine responsabilité de ce que
vous connaissez aujourd'hui.
EtfJu reste, tout cela, Messieurs, est en harmonie
avec T: que la Justice Sociale a écrit a la suite de 1'assi-
gnatjon qu'elle a regue.
Quinze jours s'étaient passés sur cet article du
22décombre 1895. On avait eu le temps de réfléchir.
Eh bien le 5 janvier, voici ce qu'écrit la Justice
Sociale
«Les Etrennes" de la Justice Sociale.
Bonne nouvelle. Nos lecteurs se rappellenl l'arlicle paru
en tête de notre numéro du 22 dücembre. II s'intitulait
L'Infamib», et dênnngait l'arbitraire decision du Conseil
des hospices d'Alost qui venait d'interdire a M. l'abbó
Daens l'accès de la chapelle de l'höpital.
Cet article nous vaut un procés Tant mieux. II est de
ceux dont nous disons avec fierté Ce que nous avons écrit
reste écrit.
MM. le baron Bethune, vice-président du Sénat, Calle-
waert, juge de paix d'Alost, Albert De Wolf, Paul De
Clippelc et Albert Mertens, membres du Conseil des hos
pices d'Alost, nous réclament 20,000 francs de dommages-
ïntérèts, pour avoir parlé comme il convenait de la décision
dont ils revendiquent la responsabilité.
Nous ne connaissons pas ces Messiears. Leurs personnes
nous sont indifférentes, absolument, mais leurs actes, non.
Nous avons le droit de les discuter et d'apprécier le sys-
tème d'oppression violente et de mesquine tyrannie qu'ils
représentent en 1'occurence.
lis nous offrent la-dessus un débat public. A merveille.
Nous ne pouvlons rêver de meilleures étrennes et nous les
acceptons joyeusement
L .|;.me'nbres du Conseil des hospices d'Alost semblent
Ilaitc-lr Nous re sommes pas ici suP£®_s"rives de Bos-
phores le 3V8tème des étrangleurs muets ne nous convient
pas. E puisque ces Messieurs nous demandent compte de
nutrë Indignation de chrétien.et de la revolte de nos
consciences, nous prendrons soin de leur fournir des ex
plications claires et décisives
La Justice Sociale.
Done, non seulement on ne retire rien, non seule
ment on n'exprime aucun regret, mais, au contraire,
on se félicite d'avoir écrit l'article, et on appelle le
débat.
Je n'ai plus qu'un mot, ou plutöt deux mots 4
ajouter
Le premier est celui-ci. Vous connaissez déja la
trés grande publicité qu'a regue cet article. II a été
reproduit a Alost, 4 Ninovc, a Vcrviers, par tous les
journaux qui apparliennent a la même nuance, puis
par le Denilergahn d'Alost, organe libéral. Ce n'est
pas done seulement dans cercle restreint que nous
avons diffamés, mais dans tout le pays. Dans tout le
pays, en effet, on a eu connaissance de cet article,car
il a fait son chemin.
C'est une considération 4 laquellc, messieurs, vous
aurez sans contredit égard. L'un des journaux qui ont
reproduit ces accusations, De Klokke Roeland, jour
nal «qui a 1'habitude de l'outrage, vient d'être con-
daimié 4 1.500 francs de.dommages-intérèts par le
tribunal d'Audenaerde pour avoir abominablement
outragé diffamé un honorable habitant d'Alost,
M. De Paepe.
J'invoque l'autoritó du tribunal ct sa jurisprudence.
Devnièrement, j'ai plaidé devant cette Chambre un
procés pour M. Hap. Le tribunal se rappelle que,
dans un passage d'une longue lettre, on n avait relevé
qu'uue seule expression. M. Hap avait accusé les
membres de l'ancienne Deputation permanente du
Brabant d'avoir, dans la répartition des subsides sco-
laires, usé d'un vil esprit de haine et de vengeance
VoilA toutII n'y avait que cette expression-la et
pas autre chose. Cependant, le tribunal a rendu juge
ment trés sévère et a condamné M. Hap A des inser
tions qu'il a évaluées A 700 francs.
Ici. il ne s'agit pas d'une seule phrase et d'une
seule expression, mais de tout un article qui constitue
une véritableaverse d'outrages ct dc diffamations.
Je demande que le tribunal persisle dans sa juris
prudence, et qu'il gradue la réparation A la gravité
de la faute qui a été commise.
I>Ii4II)OYEH l>E M.
M. Renkin. La première partie de la plai-
doine de mon honorable contradicteur a été un
platóoyer politique a propos de l'attitude de
M. l'abbé Daens A la Chambre. Or, il ne s'agit
pas ici d'un débat politique. Nous n'avons a dis
cuter ni la politique de M. l'abbé Daens, ni la
politique conservatrice, ni la politique démo-
cratique. Ces choses sont étrangères au procés.
II s'agit ici d'un prêtre qui a été privé de l'unique
autel oü il pouvait célébrer la messe, par des
hommes politiques, et pour des motifs politiques.
Le fait est reconnu.
II s'agit de savoir si un fait de ce genre est du
domaine de la libre discussion, et si on a le droit
de l'apprécier sévèrement comme nous l'avons fait,
ou bien si des journalistes catholiques. qui
savent ce quest la Sainte Messe, ce qu'est l'émi-
nente dignité du prêtre, sont obligés de s'incliner
et de se taire devant des gens qui se permettent de
tels actes.
Voila la question, l'unique question du procés.
Je dis que la solution de cette question ne peut
être un inslant douteuse.Rien qua entendre la plai-
doirie de notre honorable adversaire, on a pu
mesurer a quel degré nous en sommes arrivés
aujourd'hui.
II y a quelque trente ans, un député libéral
avait osé dire a la Chambre des représentants
qu'un prêtre, qu'il désignait, n'avait pas dit la
vérité en chaire. La droite entière se leva pour
protester contre cette affirmation. Elle protesta
avec énergie, et personne ne trouva cette manifes
tation insolxte, ni extraordinaire.
Nous représenlons .ci les vraies traditions catho
liques, celles qui nous viennent des temps heureux
oü Ton n'avait pas encore vu un ministre d'Etat
catholique injurier un prêtre en pleine Chambre
des représentants, celles du bon temps ou aucun
de nos amis n'avait encore donné a nos adver
saires I'occasion d'écrire
La querelle toujours ouverte entre l'abbé Daens et M.
Woeste jette un jour singulier sur la superstition sacerdo-
tale du cléricalisme politique Elle prouve en effet que pour
la droite ceci est une genéralisation injuste.je m-'empresse
de le dire que pour la droite. le prestige du prêtre. le
respect dü a son caractère sacré, la considération qui s'at
tache k son ministère dépenden! uniquement de la subordi
nation de l'homme. uon pas seulement ses chefs ecclésias-
tiques, mais aux cbels politiques du cléricalisme
(Indipcndance Btlgt, 7 février 1896
Eh bien, nous ne voulons pas qu'on puisse
écrirede telles choses Et nous entendons qu'il y ait
toujours, parmi les catholiques, des voix pour pro
tester contre les écarts qui paraissent justifier de
telles attaques.
Qui sommes nous, Messieurs?
Nous ne sommes même pas des journalistes;
nous sommes des idéologues. On nous l'a repro-
ché assez souvent. Nous ne sommes pas des
hommes pratiques. Nous ne connaissons rien aux
nécessités de la politique. Nous ne défendons pas
des mandats, mais des idéés.
Et quand on s'efforce de l'autre coté de la barre
de vous persuader que nous aurions agi par haine
contre les membres du Conseil des Hospices
d'Alost, que nous aurions voulu avant tout
blesser leur honneur, que nous aurions voulu
les trainer dans la boue, vous savez trés bien,
n'est-ce pas ce que valent ces exagérations
oratoires dont l'unique but est de donner quel-
qu'apparence de sérieux a ce procés.
Nous ne nous occupons pas de la personne de
ces messieurs; nous n'avons ni haine ni colère con
tre eux. Nous ne sommes pas de l'école de ceux
qui aiment a injurier quiconque leur résiste ou
leur porte ombrage.
Mais ce que nous haïssons, nous le disons
bien haut ce que nous haïssons de toute la
force de nos coeurs, c'est le système de mesquine
oppression que nos adversaires représentent, dans
l'espèce.
Nous avons écrit notre article, non pour
attaquer les membres de la Commission des Hos
pices d'Alost, non pour essayer de les priver de la
rilêl'privès, maiT^our a xïenifr juei comme hfagp
de l'xnviolabilité du caractère et du ministère
sacerdotal.
II ne faut pas que, sous des prétextes politi
ques, on puisse porter atteinte au caractère du
prêtre, ni chercher a entraver son ministère.
Telleest la vérité indiscutable que nous avons
voulu défendre et que nous avons voulu faire
prévaloir.
Je n'entrerai pas dans l'examen détaillé de notre
article je tiens a être bref Je suis cependant
oblxgé de répondre d'abord a une phrase qui a été
prononcée tout a l'heure.
Jamais s'est écrié M. Woeste, jamais on na
vu d'arlicle aussi violent, aussi injurieux que 1 arti
cle de la Justice Sociale que neus vous dénon-
cons I
Ni les demandeurs, ni notre honorable contra
dicteur, ne connaissent done la polémique qui se
pratique dans l'airondissement d'Alost. Ils n ont
done jamais lu les articles qui se publient 4 Alost
pour la défense de leurs idéés et de leurs candida
tures.
Je vais avoir l'honneur de mettre sous les yeux
du tribunal quelques échanlillons de cette littéra
ture électorale et politique. II le faut bjen, car,
après tout, lorsqu'on se montre si sévère a l'égard
d'un article qu'on a été jusqu'4 qualifier de...
{Interruption de MWoeste.)
Vous avez dit que l'auteur de l'article était un
monsieur qui administre de la littérature comme
il administre des remèdes.
Eh bien, quand on trouve des accents si nobles
et si indignés pour qualifier la polémique de la
Justice Sociale, un jourral écrit par des gens
qui ne sont pas des valets de plume, par des gens
qui défendent leurs idéés et qui n'ont nulle envie,
nul désir, bien au contraire, de porter atteinte A
l'honneur d'autrui, on devrait pouvoir se pré
senter devant le tribunal, le front haut, et dire
Jamais aucun de nos amis, aucun des jour
naux que nous patronnons et que nous approu-
vons n'a tenu pareil langage.
Nous allons voir si vous auriez le droit de pren
dre cette attitude et de parler ainsi.
Premier article. II est du 16 aofit 1894. G est
un article de polémique électorale que je trouve
dans Ie Stad Ninovc, organe conservateur du pays
d'Alost. Ecoutez
Si bas en est la politique expirante de l'avocat De Bac-
ker
Pareil virus ne peut couler que de la plume d en ccour
profondement ulcéré, d'un cccur, dans lequcl la dermèrc
étincelle d'lionneurest êteinte depuis longtemps par tout ce
qu'il y a de vil et de méprisable.
Et voila la repuussante vipére qui voudrait aller soinller
le siège occupé depuis tani d'annóes par des gens honora-
bles et des vaillants dófenseurs de la Religion et de la
Patrie, ne uous arrêtons pas davantage aux lAchetés dc ce
coquin politique.
Et, le 15 décembre 189?, alors qu'un certain
apaisement semblait devoir s'être produit, le Stad
Ninove, toujours quand je passerai a un autre
journal, je le dirai au tribunal, écrit
lis ont appauvri des milliers de families et alia mé une
haine de classes qui pourra provoquer des Ruines
Sociales.
On peut les appelcr ties democrates), des mal/ail/urs
publics.
Ils méritcni ce uom, ces morvcux verts
Et a propos de voire confrère De Backer,
celui qu'on appelle quelquefois le candidat-
notaire de Denderhautem, voici ce qu'on écrit