LA JUSTICE SOCIALE
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drait cette garantie primordiale si ceux dont le
député peut dépendre moralement ou matérielle
ment, prenant texte de ses discours, le inena^aient
dans sa position, dans sa considération, et paree
que la loi leur defend de le citer en justice, se
ch'argaient de prononcer eux-mêmes sur son sort
Le tribunal se rappellera que M° Woeste l'a
proclamé, a la précédente audience c'est a cause
de rimpossibilité pour ses clients de faire un pro
cés a l'abbé Daens et de lui demander raison en
justice réglée, des imputations qu'il avait dirigées
contre eux a la Chambre, qu'ils om eu recours a
cette procédure plus somm3ire qui consiste a se
défaire de quelqu'un en lui donnant ses liuit jours.
Après un pared aveu, échappé k la sincénté de
mon adversaire, qu'ai-je encore besoin de plaider?
On a fait état non seulemenfdes exagérations
de langage de M. Daens a la Chambre. mais
encore des écarts d'une petite presse que MWoeste
a appelée la presse Daensiste.
II seraittoutaussi iniuste d'appeler presse Woes-
tiste celle qui lui donnait la réplique et dont
M. Renkin vous a lu quelques extraits suggestifs.
Dieu m'en garde 1 Ce nest ni le lieu ni le moment
de se prononcer sur ce genre de polémique électo
rale non plus que sur les opinions et les actes
respectifs des élus d'Alost. N'eüt-on pas agi plus
sagement. de part et d'autre, en épargnant au
pays le spectacle de ces corps-è-corps et en s'unis-
sant plutót contre 1'ennemi commun
La question n'est pas 1&, et si les demandeurs
s'étaient bornés déplorer les déchirements qui
font la joie des socialistes, ils seraient restés dans
le róle qui s'impose aux vrais catholiques en pré-
sence de ces nouvelles moeurs parlementaires.
Mais prendre parti comme ds l'ont fait, condam-
ner et exécuter l'un des deux adversaries, comme
s'il relevait de leur juridiction, et faute d'autre
moyen d action, le trapper dans son caractère
sacerdotal, voila un exces de pouvoir d'aulanl plus
impardonnable de la part du Conseil des Hospi
ces que deux de ses membres étaient personnelle-
ment engagés dans la lutte électorale, Al. De Clip
pels et M. De Wolf.
Mc Woeste. Non* pas celui-la, vous vous
trompez.
M° Braun. C'est done un autre.
M. Renkin. C'est M. Béthune, président de
Commission, dont le fils était candidat.
Mc Braun. II est done manifeste que les
administrateurs des Hospices étaient parties en
cause, et au moment méme oü M Daens leur
reproche d'user de leurs fonctions dans un intérêt
électoral, ils prennent a son égard comme pour
lui donner raison, une mesure qui dépasse toutes
leurs autres mesures de guerre.
La Justice Sociale en a été émue et elle a mani
festé sa réprobation dans des termes violents c'est
vrai. L'article est trés monté de ton, haut en cou
leur si vous voulez L'auteur, Al Pol Demade, en
médecin qu'il est, - vous'avez mis une intention
particujière a lesouligner n; s'est pas arrêté a
se demander si la pilule qu'il vous administrait
serait amèrepour opérer a souhait et soulager la
conscience publique, elle n'avait pas besoin d'être
dorée. Rires
L'article est intitulé Infamie. Me Woeste a
compté jusque cinq fois le même mot dans le
corps de l'article. Est ce a dire que nous vous
aurions traités de personnages infantes Quand, il
y a un instant, vous tournant du cöté des rédacteurs
de la Just ice Sociale, vous les appeliez ces gens de
la Justice Sociale, avec une intonation de dé
dain que je ne saurais rendre, vous vouliez
dire vraiseinblablement ces jeunes gens de la
Justice Sociale Vous les preniez ainsi persönnel-
lement a partie la Justice Sociale n'a rien fait de
semblable.
Quand vous parliez de tour de fripon, insi-
nuant, sur la foi de je ne sais quel certificat
intéressé, que M. Daens ou ses amis auraient
fabriqué eux mèmes certaine affiche électorale dont
il a été fait grand tapage au mois d'octobre 1894,
vous ne traitiez pas seulement le placard de men-
songer, vous traitiez M. Daens lui-même de faus-
saire. Que sont de pareilles violences k cöté des
expressions relévées a charge de la Just ice Sociale
Celle-ci a dit de l'acte posé par la Commission
des Hospices qu'ilconstituait une infamie, et même
l'infamie essentielle, e'est-a dire un acte essentielle
ment vil et bas. Ainsi qualifié, nous pensons
aujourd'hui encore qu'il a été bien qualifié Le
mot est fait pour la chose, mais non pour la pcr-
sonne.
Le langage dit parlementaire nous a familiarisés
avec ce distinguo, a première vue subtil. C'est
monnaie courante a la Chambre que d'entendre
dire C'est un acte jésuitique, judaïque, c'est une
escobarderie, alors qu'on n'oserait appliquer a
l'auteur de l'acte les épilhètes de jésuile, juif
ou escobard Ou bien on atténue lachoseenrepré
sentant l'acte, parfaitement malhonnête en soi,
sous couleur politique, ce qui le met a l'abri du
maillet présidentiel. Un vol, une spoliation devient
une eso oquerie politique. Vous tiouverez a notre
dossier quelques spécimens de ces journaux le
Stad Ninovele Denderbode, ou vous lirez
entr'autres M. de Backer, ce coquin politique
Le mot politique sauve tout! Nous aurions im-
primé Une infamie politique au lieu de L'in
famie essentiellequ'aucun des demandeurs
riaurait songé a se facher.
Je tiens en main le compte-rendu de l'audience
du tribunal de Termonde de jeudi dernier ou
M. Léon Béthune, exposant le procés que les
demandeurs font a MM. Emile Meert et consorts,
rappelle que ses clients ont été accusés de se mo-
quer sous cape des ouvriers et de se préparer, une
fois élus, a ne pas remplir les promesses qu'ils
leur aurait faites. Et en quels termes M. Béthune
qualifie-t-il ces accusations Ce sont des infa
mies! Ainsi, dire d'un compétiteur politique
qu'il ne tiendra pas ses promesses électorales,
c'est devenu une infamie
Vous voyez bien que le mot a perdu de son
tranchant, comme une arme dont on a abusé, et
que l'infamie est entrée dans le dictionnaire de la
presse politique et judiciairc pour caractériser des
besognes et vdes procédés assez habituels en
période électorale.
N'a-t-elle pas aussi fait impunément son entrée
a la Chambre, ou un député socialiste qualifiait
naguère la loi électorale de Loi des quatre
infamies Ie ne sache pas que M. Anseele ait
même encouru un simple rappel A l'ordre ni que
l'honneur du Cabinet ait souffert de ces gros
mots, d'autant plus sürs de ne blesser personne
qu'ils dépassent plus sensiblement le but.
Mais voici mieux. L'Avenir des Flandres avait
publié en 1875 un article intitulé: InFAMIiS
CLÉRICALES ou programme canaille. Par an ét
du 7 novembre 1878 (Belg.Jud 1878. p. I5ü<<)
la Cour d appel de Gand, en déboutant le deman-
deur origiuaire de son action sur ce point, a for-
inu certaines régies qui trouvent admirablement
leur application a notre cause. J'en extrais quel
ques c «nsidérants.
Attend» que pour apprécier sainement ces divers éents,
au point de vue du dominage qu'ils peuvmt causer, il faut
les consiijèrer dans leur but et riur ensemble, et non point
en estrairc des mots, ou méme des phrases isolées qui.
détachees du tout, pourraient constituer des expressions
injurieuses et répróhuusibles
Attendu que les articles prémentionrés du i5 juillet et du
■ti aoilt se rapportent directement aux discours prononcés
el aux actes posés par l'iutimé dans l'exercice de sou man-
dat de conseiller communal
Attendu qu'en c> s matiéres, la polémique soutenue par
les org.ioes des divers partis en presence ritst que le (ruit
legitime du principe dc libre discussion sur lequel repose
tout le droit public en Belgique
Attendu que le ton mesnre ou violent de cette polémique,
sou allure grave ou satirique, ses procédés de discussion
consciencieux et justes, ou passionnés et malveilla^ts, ne
sont, en régie générale, justiciables que dc l'opinion pu
blique, seule investie de la mission d'attribuer aux publi-
cistes qui traitent des nombreuses manifestations de
1 activité nationale de méme qu'aux hommes publics dont
ils dissutent les actes publics, le crédit ou laméfiance,
l'éloge ou leblüme, l'estimeou le mépris qu'ils méritent
Attendu que cc droit de discussion et d'apprcciation
n'est qu'une conséquence logique et nécessaire de la res-
ponsabilitéspécialequi pése sur les hommes publics a raison
de leur mandat, et qui, dans les gouvernements représen-
tatits, constilue la principale garantie de la légalité et du
fonetionneraent régulier des institutions pubhques; d'oü
suit que les diverses appréciations des hommes et des actes
publics, quelles qu'clles soient, alors que, comme dans
i'espèce, tdes n'attaquent ni l'hooorabilité privée. ni la
considération personnelle, nesauraient tomber au rang des
injures, desdiffamations, des cal unnies proprement diies,
et devenir ainsi l'objet d'une répression pénale ou pécu-
Attendu que c'est 4 tort que l'intimén'a pas suffisamment
tenu compte de ces considerations, lorsqu'il a relevé dans
les deux articles dont s'agit, comme injurieuses et calom-
nieuses, plusieurs expressions qui, ne revèlant point ce
caractère, échappent a toute poursuiteen justice.
On doit en dire autant des expressions dont la
Justice Sociale a émaillé son article ni calom-
nieuses ni injurieuses, en ce sens qu'aucune n'est
dirigée contre les demandeurs en tant que per-
sonnes privées aucune ne les touche dans leur
honneur d'hommes, en tant que particuliers
aucune ne les blesse même en tant que citoyens,
sauf ce qui est nécessairement dépendant du
fait dont ils sont responsables Rien a coté rien au
dela. Rien qui sortedes limites imposées a l'écri-
vain par son sujetrien qui excède le droit du
moraliste et du chrétien de s'enflammer d'une
sainte colère, a la vue de certains attentats qui
dénotent un pitoyable état dame. Action crimi-
nelle, ante misérable, intention perverse, pensée
de derrière la tête, but satanique, autant de syno
nymes et d'équivalents pour dépeindre l'indigence
et la sécheiesse d'un cceur qui ne recule pas devant
une action sacrilège pour sévir contre un ennemi
politique.
Un autre, plus modéré, question de tempé
rament aurait écritmanque de générosité
et de noblesse, péché contre la charité et le respect
des choses saintes. Au fond, le style a part, c'est
toujoursla même chose ceque M. Renkin appe
lait la chasse au prêtre.
Vous ne direz plus la messe.
Vous ne la dites déja plus en public.
Patience! vous ne la direz bientöt plus du
tout
C'est la transformation du sanctuaire en club
politique.
Non pas que les demandeurs aient tenu des
meetings dans la chapelle des Hospices mais ils
l'ouvrent ou'la ferment a volonté, suivant les cal-
culs de leur égoïsme ou les inspirations de leur
ressentiment
.4 ttitude efjrayante de bétisme et de cynisme.
Bêlisme. Acte d'un homme inintelligent Fran-
chement, ne trouvez-vous pas, puisque cela a
abouti a ce procés? (Rires).
Cynisme. Qu'est-ce qu'une chose cynique
Demandons-le a M. Woeste, et ouvrons le pre
mier volume de ses Etudvs politiques, d'ailleurs si
instructives et oü se reflète toute sa vie publique,
si remarquablement une. Ouvrons-le a la première
page. Après avoir retrace les évènements qui
amenèrent la révocation du ministère d'Anethan,
en 1871, l'historien conclut Dans aucun
autre pays, le parti liberal n'est descendu aussi
bas; nullepart, il n'a briséaussi CYNIQUEMENT
avec les exigences les plus vulgaires de la pudeur
p publique
C'est le langage indigné d'un honnête homme,
qui rougit des attentats et des menées qui l'ont
renversé du pouvoir; mais si pénible et si immé-
rité que soit un tel affront, qu'est-ce qu'un-ministre
du Roi qu'on révoque a cöté d'un ministre du Sei
gneur qu'on précipite de l'autel? i Sensation
Ouvrons YHistoire du CulturKampf en Suisse
L'auteur reproduit la loi du 15 novembre 1875
qui livrait a '.'arbitraire des autorités civiles
l'exercice du culte catholique et laflétrit en deux
lignes
11 convenait de citer le texte même de cette
loi pour montrer dans tout son cynisme l'esprit
p d'intolérance du libéralisme bernois
L'ouvrage respire a chaque page le même sen
timent de révolte et de dégout
- Aujourd'hui l'esprit de persécutiou existe tou-
jours mais il recule devant l'emploi de moyens
aussi violents il vexe les catholiques autant
qu'il peut parfois il va jusqu'a proscrire leurs
prêtres et a fermer leurs églises...
- Ainsi on ne se contentait pas de chasser les
prêtres légitimes de leurs églises. de leurs presby-
tères, on leur défendait d'exercer leurs fonctions
selon les désirs des croyants catholiques, futce
dans une maison particulière ou dans quelque
autre lieu retire
Ces premiers excès faisaient craindre qu'une
sorte de terrorisme radical ne s'exer^ut dans tout
le canton de Soleure. Heureusement, onn'y poussa
pas les choses aTextrême.
II en fut autrement dans le canton de Berne
Le conseil exécutif rendit une ordonnance inter -
disant aux curés suspendus par le conseil a toute
espèce de fonctions ecclésiastiques dans les bati-
ments destinés au service divin public (églises,
chapelles, etc.)
II n'est pas un cceur honnête qui ne se sou -
léve d'indignation au spectacle de cette propa-
gande immorale, destinée <i arracher des prétres
a leur devoir... etc., etc.
Nobles colères qui eüt dit que ces paroles
vengeresses, proférées contre' des oppresseurs de
conscience,se retourneraient un jour M. Woeste,
contre vos amis égarés par leur animosité politi
que au même degré que ces impies par leur haine
sectaire
La Justice Sociale n'a pas dit autre chose, et
quand elle a ajouté Vendeurs du Temple, elle
n'a fait qu'emprunter a la Bible une figure de cir-
coiistance
lis vinrent eusuite a Jéiusalem. Or étant entré
dans le temple, il commen^a a chasser ceux
i),qui vendaient et achetaient dans le Temple; il
ij. renversa même les tables des changeurs et les
sieges de ceux qui vendaient des colombes
Qu'est ce a dire des changeurs ?des vendeurs
de colombes Les administrateurs des Hospices
accusés de simonie Horreur. Et leur conseil de
léclamer justice et réparation d'un tel blasphème
Toujours la même tactique. A défaut de l'inter
prélation de M. Woeste recourons ici, puisqu'il
s'agit d'un texte sacré, a celle d un théologien plus
autorisé.
Voici le coinmentaire que M. l'abbé Daens a
donné lui-même de ce passage a la séance de la
Chambre du 31 janvier 189G
Dans le parti catholique, il y a des individus
qui l'exploitent au profit de leurs rancunes, de
leurs convoitises et de leur ambition. II y a tou-
jours eu et il y aura toujours des mar chands
darts le Temple.
A la bonne heurc voila une glose raison-
nable et qui enlève, j'imagine, a la citation tout
caractère diffamatoire. Veuillez remarquer, mes
sieurs, que nous aurions pu aller plus loin et
imputer par exemple a des membres d'une admi-
nistration charitable de prêter des capitaux sans
la publicité prescrite par les lois et sous des
préoccupations étrangères a la bienfaisance,
comme ausri d'être des tripoteurs sans nous
exposer a des domraages intéréts si l'imputation
s'est produite en temps de lutte électorale et que
d'ailleurs la probité et la délicatesse des dits
administrateurs n'ont point été révoqués er>
doute. Ainsi l'ajugé le tribunal d'Ypres, le
29 janvier 1873. en cause de la Commission des
Hospices civils de cette ville contre le Journal
d Ypres et le Nieuwsblad (Belg. Jud. 1873, 879
La probilé et la délicatesse de MM. Béthune et
consorts ont elles été révoquées en doute par la
Justice Sociale f Les incidents qui ont donné
lieu a l'article attaqué ne se rattachent ils pas aussi
a une lutte électorale, une des plus acharnées et
des plus regrettables dont le parti conservateur
gardera le souvenir
Le tribunal de Verviers a jugé dans le même
sens, le 21 janvier 1880 (Pas. 1881, III, 84), dans
une cause oü le Nouvelliste de Verviers était
assigné par le conseil communal pour lui avoir
imputé d'avoir cédé en t-xpulsant des religieux, a
une pensée de spéculation. Tout en blamant
comme inconvenantes les insinuations du journal,
le tribunal ne les croit pas de nature a motiver
une condamnation. et cependant quelle di-tance
entre les deux imputations celle de la Justice
Sociale et celle du Nouvelliste
Attundu qup, rerrenant et accentuant cette appréciation,
le Nouvelliste de Verviers publia, dans son nü du 24 septembre
>-79> un article ainsi con^j On bail mainteiian: pourquoi
notre conseil communal s'est refusé k appuyer I. petition
de nr>s comme^aiiis qui demandaient le maintien des pères
allemands k Sommeleville c'est qu'il avait jeté son dévolu
sur leur établissement et qu'il avait le plus grand intérêt k
voir déguerpir ces religieux pour se mettre dans leurs meu-
bles. On eüt pu informer dés le premier jour ces inalheu-
reux proscrits de ne pas faire de frais d'installation paree
qu'ils ne seraient pas tolérés en Belgique; on a fait mieux
on leur a laissé dépenser a5.000 francs d'appropriation sans
les inquiéter Ic moins du monde, et quand le tout a été bien
arrange, on les a mis 4 la porte en leur donnant 12.000 fr.,
soit moins de 5j dïndemniié. Dans certain mond- com
mercial cel4 sappel e faire une bonne affaire; pour nous,
nous somm'-s hmiteux de voir nos édiles spéculer de la
sorte sur la misère et la détress de pauvres ex 1 lés
Attendu que eet article constitue une critique violente,
passionnée des actes du gouvernement, du Collége éche-
vinal de Verviers et de sou Conseil communal; que le jour
naliste attaque notamment le vote du 7 juillet 1879 et incri-
mine inéchamment les intentions de la majorité, c'est-4-
dire des demandeurs
Attendu au fond que les insinuations relevées dans l'ar
ticle du Nouvelliste du 24 septembre 1S79, quelque incon
venantes qu'elles soient, ne tonchent pas a la vie privée des
demandeurs et ne sauraient, aux yeux du public, avoir jeté
aucun discredit sur leur honorabilitc; qu'ils n'ont pas été
nominativement désignés que nul ne pourrait, sans se
livrer k des recherches, savoir exactement, après plus de
leux mois. comment se composait la majorité au 7 juillet
1S79 et que bien probablcmcnt l'auteur même de l'article
ne s en est pas enquis que eet article reste done un arti
cle de pure polémique auquel personne n'a-pu se mé-
prendre
Attendu, d'autre part, que les demandeurs en se posant
comme hommes politiques, en acceptant de faire partie
d'un corps délibérant, se sont exposés k la critique la plus
large de leurs actes publics, et qu'il faut tenir compte au
défendeur de l'émotion provoquée 4 Verviers par l'arrivée
et ledépart des pères allemands, ainsi que de la vivacité de
la lutte suscitee au méme moment, par la révision de la loi
du 23 septembre 1842;
Par ces motifs
Ouï M. Pholien, substitut du procureur du roi, en son
avis conforme, rccevant les demandeurs dans leur action,
les déclare mal fondés...
Tout cêla n'était-il pourtant pas infiniment plus
grave t
Avons-nous élé aussi loin que le Nouvelliste
Avons-nous dit, nous, que les demandeurs
auraient éloigné M. Daens dans un but de spécu
lation pécuniaire Jamais nous n'avons même
laissé entendre que eet éloignement eüt un autre
but que de servir leurs visées politiques. Mais c'est
assez pour nous autoriser k les appeler vendeurs du
Temple.
Vendeurs du Temple, tous ceux qui mettent
l'intérêt de parti au-dessus de leurs obligations de
conscience
Vendeurs du Temple, les membres des bureaux
de bienfaisance qui subordonnent la distribution
de leurs secours k la fréquentation des écoles publi-
ques I
M" Woeste. J'ai présenté une loi pour faire
qesser eet abus.
M« Braun. Elle vous fait honneur.
Vendeurs du Temple, ceux qui expulsent les
coeurs de charité des höpitaux
Vendeurs du Temple, ceux qui, allant plus loin
dans la voie oü vous leur montrez aujourd'hui
imprudemment l'exemple, laïciseraient les höpi
taux sous prétexte de réorganiser les services
administratifs et de disposer des batiments dont la
loi leur réserve la gestion exclusive. Ah craignez
qu'un jour, reprenant votre langage, ils vous
repondent. quand vous leur reprochcrez de porter
la main sur le prêtre Cela, un piêtre il ne fait
pas partie du clergé paroissial, il n'a pas de juri
diction, il ne baptise pas, il ne visite pas les mala-
des a dumici'e il ne donne pas le catéchisme de
p- rsévéiabCe. Ce n'est pas un prêtre I
Amsi. paree qu'on 11'cXt rc- pas le ministère
paioissial, 011 s.-iait .léchu de la Oignué que C'>n-
lère le Sdcremtnt dc l'Ordre Tant d'ecclésiasti-
ques qui se consacrent au professorat seraient
done moins respectables, moins inviolables que
ceux qui se vouent sans partage a leurs fonctions
sacerjotalesTant d'autres qui sur tous les points
du globe, se livrent de préférence a l'étude des
probtèmcs sociaux, qui prennent en main la cause
des humbles et des travailleurs, qui luttent pour
dispucer au socialisme des milhers a'ames en
danger de perdre la foi, serviraient moins bien
la religion du Christ dans Taction évangélique
que dans les oeuvres pies, dans les cercles ouvriers
que dans les catéchismes de persévérance Quelle
singulièrc el funeste doctrine I
Mais a vancons Le temps presse et il reste A nous
faire pardonncrd'autresexpressionsirrespectueuses,
telles que Politiques dévoyés et Forqats marqués
au fer rouge.
Politiques dévoyés. Mais c'est encore un mot de
votre vocabulaire.
M. Woeste. Je n'ai pas visé ce mot dans
Tassignation.
M. Braun. Et pour cause tout le monde se
souvient trop bien que vous avez traité vous-méme
l'abbé Daens de prêtre dévoyé.
M. Woeste a-t-il pesé lout ce qu'un tel mot ren-
ferme de mépris l Prêtre dévoyé, le père Hyacin-
the, le chanoine Doellinger, Lamennais, les prê
tres assermentés de la Revolution, les curés intrus
de Suisse, voila des prêtres dévoyés, c'est-a-dire
schismaliques el apostats.
Oh Je comprends que votre assignation nous en
fasse grace! Vous auriezété vraiment en trop mau-
vaise posture pour nous reprocher une qualifica
tion si anodine sous notre plume et si outrageante
dans voire bouche
M. Woeste est allé plus loin; il est descendu
plus bas.
M. Daens est dans un bourbier-, il ne s'entirera
pas.
M Daens a martyrise la vérité.
J avais le droit et le devoir de vous clouer au
pilori et je le fuis.
Eh quoi C'est l'auteur de ces vitupérations qui
dénonce au Tribunal comme le comble de l'invec-
tive et de Taudace, comme la péroraison naturelle
de notre article, la phrase oü la Justice Sociale
compare les demandeurs a des formats marqués au
fer rouge
Mais entre le poteau d'inlamie auquel il attache
un piétre Ecce homo k la fare du pays, et
la colonne oü nous avons sligmatué les adminis
trateurs des Hospices civils d'Alost, y a-t-il une
différence Oui, la difference est sensible, mais a
notre déchaigeet a notre avantage.
Ccssez do ic, mon honoré contradicteur, de
requéiir les sévériiés de la loi contre ceux que vous
représentez comme des folhculaires et des ambi-
tieux Nous vivons, Dicu merci, dans un pays oü
la presse n'est pas musclée El quant k leurs mobi-
Its, nul ne conusteia qu'ils sont au moins aussi
purs que Ciux qui ont inspiré vos docours. Car
tout is; la. L s iiéf.ndi urs ont-ils agi dans une
pci sée Ui désiuierissemeiit et de sincérilé ou
dans un t ut dc lucre et de mechai.ceié
Le Tribunal leis connait.
Mon honorable coniréie n'a pu dissimulcr la
surpiise quil a ép ouvee de voir appaiaï.re. der-
rièie L- signataire anoiiyme de Tarlicle, au lieu de
l'hommc de paille iruditionnel, au lieu de l'auteur
plus ou moms authentique, une douzau.e d'écri-
vains, Télile du Jeune Barreau, venant, avec l'ingé-
nuné propte a leur age. confesser un mélait.
Héias leur age est sans piué.
M« Woeste n'a pas mai qué une occasion de leur
fairesentir la distance qui séparait Ie sicn du leur;
comme s'il rcssenlail quelque chagrin de n'étre
plus ji-une et qui san ue ne Tavoir jamais été.
(Rires.)
Pour un auteur qu'il cherchait, en voili done
douze qu'il se met sur les bras. Cette paternité a
douze dérange un peu les idéés revues. (Rires).
Dans le nombre, il y en a qui n'ont connu
l'article qu'apiès sa publication C'est M* Woeste
qui nous I'affirme il en a recueilli Taveu de la
bouche même d'un de ces auteurs putatifs, et pour
peu qu'on le presse, il révèlera le secret de cette
seconde interview celle du fils après celle du
père.
Comprend-t-on que ces jeunes gens se com
ponent c e la sorte f L'occasion était unique pour
désavouer l'article et on en réclame la r. sponsabi-
lué C'est le moment de se cacher et Ton se mon-
tre Vit-on jamais pareil renversement des röles
En vérité, ces démocrates chréliens sont bien du
bois des révolutionnaires et des anarci istes.
Je suis fier, pour ma part, de leur témoigner
trés haut ma sympathie et mon admiration.
En dehors de ceux qui comparaissent k cette
barre, qui ont signé l'acte d'iniervention, il en est
d'auircs, lies par leur position officielle, qui ne
demanderaient pas mieux que de mettre leur nom
sous le méme manifeste et que vnus seriez peut
ètre bien étonné de connaitre. (Sensation.)
11 y a cinq ou six ans qu'ils fondérent Lur pre
mier journal, YAvenir Social, auquel succéda, en
1895, La Justice Sociale, oeuvre de prop.igande
et de dévouement. Leur devise est Cherchez
d'abord le royaume de Dieu, et le reste vous sera
donné par surcroit.
Le surcroit qu'ils attendent et que vous avez
taillé ne consiste ni dans les petits profits ni dans
les petits gains de la politique.
Leur ambition se borne k faire prévaloir leurs
idéés. Pas d'envie, pas de haine, pas de calcul.
Servir Dieu et le prochain.
En attendant que lage les ait müris et calmés,
pardonnez a leur enthousiasme juvénile qui cadre
mal avec votre sagesse sexagénaire.
Auriez-vous voulu qu'ils restassent indifferents
et muets en tace du scaudale et du péril
Ecoutez leur voix qui monte dans le silence des
compromissions
Au milieu du silence pénible de la presse
- catholique, nous croyonsde notre devoird'élever
la voix et de protester contre Tinlamie perpétrée
par le Conseil des Hospices d'Alost. Se taire, en
pareille circonstance, équivaudrait a se rendre
complice du crime.
Tel est le sentiment de ces nobles coeurs. Auriez-
vous préféré qu'ils se tussent et qu'ils eni'ourageas-
sent de leur approbation tacite ces pratiques
paiennes qui nous feraient déchoir de notre rang
de chrétiens et de catholiques
MéJitez ces lignes de i'Evangéliste, au même
chapitre que j ai déja cité
Et quelques-uns des Pharisiens qui étaient