LA JUSTICE SOCIALE
Non, rien, absolument rien
II y a dans l'Evangile une grande parole, c'est celle-
ci Pauperes evangelisantur, les pauvres son! évangé-
lisés. Or, M. l'abbé Daens n'évangélise jamais les pau
vres. Mais, en dehors de la messe qu'il dit le matin,
il est un tribun, il est un journaliste, il est un repré
sentant. Et en cette triple qualité, ij donne le scan-
dale le plus triste; il énonce les faits les plus inexacts,
il attaque, vilipende, diffame, au point qu'il ne peut
jamais prendre la parole sans que quelqu'un parrui
les catholiques ne soit atteint, et cela aux applaudis-
sements des socialistes.
Et c'est dans ces conditions qu'on vient nous dire
le prêtre est sacré; il doit rester sacré; vous ne pouvez
pas l'attaquer.
Je suis d'accord avec vous ace sujet quand il s'agit
en réalité du prêtre, mais quand il s'agit du tribun,
du journaliste, du représentant, ses actes sont incon-
tostablement de la competence de l'opinion publique,
du droit de la libre discussion.
Et quand je parle ainsi, je parle corame catholique
et avec tout le monde sauf, bien entendu, mes
d'adversaires.
Rappelez vous d'abord ce que Mgr l'évèque de
Gand a dit de M. l'abbé Daens
M. Woeste lit tci la lettre de Mgr l'évéque de Gand, en
dale du 18 octobre 1895, reproduite dans la pricidente
plaidoint.
Voila le jugement qui a été porté par l'évèque non
pas sur les actes du ministère du prêtre, mais sur les
actes qu'il avait posés comme tribun. L'évèque le
constate avec douleurla robe sacerdotale est com
promise.
M. Daens donne du scandale dans des réunions
indécentes et tapageuses.
Et quand l'évèque parle ainsi, nous entendons une
bouche laïque venir Vnous dire ous ne pouvez pas
répéter ce que l'évèque a dit.
Et remarquez, messieurs, que ce n'est pas seule-
ment dans les circonstances que je viens de rappeler
que l'évèque de Gand a parlé ainsi. En elTet, dans ces
derniers temps, nombreux sont les documents émanés
de l'autorité épiscopale et dans lesquels la conduite
de M. l'abbé Daens a été réprouvée.
Vous vous rappelez, messieurs, un document récent
émané de Mgr l'évèque de Gand. Je dis un document
récent; mais il y en a trois.
Voici dans quels termes était congu le premier. II
est du 23 aoi'it 1895
il Woeste lit ici la nole de Mgr Vévéque de Gand au
sujet des journaux démocrates.
Ce sont ces journaux dont mes honorablcs adversai-
res, dans leur justice, n'ont jamais parlé.
Ah voila leur oeuvre ainsi caractérisée Les jour
naux du parti Daens sèment la division parmi les
catholiques, dit l'évèqueils cherchent a renverser
les administrations catholiques.
Et nous n'aurions pas Ie droit de protester et de
nous indigner
Mgr continue
M, H'oeste continue la lecture de la stole episcopale.
Voila la condamnation de l'ceuvre de M. l'abbé
Daens ct des journaux quile soutiennent.
Et nous n'aurions pas le droit, nous toujour? !èle»
•use que nous.avons défendue, nous n iu.
pas le d^oit de dh^3e7epeler, M'adressede M. i .ibbé
Daens ce que dit son évêquc avec une profonde
douleur
Deux mois après, un nouvel avertissement- a
M. l'abbé Daens. Le tribunal trouvera ce document
dans les pieces du dossierje ne lirai pas cet avertis
sement pour abréger.
Mais les polémiques ont continué; les violences se
sont multipliées. Et, fait véritablement insolite dans
notre pays et qui démontre combien le mal auquel il
s'agit de parer est grave, Mgr l'évèque de Gand a cru
devoir intervenir une troisième fois et il a écrit'en
ces termes
M. Woeste lit ici la tiote de Mgr l'évéque de Gand
parue au mois de février 1896.
Voila l'appréciation de l'évèque.
Quand on entend une appreciation partie si liaut,
on est en droit, messieurs, de ne pas tenir grand
compte des reproches qui nous sont-adressés et qui
consistent a dire que nous venons attaquer le prêtre.
Ce que nous attaquons, c'est l'homme de division et
de discorde qui sème partout et la discorde et la
division.
L'évèque de Gand le dit.- dan3 la Flandre oriëntale,
il s'en va de village en village, jetant la semence de
désuuion et je puis l'ajouter, la semcnce du socialisme
et dans cette action constante de sa part, il recoil les
applaudissements constants de tous les membres de
l'extréme gauclie et de tout leur parti.
Et c'est quand il en est ainsi, qu'on vient nous
reprocher 4 nous catholiques, de chercher a stigraa-
liser une conduite déja llétrie par ^autorité épiscopale
et qui produit de semblahles résurlats.
Je disais tout a l'lieure que dans ces longues polé
miques qu'on ne vous a montré que par un de leurs
cötés, si je devais entrdr dans les détails, c'est un
volume que je devrais écrire, je vous ai dit que
M. Daens et ses amis se permettent d'énoncer les
choses les plus inexactes. Les débats a la Chambre
sont 14, les Annates parlementaires sont la pour attester
que M. l'abbé Daens a été pris maintes fois en (lagrant
délit d'inexactitude.
Mais voici un document émané de M. l'abbé
De Bacts, un prêtre démocrale bien connu qui écrit a
M. Vanderhaegen, conseiller provincial de la Flandre
oriëntale qui s'ótait plaint 4 l'évèque de Gand paree
que M. l'abbé Daens se permettait de répandrede tous
les cótés des bruits inexacts.
M. Alex. Braun. Vousétes sans doute autorisé 4
donner lecture de cette lettre.
M. Woeste. Je suis autorisé a donner lecture de
cette lettre.
M. Alex. Braun. Vous y êtes autorisé par
M. l'abbé De Bacts
M. Woeste. ParM. Vanderhaegen.
M. Alex. Braun. J'imaginais que les lettres
appartenaient non seulement 4 ceux qui les avaient
regues, mais encore a ceux qui les avaient écrites.
Vousavez l'autorisation de celui qui l'a regue, tout
simplement; mais vous n'avez pas celle de celui qui
en est l'auteur.
M. Woeste. Je lis la lettre; vous plaiderez si
vous le jugez 4 propos.
M. Alex. Braun Ccla ne m'inquiète pas.
Si ie lais cette observation, c'est pour constater un
faita quels petits papiers on a recours 1
M. Woeste. Petits papiersII sied bien a mes
adversaires d'en parler ils ont déployé une foule de
petits papiers ici pour essayer de nous accuser. Or,
vos petits papiers ne se rapportent en rien a l'airaire
qui se plaidc.
Calmez done votre émotion. Et puisque vous ne
vous plaignez pas de la lettre, écoutez-cn la lecture.
M. le Président. M. Woeste, avcz-vous l'assen-
timent de l'auteur de la lettre -
M. Woeste. Je n'ai pas son assentiment es)
je ne m'en suis pas enquis. J'ai l'assentiment dnjlcsti-
nataire, et cette lettre n'est pas confldentielle. t
M. Alex. Braun. Mais vous n'avez pas l'assenti
ment de celui qui l'a écrite, pas plus que vous n'aviez
celui de l'auteur de la lettre de l'évèque de Gand,
lettre que vous avez publiée pendant la période élec-
torale, avec la disapprobation de celui qui l'a écrite.
M. Woeste. C'est inexact, je n'ai rien publié de
parcil.
M. Alex. Braun. Vous ou les vötres..., coux a
qui clle devait servir.
M. le Président. Le tribunal doit s'éclairer sur
un seul point, sans pour ccla intervenir dans cette
discussion. La question est de savoir si la lettre peut
être produiteaux débats.
Agissez-vous avec l'assentiment de l'auteur de la
lettre, M. Woeste
M. Woeste. Je ne m'en suis pas enquis, je le
répète, M. le Président.
M. le Président. Dans ces conditions, le tribunal
appréciera.
M. Woeste. Voici la lettre en question
M. Woeste hl une lettre de M l'abbé De Baets.
Voilé, done les faits inexacts, reconnus comme tels;
ils sont tellement nombreux qu'on ne les relève plus.
A cöté de cela, il y a un jugement que je vous ai
déja cité. jugement rendu par le tribunal d'Aude-
narde. Dans ce jugement-, le tribunal a apprécié libre-
ment-, dans une cireonstance donnée, certains actes de
M. l'abbé Daens il lui a refusé le bénéfice de ,1a
bonne foi.
Et puis, il y a le sentiment du gouvernement. Le
tribunal sait avec quelle énergie virile mon ami iL.le
ministre de l'intérjeur a flétri, en pleine assemblée,
les actes et la conduite de M. l'abbé Daens.
Eli bien quand d'une part l'évèque et son secré
taire, quand d'autre part la magistrature, le gou
vernement et mes amis de la droite apprécient comme
moi, comme on l'apprécie a Alost, la conduite de
M. l'abbé Daens, nous pouvons nous passer de l'assén-
timent de nos adversaires.
On a mis ici sur le pavois, M. l'abbé Daens et son
frère, M. Pierre Daens. On a parlé de l'un et de l'autre
en termes émus. On vous a fait le portrait de ces deux
personnes.
Eh bien je dois faire apprécier au tribunal, par un
seul fait, 4 quelles mesures ces personnes-la recourent,
pour chercher a attircr a eux l'opinion publique. Et
quaud j'aurai mis, sous les yeux du tribunal, ce fait-la,
vous pourrez vous rendre compte de la révolte qui
s'est produite chez tous les honnètes gons de k 11e
d'Alost et mème de l'arrondissement.
A la veille des élections du.9décembre 18""
réripn-i i foisni>_Bans la Stille t
d AiOst, le document que voici qui vaut bien sou
pesant d'or a cöté de tous ceux qu'on a cités, et dont
on a bien eu soin de ne pas parler
Scandale!
M. Woeste lil ici une circulaire accusant les conserva-
leurs d'Alosi d'avoir soudoyè une femme pour perdre
M. l'abbé Daens.
Voila done quelle était l'iniputalion, l"acV,.-ation
les catholiques ont soudoyé une femme ils lui ont
offert mille francs pour attirer dans le mal l'abbé
Daens.
Et l'on ajoutait .-
Done cette femme a signalé le fait a la justice, et
maintenant une instruction judiciaire est ouverte sur
ce fait. Voila ce qu'on disait. Et l'on terminait par
des explications dont la donnée était ainsi congue
En frangais Craigncz ear le Dieu tout puissant ne
laisse pas irapuni de semblables tours de fripon et
votre punition ne se (era pas attendre.
Vous voyez avec quel art cette piece ava t été
rédigée. Tout avait été congu de manière a faire
croire que Ie fait était exact. Dénonciation au par
quet; instruction ouverte: et puis on priait le Dieu
tout puissant de punir les infames qui avaient osé
commettre un pareil acte.
I?h bien, dans tout cela, il n'y avait pas un mot de
vrai
II n'y a pas eu de plainte au parquet; il n'y a
pas eu d'instruction ouvertejamais on n'apu citer la
femme; jamais on n'a "pu citer les conservateurs qui
"qui avaient commis cefte abomination.
Et maintenant, voulez-vous savoir quelle a été la
participation, dans cette affaire-la, des hommes qu'on
a mis ici sur le pavoi?
Voici une déclaration émanée de M. Eeman dont la
signature a été régulariséc par M. le bourgmestre
d'Alost - M. Eeman, qui appartient a une des families
les plus cousidérées de la cité.
Pour détourner les soupgons, on avait mis au bas de
la piécc qu'elle était imprimée a Ninove
Imprimerie du Klknke Roeland.
Voila done une feuille absolument. scandaleuse
émanée d'une sorte de conspiration dirigée contre les
catholiques d'Alost et qui accusait ceux-ci des faits
les plus abominables.
Le bénéficiaire devait être M. l'abbé Daens.
Et en effet, lo lendemain. on répand 4 des millicrs
d'cxemplaires, cetto pièce dans les rues d'Alost. Une
émotion trés vive se produisit. C'eüt été une veritable
abomination s'il s'était trouvé des catholiques qui
se fussent rendus coupables du fait dont on les accu
sait.
Voyant l'émotion causée par cette distribution»
M. le bourgmestre ordonne a la police do conduire
les distributeurs au poste et alors. voici cequi se passé.
Je prends lo récit du commissaire de police Rapport
du 8 dééembre 1895
M. Woeste lil ici le rapport du commissaire de police
d'A lost
D'autres agents firent la mêtuc chose. Et alors,
voici ce qui se passa
M. Moeste continue la lecture du rapport de M. le
commissaire de police d'Alost.
Voila un fait entre mille. Voila a quels gens les
catholiques d'Alost ont eu affaireVoilé, pour me
servir de leur expression, 4 quel tour de fripon on a
eu recours pour chércher a l'emporter.
Et l'on viendra après cela nous direAhne
touchez pas au prêtre
Mais ce ne sont pas des actes de prêtre ceux que je
flétris en ce moment Ce sont des actes que toute
conscience honnête doit stigmatiscr.
Et maintenant que j'ai montré la distinction qu'il
fallait faire ici, maintenant que j'ai repoussé haute-
ment ce reproche dirigé contre nous de vouloir
attaquer le prêtre, de vouloir compromeltre sa robe,
alors que lui même l'a compromise, ainsi que 1 a
déclaré Mgr l'évèque de Gand. Je n'ai plus qu un
mot 4 dire relativeinent aux dérivatifs auxquels on a
eu recours.
On a cherclié a faire passer M. l'abbé Daens et
M. Pierre Daens comme les représcntanls du parti
démocratique chrétien. Ce sont, s'est-on écrié, ce sont
des victimes des conservateurs
Et tout 4 l'heure encore, M. Galle disait, dans les
quelques mots qu'il a prononcés, que ces messieurs
représentaient le parti démocratiqnc chrétien.
C'est évideinmcnt votre droit de défendre ce parti
14 c'est votre droit et person ne ne vous le conteste,
de chercher a le constituer, a l'organiser.
Mais laissez-moi vous dire deux choses La pre
mière, c'est que vous n'avez pas le droit de diffamcr.
Vous n'avez pas Ie droit d'avancer des faits inexacts
et vous n'avez pas le droit d'injurier. La seconde
c'est que vous vous targuez d'un mot, d'une phrase,
d'une qualification que vous n'avez pas le droit
d'invoquer lorsque vous cherchez a solidariser la
cause des frères Daens avec la cause démocratique.
Oh j'ai bien vu quelle était votre tactiquc. ous
avez cherché a faire croire au tribunal que ce qui
étaiten jeu dans ce procés c'était la cause démocra
tique.
II n'en est rien, cependant. Ce qui est en cause, je
viens de le rappeler, ce sont vos injures.
Mais la cause démocratique, qu'est-ce done
La cause démocratique, c'est, si je ne me trompe,
^'amelioration du sort des ouvriers par les oeuvres de
fl'initiativeprivée et, lorsqüe la chose est nécessaire,
spar les lois.
Eh bien, mes amis et moi, nous avons toujours
défendu cette cause et nous la défendrons encore.
(Rires.) Vous riez
M. le Président. Qu'on tasse silencetoute mani
festation est interdite.
Me Woeste. II y a une différence entre ceux qui
rient et nousc'est qu'ils déclament et que nous, nous
agissons.
Et quand M. l'abbé Daens revendique la qualité de
représentant du parti démocratique, vous avez
entendu tout- a l'heure, Messieurs, Mgr l'évèque de
Gand dire dans un document public que MM. Daens
compromettaient la cause démocratique catholique.
Et plus récemment, lorsque, 4 la Chambre M. l'abbé
Daens a attaqué les élections d'Alost, dans un réqui-
sitoire qui a soulevé les protestations de la droite
toute entière, il a été interrompu par un homme hono
rable entre tous, M. Janssens, représentant de l'arron-
dissenient de St Nicolas, qui s'cst toujours prévalu de
la qualité de démoerate et qui a dit 4 M. Daens 4 la
Chambre, a la séance du 4 février dernier
Vous n'avez pas le droit de porter le nom de
démoerate. Je vous conteste ce droit.
Et M. Janssens a demandé la parole.
Si un débat sur ce point avait pu s'encastrer dans
la discussion relative aux elections d'Alost, il aurait
développé sa manière de voir
Et plus récemment encore, l'organe autorisé de la
Ligue antisocialiste de Gand, l'organe de la cause dé
mocratique gantoisc, Het Volk, journal a la tète duquel
sctrouveM. ArthurVerhaegen, l'konorablo Président
de la Ligue démocratique beige, s'exprime dans ces
termes dans son numéro du 6 février dcrnicr, en par-
lant des sentiments démocratiqnes des frères Daens.
M. U oeste lil l'article du Volk du 6 février 1896.
Voila, Messieurs, les représentants de la cause
démocratique jugés par Mgr l'évèque de Gand, par
M. Janssens et par l'organe de M. Arthur Verhaegen.
Et après cela, je ne suis pas étonné que mes jeunes
contradictcurs se soient laissés aller a la dernière
audience jusqu'a constater queM. l'abbé Daens était
abandonné par tout le monde.
Abandonné par tout le monde, c'est trop dire. En
effet. les socialistes l'applnudissent et lui tressent des
couronnes. Voila la vérité.
Ce matin mème j'ai vu, dans un journal socialists
de la Flandre occidentale le portrait de M. l'abbé
Daens aceompagnó des plusvifs éloges.
Mais quant a être défendu encore par des catho
liques, quant a ne pas voir cet article flétri par tous
ceux qui réprouvent des procédés semblables a ceux
dont vous connaissez maintenant quelques échantil-
lons, ah, on ne les trouvera pas. II n'y en a pas, il
n'y en a plus de ces catholiques-14.
M. l'abbé Daens sème la division parmi nous; il s'en
va la semcr partout par les villages. Mais il est répu-
dié partout par les démocrates chrétiens.
Voila sa situation. Néanmoins, on n'a pas craint de
faire de M. l'abbé Daens, dans ce procés, le repré
sentant de la cause démocratique.
Voila pour les dérivatifs.
Et maintenant, je reviens direclement au procés
dont, Messieurs, vous avez 4 connaitre, et j'ai de
nouveau a justificr la Commission des Hospices
d'Alost de l'acte qui lui est reproché.
Cet acte serait-il blamable et ne pourrait-il pas être
justiflé que vous n'auriez pas eu le droit d'écrire ce
que vous avez écrit.
Non! cc droit-14, voijs ne l'aviezdansaucun cas.
On nous reproche d'avoir voulu cmpêchcr M. l'abbé
Daens de célébrer la messc. Et tout a l'heure encore,
M. l'avocat Galle-disait, dans les quelques paroles
qu'il a prononcóes, que notre bot était d'empécher
M. l'abbé Daens de dire la messe.
Eh bien, supposons un instant que tel ait été le but
de la Comin ssion des Hospices d'Alost; supposons que
ce but püt être discuté, pul même être attaqué ct
blamé.
Eli bien, attaquez et bl&mez, mais n'injuriez pas ct
surtout ne diffamcz pas. La est la limite posée par les
tribunaux, commc vous le verrez tout a l'heure.
Muisje n'admets pas qu'il soit vrai de dire que nous
ayous voulu empêcher M. l'abbé Daens de célébrer la
messe.
Et quand j'entendais M. Renkin développer ce
thème, et quand il s'indignait, je me disais que tous
les coups qu'en apparence il portait a la Commission
des Hospices, que tous ces coups retombaient sur
l'évèque de Gand.
Car enfin qui a done dit a M. l'abbé Daens Vous
ne célébrerez plus la messe dans aucune église parois-
siale de mon diocèse. Toutes ces óglises vous sont
interdites.
Voila cependant le langage que lui a tenu Mgr
l'évéque do Gand.
Et quand on attaque ici, pourun acte qui n'est rien
en comparaison de celui-li, quand on attaque la Com
mission des Hospices, en réalité, c'est l'évèque qu'on
attaque, et c'est lui...
M. Carton de Wiart. Qui est ce qui a rendu une
chapolle Ml'abbé Daens?
M. Woeste. Je dis que dans cette situation...
Interruption
M. Woeste. On m'interrompt en medisant c'est trop
béteMerci
M- le Président. Je n'ai pas entendu cette expres
sion, sans cela, je l'aurais fait retirer immédiatement.
M. Woeste. Je ne le demande pas, M. Ie Prési
dent.
M. Ie Président C'est moi qui l'exigerois.
M. Woeste. Comment, la Commission des Hos
pices dit, a un moment donné et dans des circon
stances que je rappelais vous ne célébrerez plus la
"messe dans une chapelle, et son évèque lui ditvous
ne célébrerez plus la messe dans aucune des églises oü
le culte public s'exerce.
N'est-il pas manifesto que, dans ces conditions, le
blame retombe sur l'évèque
Et alors se présente tout d'abord devant. vous la
question de savoir neserait-ce qu'au point de vue
de la diffamation qui ne peut-ètre tolérée, la ques
tion de savoir, si la Commission qui représente une
institution civile qui n'a qu'un but étroitoment déter-
miné, celui de faire soigner les pensionnaires et
d'assurer dans les limites des batiments des hospices,
d'assurer tous les services qui sont destinés aux pen
sionnaires, s'il pouvait y avoir une obligation quel-
conque pour la Commission des Hospices de recevoir
M. l'abbé Daens dans la chapelle et de lui laisser dire
la messe
Les hospices d'Alost, comme beaucoup d'autres
hospices, ont un aumónier et c'est cet aumó-
nier qui remplit tous les devoirs qui se rapportent au
service religieux des pensionnaires.
Tout est organisé sous ce rapport par l'aumönier;
de concert avec l'administration des hospices.
Et si un reproche quelconque peut ètre adressé 4
quelqu'un,ce serait peut ètre a Ia Commission des Hos
pices d'Alost pour d'avoir usé de trop de longanimité
eh rccevant dans une chapelle 4 un moment donné,
dans une chapelle ayant une destination nettement
déterminée, un prêtre ét ranger au service hospitalier.
Et cependant, ces hommes que vous accusez
aujourd'hui, et auxquels vous prêtez les mobiles les
plus condamnablcs, ces hommes la qui avaient le
droit et peut ètre le devoir, a raison de leur mission,
de leur charge publique, de ne pas admettre
M. l'abbé Daens dans la chapelle des Hospices, ces
hommes-lii l'ont admis ils ont done fait preuve de
condescendance.
Et a quelle épeque agissaient-ils de cette manière*?-
A une époque oü la campagne électorale battaitson
plein, c'est-a-dire au mois d'octobre 1895, c'est alors
qu'on vient nous direla mesure que vous avez
prise est une mesure politique et non pas une mesure
administrative
Mais, Messieurs, si c'était une mesure politique,
ils l'auraient prise d'emblée. Et c'est au mois d'octo
bre qu'ils auraient dit 4 M. l'abbé Daens nous vous
interdisons l'accès de la chapelle. Ils ne lui ont pas
tenu ce langage, ils ont fait preuve de longanimité,
d'une grande longanimité.
Et l'on est bien peu reconnaissant envers eux de la
modération avec laquelle ils ont accompli leur
mandat.
Mais alors, que s'cst-il produit
Dira-t-on que la Commission des Hospices dut
recevoir a perpétuité M. l'abbé Daens dans la chapelle
des Hospices et par simple condescendance, alors
même qu'il se reudait coupable d'actes et d'imputa
tions qui ne peuvont pas être justifies.
Je suis obligé, a ce point de vue de rappeler, en
les résumant, les faits qui se sont passés pendant
que M. l'abbé Daens célébrait la messe aux Hospices
d'Alost.
Vous vous rappelez les diflicultés incessantes qu'il
a eues avec l'administration des hospices. Vous vous
rappelez, que constamment il a voulu transgresser le
reglement qui était arrèté ot que les membres de la
Commission des Hospices avaient formule afin de
détermincr, dans un intérêt d'ordre, et pour que le
service religieux des pensionnaires ne fut pas com
promis, de déterminer a quelle heure il pourrait dire
la messe.
Vous vous rappelez aujourd'hui qu'un jour il n'a
pas craint de donner un soufflet a son servant,
donnant ainsi un triste exemple dans le lieu oü il
était regu.
Et alors, les membres de la Commission des Hospices
se sont trouvés aux prises avec les réclamations
constantes des sceurs de l'hospice, celles-ci leur
disant et leur répétantil faut que cette situation
prenne fin.
M. Woeste lit li ce sujet une note émanée des
saeurs qui desservent l'höpital résumant des faits déjh
exposés dans la prenvère plaidnierie.
Voila done comment il rcconnaissait la condescen
dance dont on avait fait preuve 4 son égard.
Et puis sont venues les attaques ordinaires, car
il ne peut jamais ni écrire ni parler, M. l'abbé Daens,
sans injurier quelqu'un. Dans une lettre rendue
publique, ilécrivait, 4 la date du 29 juin 1895
M. Moeste relit ici la lettre éciite par M. Daens
au Courrier de Bmxelles Ie 29 juin 1895 el dont le
texte se trouve dans les prêcé lentes plaidoienes.
Vous vous rappelez que lui-même avait demandé
do dire la messe en plein jour. Et l'on avait encore
une fois déféré 4 son désir.
Voilfi done la Commission des Hospices en but 4 des
attaques de la part de M. l'abbé Daens les membres
de cette Commission sont des pliarisiens; ils ont pris
envers lui des mesures odieuses et tracassières.
Et remarquez, Messieurs, que malgré son manque-
ment au règlement, il n'avait encore été l'objet
d'aucune mesure de la part do la Commission des
Hospices
Vient alors le premier fait dont on n'a pas parlé
et dont cependant on aurait bien fait de parler